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Départ de la mutuelle uMen : tout ça pour ça ?

par Tagazog

Publie le vendredi 16 février 2018 par Tagazog - Open-Publishing

La mutuelle uMen n’en finit pas d’interroger sur sa viabilité depuis qu’elle a décidé de quitter le groupe Audiens pour Harmonie Mutuelle. Le départ constituait, il y a un an, un choix cohérent. Mais le manque d’anticipation et des décisions peu éclairées ont eu des conséquences désastreuses. L’avenir d’uMen est menacé et la CGT subit de plein fouet un sabordage dont les auteurs sont aisément identifiables.

Une décision lourde de sens peut-elle n’avoir aucun sens ? Les salariés et adhérents de la mutelle uMen sont en droit de se poser cette question depuis que la mutuelle a quitté le nid d’Audiens. L’objectif alors affiché était de quitter un groupe qui refusait le paritarisme. L’uMen souhaitait obtenir 50 % des sièges au Conseil d’administration du groupe du même nom et a opté pour un départ face au refus catégorique de faire vivre le paritarisme au sein du groupe.

Mais pourquoi alors aller s’enfermer chez Agrume (VYV) à peine la liberté de mouvement entraperçue ? N’étant pas parvenue à un accord, la mutuelle uMen prend son indépendance pour la livrer à la plus grande union de groupe mutualiste. Il y a là un paradoxe incompréhensible qui finira par mener l’uMen à la perte de son autonomie. Car si son propre conseil d’administration et son Assemblée générale existent encore, ils ne pèsent que 1 % du groupe Agrume (Harmonie) auquel il s’est rattaché. Autant dire qu’avec un poids aussi faible, l’autonomie tant recherchée a déjà fait son temps.

La liberté relève aujourd’hui du fantasme et la situation devient critique, car la mutuelle, ex-Audiens, a été condamnée en justice pour avoir trop longtemps joué de l’ambiguïté sur son nom. Depuis son changement de nom, 1 000 abonnés ont déjà plié bagage dans le but de rester au sein du groupe Audiens. Peut-être pire encore, le centre médical René-Laborie qui se serait retrouvé en concurrence, selon Joseph Jospeh, « au niveau de la patientèle, comme des professionnels de santé » est aujourd’hui sous la coupe du VYV qui a plus de deux cent centres de santé toutes spécialités confondues, et dont l’un des cadres dirigeants a eu le front de dire lors d’une AG que « les centres de santé ne devaient pas devenir des centres de subvention »…

Bataille entre camarades

Le coup est dur pour l’uMen tout comme pour la CGT qui voit ses dirigeants se livrer à une lutte fratricide. D’un côté on retrouve Jean-François Ropert (vice-président de la sommitale d’Audiens) qui a jugé cohérent le départ de la mutuelle du groupe Audiens, mais qui regrette le rattachement à un groupe plus grand encore dans lequel il n’y a aucun ADN paritaire. L’ancien président du FILPAC regrette également que, dans sa nouvelle position, les véritables « décisions stratégiques » sont prises à un sommet inatteignable pour l’uMen.

Face à lui se tient Laurent Joseph, président CGT de la mutuelle qui valide toute la ligne suivie depuis un an. Ce dernier assure que la situation financière est optimale, mais semble oublier dans ses calculs que de nombreux organismes de presse (le cœur du métier de la mutuelle) ont préféré rester chez Audiens plutôt que de suivre l’uMen dans ses nouvelles aventures. En fait, les bisbilles entre ces deux figures de la CGT sur cette question relève peut-être aussi d’un conflit entre les photograveurs de la CGT et le puissant Laurent Joseph, à la fois secrétaire général SGLCE-CGT et Délégué Syndical Central à Presstalis.

Un syndicat du livre dont les actions sont depuis quelques années remises en cause, à demi-mots, au sein de la confédération. Le déclin de la presse quotidienne suscite des tensions croissantes et le SGLCE-CGT s’est fait remarquer par des actions violentes contre le personnel de quotidiens gratuits. Le filon s’épuise et au lieu de s’adapter pour rester viable, le syndicat dresse des listes de bons et mauvais partenaires. Le résultat est qu’aujourd’hui, Pressatalis est au bord du gouffre et que les réponses de Laurent Joseph pour éviter le pire se font toujours attendre.

Du côté d’ uMen, le pire pourrait vite prendre l’allure de liquidation judiciaire à en juger par le bilan de Philippe Bonin, nommé directeur général de la mutuelle uMen avec la bénédiction de Laurent Joseph. Administrateur provisoire de Landes Mutualité en 2009, Philipe Bonin a mené directement la mutuelle à la case faillite judiciaire trois ans plus tard… Ce dernier a choisi de s’entourer de Maître Lecat, grand spécialiste du secteur mutualiste qui l’avait déjà défendu lors de la liquidation de Landes Mutualités. Le Maître avait également travaillé de concert avec Philippe Borgat, l’homme qui a liqudé les mutuelles de Guadeloupe manu militari, laissant 50 mutuelles sur le carreau, et autant de salariés.

Dans ces conditions, l’avenir est morose. Un vent mauvais souffle sur l’uMen et il est grand temps de prendre des décisions constructives pour assurer à cette belle mutuelle un avenir. Il en va du futur des abonnés et de celui de ses salariés.