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Ce Roi d’Espagne qui fait la leçon démocratique ! Et la République, bordel !

par Antoine (Montpellier)

Publie le mardi 17 avril 2018 par Antoine (Montpellier) - Open-Publishing
3 commentaires

Questions sur la monarchie espagnole ou la monarchie espagnole en question ?

Heureuse coïncidence des dates, la belle démonstration de force de l’indépendantisme catalan, en ce dimanche 15 avril (entre 750 000 et 350 000 manifestant-es), dans son unité prodémocratie et liberté avec les deux grands syndicats ouvriers, Commissions Ouvrières et UGT, a lieu 87 ans après (à un jour près) la proclamation de cette IIe République qui fut assassinée en 1936-1939. Pour ceux et celles à qui cela aurait échappé, l’indépendance catalane, proclamée en octobre dernier et réprimée par le régime monarchique, signait l’avènement de la République, première de ce nom depuis 1939 !

C’est l’occasion de faire le point sur la monarchie qui, on ne le dira jamais assez, a été le passage obligé pour sortir du franquisme (par la force des choses d’une démocratie faisant la concession au chantage putschiste des franquistes de reconduire la décision du dictateur de faire de Juan Carlos son successeur).

Après l’abdication, en 2014, dudit Juan Carlos, déchu, effet différé de l’onde de choc indignée, d’une aura largement usurpée, le successeur, son fils, Felipe VI, pâtissait d’une faible reconnaissance sondagière : un piteux 4,34 sur 10. Résultat : depuis lors (exactement depuis avril 2015) plus aucun sondage du CIS (Centre de Recherches Sociologiques dépendant du Ministère de la Présidence espagnole) n’a cherché à mesurer la popularité du monarque. C’est donc le CIS catalan (ben oui), le CEO (Centre d’Etudes d’Opinions) qui s’est attelé à la tâche pour l’aire catalane : son sondage de février fait apparaître que 60% des Catalan-es infligent la note zéro, oui, zéro, à la monarchie espagnole. La suite est ici

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Messages

  • Salut,
    Juste un mot sur l’indépendantisme catalan.
    Les deux derniers scrutins provinciaux ont démontré qu’une majorité de suffrages allait aux partis… neutres et loyalistes !
    En effet, si le parlement catalan est actuellement dirigé par une majorité absolue de députés issus des rangs indépendantistes et autonomistes c’est uniquement du au découpage électoral catalan qui favorise les cantons ruraux, moins peuplés que les villes mais tout de même fortement représentés en députés.
    Si l’on devait extrapoler le dernier scrutin de décembre dernier (82% de participation) en le considérant comme un "référendum", alors seuls 47,5 % des catalans se sont exprimer clairement pour leur indépendance.

    • Et donc Carlos tu veux dire quoi par la ??? Qui a décidé le découpage électoral ??? Vision a géométrie variable... pfff

    • Concernant la première partie de ton message, la réponse de Roberto est parfaite. Rien à ajouter.

      En revanche, quand tu écris "Si l’on devait extrapoler le dernier scrutin de décembre dernier (82% de participation) en le considérant comme un "référendum", alors seuls 47,5 % des catalans se sont exprimer clairement pour leur indépendance.", tu sous-entends, involontairement j’espère, que 53% des électeurs sont contre l’indépendance. Ce qui est faux. On manipule trop souvent les chiffres pour en rester à des phrases comme les tiennes. Il faut y regarder de plus près. Ce que je fais en présentant ce que je considère la seule façon honnête de les lire :

      Exprimé-es : 4 357 388

      Inscrit-es : 5 557 901


      Independantistes : 2 079 340 voix

      / Exprimé-es : 47,7%

      / Inscrit-es : 37%

      Anti-indépendantistes : 1 902 061 voix

      /Exprimé-es : 43%

      /Inscrit-es : 34%

      Nini : 326 360 voix

      /Exprimé-es : 7,4%

      /Inscrit-es : 5,8%

      Le truandage sur la lecture des résultats de cette élection du 21 décembre consiste à laisser croire que quiconque n’a pas voté pour l’indépendance est contre l’indépendance. Or la réalité politique c’est qu’il y a un jeu à trois et pas à deux : il y a certes les pour, les anti mais aussi les nini, terme qu’ils se sont choisis eux-mêmes pour ces élections : ni pour ni contre ! Il s’agit de ceux et celles qu’on appelle les Communs et exactement Cataluña en Comú Podem. et ils ont obtenu 7,4% des exprimé-es qui ne sont assignables ni à un camp ni à l’autre.

      Cette lecture à 3 pôles fait donc apparaître que, dans la réalité réelle du débat politique catalan, les indépendantistes sont bien majoritaires en voix, majorité relative certes mais majorité tout de même, et pas majoritaire seulement en sièges. La seule différence est que cette majorité en sièges est absolue (pour toutes les raisons que l’on voudra mais alors il faudrait parler de celles qui font que le PP et le PSOE ont longtemps été majoritaires absolus au Parlement national) mais ce n’est pas pareil de laisser croire que cette majorité absolue repose sur une minorité en voix, alors que, certes relative, il y a clairement majorité en voix aussi.

      Je précise, par ailleurs 1/ que s’il y a eu référendum d’autodétermination le 1er octobre, c’était sur la base du refus de Madrid de négocier un référendum d’autodétermination dans les règles. Comme le droit international (ONU), quoique l’on en pense par ailleurs, mais il est la référence du PP, du PSOE et de Ciudadanos, qui ne le respectent pas, en fait une obligation aux Etats ; et 2/ que les Communs réclament un référendum négocié. Ce qui les éloigne des anti-indépendantistes, les rapproche, pas plus, des indépendantistes et permet encore moins de les assimiler aux anti !

      J’ajoute enfin que l’on ne peut pas faire abstraction du contexte dans lequel les indépendantistes ont obtenu cette double majorité le 21 décembre : la destitution du President de la Généralité, celle du Govern et la dissolution du Parlament catalan (3 mesures anticonstitutionnelles qui font que l’on peut parler de putsch de Madrid) et l’imposition, via le 155, de la tutelle totale de Madrid sur toute la Catalogne avec, cerise sur le gâteau, une répression policière et judiciaire totale et ces élections du 21 décembre que Madrid a choisi de tenir à sa convenance ! Le score obtenu par les indépendantistes (une gifle pour Madrid !), vu tous ces obstacles, est tout simplement le signe de la profondeur de l’ancrage de l’indépendantisme dans la société catalane !

      C’est tout cela qu’il faut avoir en tête pour éviter les simplismes analytiques et la désinformation.