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Jean-Luc Mélenchon et les Communistes

par Le Patriote, l’hebdomadaire communiste de l’Ariège

Publie le vendredi 16 septembre 2016 par Le Patriote, l’hebdomadaire communiste de l’Ariège - Open-Publishing
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Signez cette pétition : Communistes, nous soutenons Jean-Luc Mélenchon pour 2017 ici : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article151154


La Fête de l’Humanité nous a donné l’occasion de mener
à bien un projet que nous portions depuis plusieurs mois :
donner la parole à Jean-Luc Mélenchon dans un organe de
presse communiste. Le but affiché était qu’il puisse s’adresser
aux électeurs communistes et du Front de gauche qui, en
grand nombre, ont été froissés par la méthode choisie pour
démarrer sa campagne. L’attente était grande. Cet entretien,
réalisé conjointement avec l’Echo du centre, quotidien communiste
du Limousin, s’est déroulé dans un espace à part
de la Fête, le samedi à midi. Il a d’ores et déjà eu des répercussions
bien au-delà de nos frontières politiques et départementales.

La rédaction

Le Patriote : La manière dont tu as démarré la campagne a
heurté un certain nombre de communistes, car ce n’est pas
dans notre culture de nous y prendre de cette manière-là.
Est-ce que tu peux revenir sur cette
première période ?

Jean-Luc Mélenchon : Oui, volontiers.
D’abord je souhaiterais que l’on dépersonnalise
la discussion. Parce-que je trouve que
depuis sept mois, on a excessivement personnalisé
la critique de ma campagne, en la
concentrant sur moi comme individu. C’est
très mauvais, ça crée une ambiance trop tendue
et au fond qui n’a pas de solution, car
comme individu je ne changerai pas.

Le fond de l’affaire est politique depuis le début
 : Nous avons eu un entretien, Pierre Laurent
et moi, au mois de décembre de l’année
2015, et je lui ai dit : « Pierre, je pense que
nous avons le besoin d’une campagne de
longue durée pour ancrer, car la situation va
être très volatile ». Je le pressentais. Je savais
qu’il y aurait une extraordinaire agitation, à
la limite de la dislocation au sein du Parti
socialiste. Nous savions tous qu’il y aurait
une primaire à droite. Donc on pouvait assez facilement comprendre que la
scène politique serait tellement agitée qu’elle pourrait être très rapidement
illisible. Pas illisible par nous, militants, nous y voyons toujours clair. Mais
illisible pour la masse des Français, c’est à eux qu’il faut penser, qui sont
déjà dans un état de désorientation extrême. C’est-à-dire que des gens de
gauche ne reconnaissent plus la gauche dans l’étiquette du gouvernement,
ça ne veut plus rien dire pour eux. Si François Hollande c’est la gauche,
si la loi El Khomri c’est la gauche, bon alors, qu’est-ce que la droite ? Et
des gens de droite qui disent : « Mais nous, ce n’est pas ça notre vision
de la Patrie, de la République de se brouiller en permanence avec l’autre
partie de la population, celle qui est musulmane, ou que sais-je encore, les
pauvres qui sont des profiteurs, d’après les gens de droite ». Beaucoup de
gens de droite ne se reconnaissent pas là-dedans.

Donc il y a en profondeur une désorientation du peuple français. C’est la
raison pour laquelle il faut être clair dès le début, en disant d’abord « on va
parler à tout le monde et pas seulement à ceux de gauche ». Bref, je vais
être aussi synthétique que possible, Pierre m’a dit : « ça ne peut pas fonctionner
s’il n’y a pas un rassemblement de la gauche ». Je ne crois pas du
tout à cette thèse. Je le lui ai dit. Je ne crois pas que ce soit en rassemblant
des étiquettes, des partis et des états-majors, qu’on va créer un enthousiasme
populaire suffisant pour passer la barre. Je crois même le contraire.
Si on donne l’impression qu’on est retournés dans les magouilles et les
ententes en demi-teinte, on va encore aggraver la désorientation. Donc
nous avons besoin de partir de loin. Nous nous sommes quittés sur un
constat de désaccord de stratégie politique. Pierre a établi son calendrier
pour le mouvement communiste, et j’ai établi le mien pour ce que j’allais
entreprendre.

Et c’est comme ça que j’ai décidé de
démarrer le 11 février. Pourquoi cette
date-là, je peux le dire maintenant,
parce que nous étions dans un moment
où apparaissait en même temps la candidature
de Marine le Pen et où Sarkozy,
s’exprimant quelques jours auparavant,
avait clairement fait comprendre
qu’il était candidat. Donc la scène était
entièrement occupée par la droite. Et
nous, notre famille politique, on serait
là en train, de se disputer les uns avec
les autres, parce que une primaire c’est
fondamentalement un exercice mortel
de surenchères les uns sur les autres.
J’ajoute donc à cette occasion, que le
système des primaires n’est qu’apparemment
démocratique. Il ne l’est pas
en réalité. C’est un tamis social. Seuls
les centre-ville urbains et aisés participent
dans la plus grande partie des
cas à des élections primaires. Et une
infime partie de l’électorat. Par exemple
les primaires américaines… Tout le monde a dit « ah, c’est formidable,
c’est une culture… ». 9% des électeurs ont voté dans toutes les primaires,
c’est-à-dire démocrates et républicaines. C’est rien du tout. Et chez nous où
il n’y a pas cette tradition, c’est encore moins. Par conséquent, je ne prends
que cet aspect des primaires, je ne crois pas à cette méthode. Et d’ailleurs,
ceux qui ont lancé l’idée d’une primaire de toute la gauche, Cohn-Bendit et
le journal Libération, ne sont pas des références pour nous, en tout cas.
Et d’entrée de jeu, Cohn-Bendit a dit : « Une primaire, c’est parfait parce
que c’est le seul mode de désignation où Mélenchon et Pierre Laurent
n’ont aucune chance ». Comme ça c’est clair. Et à peine n’avait-on même
pas commencé, que déjà Julien Bayou disait « Ah oui, mais attention, si le
candidat qui l’emporte est contre l’Europe, alors ça posera un problème »,
parce que pour lui être critique à l’égard de l’Union européenne, c’est être
contre l’Europe. Ce n’est pas sérieux.

Donc j’ai démarré le 11 février. Mais je demande aux communistes de
faire appel à leur mémoire : c’est exactement la même méthode qu’en
2011, exactement la même, avec un mois de retard. Le 21 janvier 2011,
j’ai proposé ma candidature. Tout seul. En tout cas en apparence. Comme
cette fois-ci, je la propose tout seul et hors-cadre de partis. Pas « contre »
les partis, « hors-cadre » de partis. Moi-même je suis membre d’un parti
politique. Je l’ai été toute ma vie. J’ai été membre du Parti socialiste puis
membre du Parti de gauche. Je n’ai pas cessé d’être membre de mon
parti, je cotise. Donc je ne suis pas contre les partis, je n’ai pas cette
sottise… Je suis « hors-cadre ». Pourquoi hors-cadre ? Parce qu’il faut que
tout le monde puisse investir la campagne. Je ne peux pas me présenter
en disant que je suis l’homme de quatre, cinq, six, sept partis. Non. Voilà
pourquoi, à la fois je propose ma candidature, et je crée le mouvement
d’appui à ma candidature, la France insoumise. Vient qui veut : membres
de partis, pas membres de partis, des gens qui ont voté autrement, des
gens qui n’ont pas voté dans les précédentes élections…

Il faut faire cette ouverture grand-angle. Et nous, qui sommes des militants,
engagés politiquement toute notre vie, nous devons apprendre à
traiter avec l’informel, avec l’état du pays tel qu’il est. Ce n’est pas à
nous de n’accepter que le peuple qui nous convient, celui qui a l’habitude
de se référer aux partis politiques. Non, il y a plein de gens qui ne sont
adhérents à rien. Et alors on leur dit « non, vous ne comptez pas ». Bien
sûr que non. Donc c’est exactement le même calendrier, sauf que j’ai un
mois de retard. J’ai proposé ma candidature le 21 janvier 2011, tout seul,
je ne l’ai pas fait au nom du Parti de gauche, je ne l’ai pas fait au nom du
Parti communiste. Le Parti communiste a engagé une procédure interne,
mais bien plus tôt que cette fois-ci. Et les communistes ont tranché et ils
ont voté à la date du 18 juin. Le 18 juin de l’année 2011, les communistes
avaient pris leur décision, et le 18 juin, le soir, j’étais sur TF1 pour
annoncer que dorénavant j’étais candidat investi par, à l’époque, le Parti
de gauche, le Parti communiste et la Gauche unitaire. C’est ça le cadre
de l’union.

Ce n’est pas la même chose aujourd’hui : nous savons que les cartels de
partis sont condamnés. Parce que nous avons fait fonctionner le Front de
gauche comme un cartel de partis. C’est l’expérience concrète qui nous
montre que ce n’est pas la bonne méthode. Ça ne veut pas dire qu’on renie
ce qui a été fait par le Front de gauche. Mais nous devons porter plus
loin l’expérience acquise. L’expérience acquise, c’est que non seulement il
faut intégrer tous ceux qui ne veulent pas prendre la carte d’un parti mais
qui veulent participer aux campagne, mais aussi tous ceux qui n’avaient
jamais pensé faire de la politique. Voici le cran supérieur. Ensuite, les
communistes ont leur calendrier. Je m’incline. Je l’accepte. M’avez-vous
entendu une seule fois dire « ce n’est pas bien, je ne suis pas d’accord ».
J’ai pu exprimer des regrets, dire « moi j’aimerais avoir l’aide des communistes
aujourd’hui, des militants communistes », mais je vais vous dire les
choses comme elles sont : il y a déjà des milliers de communistes engagés
dans la France insoumise, qui créent des groupes d’appui, qui collent des
affiches et qui discutent surtout, qui discutent avec
leurs voisins, leurs collègues de travail, parce que
c’est comme ça qu’on va gagner. Et je le dis parce
que je viens de dire « coller les affiches », mais ce
n’est pas le plus important. Le plus important, c’est
le contact personnel. Chaque personne doit se faire
une liste de dix autres personnes à convaincre et à
accompagner jusqu’au jour du vote.

Donc nous sommes dans le même calendrier, avec
la même forme, avec les mêmes mots, croyez-moi,
je les ai pesés et c’était les mêmes que la fois précédente
 : « Je propose ma candidature ». Et puis au
moment où on est arrivés à plus de cent mille appuis,
il ne faut pas non plus prendre les gens pour des
imbéciles, ils ont bien compris que j’étais candidat.

Et bien, je l’ai dit. Quand ? Le 5 juin. Où ? Place Stalingrad où avait
commencé la campagne la fois d’avant. On a appelé le rassemblement
après la fin du congrès communiste. Le congrès communiste s’achève
vers 13h, 13h30, le rassemblement commence à 15h. Il n’y a jamais eu
de chevauchement. Je n’ai pas compris pourquoi on me faisait ce mauvais
procès. J’observe d’ailleurs qu’on ne fait pas le même aux frondeurs qui
se réunissent à la Rochelle pendant que nous sommes tous ici à la Fête
de l’Huma qui est l’endroit où toute la gauche a l’habitude de se retrouver.
Donc, pourquoi l’ai-je mis à cette date-là ? Parce qu’il y avait le congrès
communistes et que je pouvais penser que dans le congrès communiste,
comme la fois d’avant, une décision serait prise qui permettrait de converger.
Elle ne l’a pas été.

Mais qui peut penser que je vais mener un calendrier de campagne en
expliquant aux gens « écoutez, rien n’est sûr, attendez que, je ne sais
pas quand, le 5 novembre, les communistes commencent leur procédure
interne… ». Car que je connais les statuts du Parti communiste. Le 5
novembre, ce n’est pas la prise de décision. Le 5 novembre, ça va être
la décision qui va déclencher la procédure interne. Nous allons donc
attendre le mois de décembre pour entrer en campagne, au milieu de la
confusion des primaires socialistes ? Il n’en est pas question !

Par conséquent mon calendrier suit son cours. Et en cours de route bienvenu
à tout le monde. Regardez la démarche du programme. Le programme,
je ne pars pas de rien. Je suis stupéfait de voir que l’on puisse
agir comme s’il n’y avait pas eu de programme la dernière fois. Il y a
un programme : l’Humain d’abord. Il a recueilli quatre millions de voix.
Il faut l’actualiser depuis 2012. C’est un mot qui dans le passé nous a
amenés à quelques déboires. Qui va actualiser ? Et bien d’abord nos
électeurs puisque ce sont eux qui l’ont voté la dernière fois, ceux qui
veulent s’engager dans la campagne, tous ceux qui veulent s’engager. Il y
a eu plus de trois milles contributions. Je ne dis pas que ce soit un chiffre
extraordinaire, mais trois milles contributions. On a fait deux synthèses en
cours de route, pour montrer aux gens où on en était, et rebondir. Nous
avons fait des auditions de spécialistes. Et là nous sommes entrés dans
un dialogue avec les groupements politiques qui décident de participer à
la France insoumise.

Le groupe des socialistes dissidents, de la Nouvelle gauche socialiste, a
déposé un document de 75 pages de propositions. Le Parti de gauche a
amené ses 1000 fiches. Des communistes qui participent à la campagne
amènent leurs contributions. On discute. Mais ce n’est pas une discussion
de parti à parti, d’organisation à organisation. On essaie de voir comment
tout ça, par rapport à la formule actualisée du programme l’Humain
d’abord, ça colle ou pas. On ne peut pas coller bout à bout ce que tout le
monde veut, ce n’est pas possible. Il faut qu’il y ait une cohérence. Moi je
suis très attaché à la cohérence économique, à la cohérence écologique
du programme et à la cohérence républicaine.

Donc tout ça compte beaucoup. Cette méthode va s’achever à l’occasion de
la convention du mois d’octobre, qui se tient les 15 et 16 octobre. Pourquoi
se tient-elle à ce moment-là ? Mais parce que j’ai des délais pour imprimer
le livre pour qu’il soit prêt pour les cadeaux de Noël. Nous à Noël, on va
offrir le programme de la campagne. Alors je vous dis un scoop, j’ai quand
même quelques petits privilèges comme candidat, au moins celui de choisir
quelques-uns des slogans… C’est moi qui ai choisi la France insoumise.
Je cherchais une expression qui soit dans l’esprit de celle de 2012. Vous
vous rappelez, on avait fait « la France, la belle, la rebelle », c’était pris
dans la chanson de Jean Ferrat. Et on cherchait un mot qui corresponde au
moment dans lequel on est. C’est l’insoumission qui brise l’ordre établi, le
consentement à l’ordre, la résignation. Et la dernière période a été remplie
d’insoumis, lanceurs d’alerte, ouvriers et ouvrières qui résistent dans leur
entreprise. Bref, j’ai choisi « la France insoumise » parce que je trouvais que
ça parlait à tout le monde à la fois : aux syndicalistes, mais aussi à l’homme
ou à la femme qui se lève chaque matin pour maintenir la cohésion de la
famille, pour aller au boulot ou pour amener les gosses à l’école alors qu’il
n’y a plus de boulot, parce qu’il faut tenir bon. Voilà, j’aimais ça.

Le programme, on ne va pas le rappeler l’Humain d’abord, quoique c’était
magnifique, mais, par respect pour ceux qui auraient voté l’Humain d’abord
ou les organisations qui auraient adopté l’Humain d’abord et qui ne se
retrouveraient pas dans ma campagne, je le comprends, je n’ai pas envie
d’avoir des polémiques avec les uns et les autres, on va donc changer le
titre. Je vais proposer que ça s’appelle « L’Avenir en commun ». « L’Avenir en
commun » parce que c’est quelque chose que je partage avec les communistes
et notamment les réflexions de leur dernier congrès. Nous autres,
le grand courant collectiviste et progressiste, nous devons de nouveau et
mieux motivé que jamais, faire partager l’idée que l’Humanité doit d’abord
se préoccuper de ce qu’elle a en commun, à commencer par l’écosystème,
le seul qui permette sa survie. Car l’écosystème est mis en danger par le
productivisme. Et le productivisme est, lui, animé par la politique de l’offre
du capitalisme financier. La planète va mourir, la civilisation humaine va
mourir sous les coups du capitalisme financier et du productivisme. C’est
pourquoi il s’agit d’appeler chaque personne à réfléchir, quoiqu’elle ait voté
dans le passé, l’appeler à réfléchir en tant qu’être humain. Réfléchissez :
notre avenir, nous l’avons en commun. Que vous soyez riche ou pauvre.

Et vous autres, les riches, vous feriez bien de vous poser des
questions. Vous ne le resterez pas longtemps, riches, à ce tariflà,
avec des événements climatiques extrêmes. Et à quoi bon
être riches, à quoi bon ? Pourquoi avoir pour rêve d’être milliardaire,
comme propose Macron ? En quoi est-ce un rêve honnête
 ? Vous savez bien que celui qui a un milliard, il n’a qu’un rêve :
en avoir un deuxième. A quoi ça sert ? Et celui qui est millionnaire
ne peut avoir qu’un rêve : avoir un deuxième million. Pour
quoi faire ? Pour quoi faire ? Quel est le sens de cette accumulation
 ? Est-ce que vous êtes plus heureux quand vous passez
d’un million à deux millions ? Est-ce que vous aimez d’avantage
 ? Est-ce que vous êtes aimé d’avantage ? Et puis pour quoi
faire ? Pour acheter quoi ? Pour vivre comment ? Je pense que
la richesse doit être interpelée aussi dans son immoralité fondamentale.
Eux, ils pensent que la cupidité est un aiguillon de
l’activité humaine. Reconnaissons que l’intérêt est un aiguillon,
mais pas la cupidité, pas l’accumulation. Nous devons interpeler
le sens moral de la richesse.

Voilà pourquoi je pense qu’il faut appeler notre programme
« l’Avenir en commun » : dans chaque personne, ne voyons
d’abord que l’être humain. Au fond, c’est aller au bout de la
logique de l’Humain d’abord. L’Humain d’abord dit « bon, on
commence par ça ». Justement commençons par ça. Nous avons
l’avenir en commun. Je vais essayer d’expliquer ça, je le fais à
la Fête de l’Huma. C’est à la Fête de l’Huma que je l’annonce.

Alors on me dit : « c’est toujours toi qui décides ». Il en faut bien un. Comment vous croyez que ça se passe d’habitude ? Il y a des gens qui
parlent. Et à la fin les autres qu’est-ce qu’ils prennent ? Un communiquant
pour décider. Pas moi. Je suis un militant politique, c’est moi qui fixe tous les
mots d’ordre. En 2012, on discute, et puis à la fin on tranche.

Je ne dis pas que c’est génial. Je ne vous dis pas que tout le monde est
d’accord et dit « ah c’est formidable », la France insoumise, il n’y a rien
au-dessus. On aurait pu appeler ça autrement. Mais maintenant c’est parti.
Il faut arrêter l’ergotage permanent, couper les cheveux en quatre tout
le temps. Les gens ont besoin de comprendre. Ils ne comprennent rien si
nous mêmes on est les premiers à dire « ah ce qu’on a trouvé ça ne vaut
rien. Finalement il y avait mieux que ça ». Alors on me propose des titres à
rallonge. Je vous donne cet exemple parce que je sais que je m’adresse à
des militants. L’enjeu du militantisme, c’est l’engagement des autres, leur
conscience, l’éducation collective. Si les partis ont une fonction, c’est bien
celle-là, d’être la mémoire des luttes, d’être les porteurs de l’expérience et
d’être des éclaireurs, pas une avant-garde. A mon avis. Il y a des camarades
qui sont avant-gardistes, je le comprends. Eclairer, ça veut dire : vous
mettez la lumière qui permet de se repérer à chacun individuellement. Pas
le guide suprême qui dit « allez on va tous par là ». Non regardez bien, les
gens, observez ce que nous vous disons, et ensuite tirez vos conclusions.
Mais écoutez ce qu’on vous dit. Ne vous laissez pas bourrer le crâne par la
télé et par les grands médias. Ecoutez. Vous choisirez à la fin. Mais entendez
ce que nous avons à dire.

Et vous voyez bien comment l’ennemi concentre ses coups : son premier
objectif c’est d’empêcher qu’on entende, c’est de vous mettre une mauvaise
étiquette. Ils décident qu’ils me mettent à l’extrême gauche, mais je ne
suis par d’extrême gauche. Ce n’est pas que je méprise l’extrême gauche.
C’est que je ne suis pas d’extrême gauche. Il y a une extrême gauche.
Ce n’est pas juste de faire croire que l’extrême gauche c’est moi. Non,
l’extrême gauche c’est Nathalie Arthaud, c’est Philippe Poutou, c’est aussi
le Parti communiste par certains aspects. Mais moi je ne suis pas membre
du NPA, de Lutte ouvrière, et mon programme ce n’est pas ça. Donc ce
n’est pas juste déjà de leur enlever le droit à l’existence, on les invisibilise
si on fait comme ça. Et puis après on m’invisibilise en me classant dans une
catégorie qui n’est pas la mienne, je nai rien à faire là-dedans.

Vendredi 9 septembre, je suis allé à un truc qui s’appelle Produire en
France. Vous savez ce que retient le Figaro ? Que, soi-disant, on aurait dit
qu’on était tous les meilleurs pour produire en France. Mais pas du tout,
c’était pas ça la compétition. Et que moi j’aurais proposé surtout des nationalisations.
Ils m’ont mal écouté. Ils m’ont très mal écouté. On va remettre
les choses au point. Moi j’ai dit aux patrons qui étaient là : je ne viens pas
pour vous dire ce qui va vous faire plaisir, je perdrais mon temps. Je viens
vous dire ce qu’il va falloir que vous fassiez pour vous rendre utiles à la
Patrie. Il n’y en a pas un qui a sifflé. Personne n’a dit « mais qu’est-ce que
c’est que cette manière de nous parler ? ». Je dis « pour tenir les comptes
de vos entreprises, vous êtes assez grands, sinon, ce n’est pas la peine de
faire patron. Mais moi je vais vous dire ce dont le pays a besoin. Est-ce que
vous êtes capables de prendre votre place là-dedans ? Nous avons besoin
de 400 000 personnes pour faire de l’agriculture paysanne relocalisée,
300 000 pour l’économie de la mer, 900 000 pour sortir du nucléaire. Alors
 ? Où je les trouve ? Ils n’y sont pas aujourd’hui, il faut les former. Et vous,
vous êtes prêts à être les entreprises qui vont suivre ? Moi je vous donne
de la visibilité, je vous donne de la stabilité et de la sécurité. Et vous vous
n’allez pas faire que pleurer, pleurnicher que vous avez trop de charges,
trop de ceci, trop de cela. C’est bon, quoi. En tout cas si vous voulez faire
ça, allez en voir un autre. Mais si vous voulez entendre ce qu’on vous dit,
vous verrez que votre avenir y a son intérêt, parce que nous allons faire
une société d’économie mixte, on ne va pas faire le socialisme en cinq
ans ». Qui est-ce qui propose de le faire en cinq ans ? Qu’il vienne, qu’on
m’explique quelle est la stratégie pour faire ça ! Moi j’en ai une : l’Assemblée
constituante, pour faire la transition.

Bon voilà, alors merci si ce message arrive aux communistes, je serais
enchanté, je sais qu’il n’est pas loin de leurs propres convictions, et pour le
reste, ils vont décider. Et leur décision s’imposera à qui ? Aux communistes,
pas à moi.

Le Patriote : A la manière dont, à Toulouse il y a quinze jours,
tu as dit que tu avais deux cents signatures de parrainage, et
qu’il t’en manquait qui auraient dû t’arriver de partenaires,
j’ai compris que le Parti communiste n’avait pas encore ouvert
les vannes…

Jean-Luc Mélenchon : Non. En effet, c’est une bataille. Je la mène. Je
trouve qu’elle est intéressante en tant que combat, et j’appelle les militants
à réfléchir à ça : sans cesse de nos faiblesses faisons une force. Je préfèrerais
avoir mille signatures tranquille. Je ne les ai pas. Qu’est-ce que je fais
alors ? Je me prends la tête dans les mains ? Je me mets à pleurer ? Et je
gémis et me lamente ? Non, j’affronte ! C’est extrêmement pédagogique.

Ça permet aux gens de comprendre que dans ce pays pour pouvoir être
candidat, il faut d’abord avoir l’autorisation de notables qui n’ont rien
demandé. Donc ça aide à la construction d’une conscience politique plus
affinée. Maintenant, bon, on a dépassé les deux cents. Dans ces plus de
deux cents, il y a un peu plus de 33, 34 élus communistes. D’ailleurs
cette nuit il y en eu d’autres. Et aujourd’hui dans la journée certains vont
venir me voir…

Mais oui, il y a eu de la rétention de signatures. Et puis il y a beaucoup
d’élus communistes qui disent : « Bon ben, moi j’attends la décision du
Parti ». Je le comprends. Ca me coûte, parce que si je les avais, on serait
plus tranquilles. Et surtout, la banque prêterait des sous. Parce que la campagne
sera remboursée : je pense évidemment faire beaucoup plus de 5%.
Donc à partir de là, j’ai besoin. Je ne peux pas faire une campagne qu’avec
des bénévoles et des retraités, ce qui est le cas aujourd’hui. Attention, les
bénévoles ne sont pas des amateurs. Mais il y a quand même quelques
permanents qui doivent être dans la campagne, il y a du matériel à gérer…

Donc, qu’est-ce qu’on fait ? On lance la campagne de parrainages et on
lance la campagne pour les dons. Et on va gagner comme ça. Il n’y a pas
de martingale, il n’y a pas de solution raccourcie, miraculeuse. Les communistes,
ils viendront et il n’y aura pas qu’eux. Je pense que d’ici au 5
novembre on sera très avancés vers les cinq cents signatures. Et alors
après encore plus, à mesure qu’on va avancer dans la campagne. Puis,
je vais aller voir le Président de l’Union des maires, monsieur Baroin, et je
vais lui dire : « mais monsieur, vous êtes de droite, vous, sauf erreur, vous
êtes le Président de l’Union des maires. Alors qu’est-ce que passez votre
temps à parler de démocratie et de tout ça, et vous faites de la rétention.
Je vous demande en tant que Président de l’Union des maires d’appeler les
maires à une réflexion, parce qu’ils ne sont pas là pour empêcher les gens
d’être candidats, mais pour empêcher qu’à l’élection des candidatures folkloriques
apparaissent. C’est ça leur mission ». J’ai fait quatre millions de voix
la dernière fois, je ne suis pas une candidature folklorique. Je représente
un courant d’opinion dans le pays. Vous pouvez signer pour moi, que vous
soyez sans étiquette, que vous soyez communistes, socialistes. Les socialistes,
ils vissent à double tour, ils menacent leurs élus, leur font peur. Vous
verrez, à la fin c’est nous qui aurons le dernier mot, parce que contre des
militants et des gens engagés, il est rare qu’il y ait une force suffisante pour
nous empêcher de passer. Ça se fera.

Je préfèrerais que ça se fasse avec les élus communistes, c’est évidemment
mon souhait. Vous imaginez bien que je préfère être parrainé par une majorité
de communistes que par une majorité de droite, mais je prendrai les
signatures de là où elles viennent. Et ça m’ennuierait que les communistes
arrivent les derniers, ça ne le ferait pas.

Entretien réalisé à la Fête de l’Humanité,
à la Courneuve le 10 septembre 2016
par Christian Audouin, directeur de l’Echo du Centre et
Manuel Meïer, rédacteur en chef du Patriote de l’Ariège

Jean-Luc Mélenchon et les Communistes

Messages

  • de toute façon, le PC n’a pas d’autre choix, a moins de vouloir sombrer encore un peu plus ...

    • Si, le PC peut choisir Montebourg. Celui qui, lors de la précédente primaire, a choisi de rallier Hollande plutôt que celle qui représentait alors l’aile gauche du parti prétendument socialiste. Celui qui a intrigué avec son ami Hamon pour que Valls soit nommé Premier ministre. Il semble bien que Montebourg, c’est le choix de Pierre Laurent.

  • "Le Patriote", ça ne fait pas franchement communiste mais on est plus à ça près...

  • Toi tu vas voter pour eux (les défendeurs du grand soir) mais la majorité des électeurs non et c’est pas le but d’une élection ? ça fait 48 ans que j’attend le grand soir et il ne dépasse jamais 1%. Alors, soit on fait campagne sur l’abstention en disant "élection piège à cons", soit comme le veut la démocratie, l’électeur vote pour celui qui a le plus de points communs avec lui, même si ce n’est pas à 50%. On a un PS moribond, il y a une place à prendre à gauche et il ne faut pas la laisser passer. Quand à Mélenchon, il n’a pas droit de changer d’avis ? J’ai été 10 ans à la LCR, 6 ans au PC puis électron libre vu ma conscience écolo tardive. Je vois une perspective avec Mélenchon qui a le mérite d’expliquer et de faire ce qu’il dit. Qui d’autre ?

  • Bonjour à tous les camarades,
    Être froissé qu’un politique prenne l’initiative de lancer une campagne en rupture avec le PS, pourquoi ?
    Quant à moi et de nombreux camarades, ce qui nous desole c’est plutôt le fait qu’en janvier, alors que la politique menée est pitoyable, la direction du PCF s’orientait toujours vers des primaires incluant le PS. Alors oui on peut le regretter mais ne reprochons pas à d’autres d’avancer. Rejoindre La France Insoumise n’est pas nuire au PCF qui garde son identité, c’est ensemble faire front commun contre la politique libérale du PS.
    J’ajouterai que les frondeurs n’auront jamais le courage d’un Melenchon, ils resteront au PS. Lors d’une réunion en Bretagne j’ai entendu Pierre Laurent répondre à quelqu’un que non il ne se faisait pas d’illusion sur celles et ceux qui restent au PS.
    Pourtant, il attend, il attend.....et on peut vraiment se demander pourquoi ???
    Et il faudrait l’attendre ???

    Ami, entends tu
    Un vent insoumis se lève
    Sur nos combats et nos reves
    Ami, entends tu
    Marie Claude Caresmel Giffrain FDG et soutien France Insoumise

  • Il y a eu le FDG, et le FDG était l’espoir, le PCF pensait retrouver un nouvel élan. Cela aurait pu se faire, mais une attitude trop egemonique des partis, dont le PCF, ont tué le FDG.
    Le PCF ne peut pas la jouer seul, ce serait un suicide.
    Pourquoi ne pas tirer de leçon de l’échec du FDG et à nouveau se rassembler en laissant ce sectarisme de côté.
    Non, c’est trop dur de partager, de s’ouvrir aux aurtres ?
    C’est celà le problème et à ce jeu bien des compagnons de route du PCF seront définitivement déçus, et un parti ne réussi pas qu’avec ses adherents !

  • alors travaillons ensemble---car il ne faut rien attendre des frondeurs contre Hollande ,( quel courage ? ) mais pas contre le capital .
     nous sommes nombreux , courageux , et les abstentionnistes n’attendent que la clarté de nos propos pour le bien commun et surtout contre la pauvreté à éradiquer .........

  • BONJOUR & MERCIS Mr JLM2017,

    Je vous suggère que LA PAIX soit un des piliers de cette campagne, sans LA PAIX aucune réalisations de progrès, de sécurité ne sera possible.

    Le PCF DOIT ABSOLUMENT ACCORDER LES 500 SIGNATURES à la Campagne de LA FRANCE INSOUMISE, AUX CITOYEN-NE-S QUI VEULENT UN VÉRITABLE PROJET DE TRANSFORMATIONS D’AVENIR POUR LA FRANCE.
    SON EXPANSION EST EN DANGER.

    LA FRANCE EST EN DANGER !
    Elle est gouvernée par des personnes insensé-e-s, avides d’argent, de pouvoir ... , guerriers et complètement aveugles sur l’état de LA PLANÈTE TERRE et des êtres vivants qui en sont son hôte.

    LE PCF VA T-IL CONTINUER LONGTEMPS À S’OPPOSER À TOUT PROJET D’ESPOIR ET D’AVENIR COMMUNS POUR LA FRANCE ET TOUTE NOTRE PLANÈTE ?

    QUEL EST DANS TOUTE LA GAUCHE DU PS à LO, quel est le projet le plus ambitieux et plus beau que celui de LA FRANCE INSOUMISE, que l’on me le fasse lire. Si il est meilleur, c’est lui que je soutiendrai, et même si il est sous la bannière des LR.

    Où EST LE PROBLÈME ? LA VOIX DES COMMUNISTES PEUT PESER DANS CE PROJET D’AVENIR

    Ancienne Adhérente du PG et du, PCF

  • En tant que communiste girondin j’aimerai que de nombreux camarades puissent lire cet entretient dans le journal ( Le Patriote) de cette merveilleuse région ..Chez nous comme ailleurs,bon nombre de communistes souhaitent que le PCF choisisse JLM pour défendre notre projet .Personnellement je suis inscris chez les Insoumis,je suis donc un communiste Insoumis..Spécialiste du collage j’ai contacté des cdes du PG . lls furent heureux de constater que pour le 5 juin Bordeaux était averti de la marche...Novembre pour choisir ...,c’est tout simplement une erreur presque historique. Pourquoi ? Là je vais faire du mal à certains(e) mais c’est ce que je pense. Le PCF souhaite conserver le maximum d’ élus dans les institutions.C’est sa seule force visible d’exister et de vivre car il n’est plus un parti de masse pour de multiples raisons. Mais pour avoir des élus(e) il est obligé de passer par des "accords électoraux "avec le PS c’est ce que notre direction a choisi depuis des années.J’avais espéré sur la stratégie du FdG mais autonome,en rupture totale avec le PS,pas une stratégie à géométrie variable..Triste Voilà pourquoi je me suis engagé avec les Insoumis et que je milite au sein du PCF pour le texte 1 .

    • Le problème du PCF, c’est qu’il n’a pas les moyens de voir à long terme. Il est prisonnier de ses alliances avec le PS pour conserver des élus. Pourtant il est évident que ce n’est pas la solution car d’élection en élection le PS lui tond la laine sur le dos. Il faut oser payer le prix de la rupture avec les socialos, c’est un investissement pour plus tard. Mais Pierre Laurent est un épicier incapable de se projeter dans l’avenir.