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Présidentielle 2017 : chez Jean-Luc Mélenchon, la défaite en chantant (video)

par Bruno Rieth

Publie le lundi 24 avril 2017 par Bruno Rieth - Open-Publishing

Certes, leur champion n’a pas passé le premier tour. Mais avec un score promettant d’avoisiner les 19%, Mélenchon offre de belles perspectives à ses partisans. A commencer par la reconstruction de la gauche.

Au Belushi’s, à deux pas de la gare du Nord, on joue des coudes pour se faire une place au QG de Jean-Luc Mélenchon. Beaucoup de journalistes sont sur place, 600 dont 250 venus de la presse internationale. Une curiosité sans doute suscitée par les soutiens internationaux dont a bénéficié le candidat de la France Insoumise ces derniers jours : Pamela Anderson, Danny Glover alias Roger Murtaugh du film L’Arme Fatale ou encore Pablo Iglesias le chef de file espagnol de Podemos venu en personne à Paris pour s’afficher au côté de l’eurodéputé ce vendredi 21 avril.

Lorsque les premières estimations tombent donnant Emmanuel Macron et Marine Le Pen qualifiés au second tour, la foule compacte massée devant le Belushi’s exprime sa déception. Un sentiment de courte durée. Car si le 21 avril 2002, ce sont les larmes sur les visages déconfits des militants du PS qui répondaient à l’élimination de Lionel Jospin, ce dimanche 23 avril 2017, c’est le slogan “Résistance”, scandé avec rage et détermination, qui prend le pas.

Arthur, la trentaine sportive, blouson noir sur les épaules, est venu avec trois amis découvrir les premiers résultats. Ce dimanche, c’est un bulletin Mélenchon qu’il a glissé dans l’urne. “C’est la première fois que je votais à une élection”, confie-t-il. Stoïque à l’annonce des premières estimations, Arthur décrypte avec détachement : “19% c’est un bon score. En plus il parait que ça bouge encore. Et puis avec Hamon à 6%, on ne peut pas complètement être déçu”, explique-t-il dans un large sourire. “C’est d’ailleurs pour ça que j’ai voté pour Jean-Luc Mélenchon, poursuit-t-il. Je voulais assister à la destruction du PS. Voir la fin de ce bipartisme étouffant. Et pourtant je suis opposé au bonhomme notamment pour ses positions internationales. Là, le PS s’est pris un énorme râteau. C’est très bien. Et aux législatives, je vais faire pareil, un vote anti-PS.”

Baptiste, petite barbe de trois jours, yeux bleus sous lesquels s’affichent de large cernes, ne se départit pas de son air grave. Non pas par déception mais à cause d’une concentration extrême. Ses yeux scrutent la salle sans relâche, le militant a pour mission d’aiguiller journalistes, invités et personnalités. “Oui, Mélenchon qui ne passe pas au second tour, c’est pas satisfaisant. Si on devait se contenter de juste battre le PS pour préparer la recomposition - ce qu’on va faire -ce n’est pas un objectif suffisant”, affirme-t-il. Mais nulle trace d’abattement chez le jeune homme. “Je ne suis pas déçu parce que ce n’est que le début. Notre objectif c’est la prise de pouvoir, pas de faire de la figuration. On a fait une belle campagne. On a montré que les sociaux-democrates comme Hamon - je ne parle pas des militants socialistes qui sont sincères - sont les alliés des sociaux-libéraux comme Macron. Mais on doit continuer”, estime-t-il. Et d’égrener les points essentiels à creuser : “La sécurité”, “La lutte contre le terrorisme”, “L’Europe”.

Son camarade Olivier, membre du Parti de gauche qui est resté un peu en retrait durant la campagne, garde lui aussi toute sa motivation : “Aujourd’hui le logiciel de Hamon est terminé. On assiste à un événement historique, les deux partis de gouvernement ne sont pas qualifiés pour le second tour. Nous sommes en pleine phase de recomposition. Il y a du boulot encore, mais aujourd’hui la reconstruction va se faire autour de nous avec les forces du peuple”. Vers 21h30, lorsqu’un représentant de Jean-Luc Mélenchon annonce que le tribun ne s’exprimera pas avant 22h pour attendre que les résulats soient affinés, la vingtaine de militants présents applaudissent chaudement et lancent, sur l’air de la chanson “Tomber la chemise” du groupe Zebda, “On est la, la France Insoumise”, persuadés que ce 23 avril 2017 n’est que le commencement d’un mouvement de fond.

https://www.marianne.net/politique/presidentielle-2017-chez-jean-luc-melenchon-la-defaite-en-chantant

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