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En France, il est possible de se faire tabasser parce qu’on est gay

par Julien Lefebvre

Publie le vendredi 7 septembre 2018 par Julien Lefebvre - Open-Publishing

« Je les ai entendu dire "Il sort de chez les PD, lui c’est un PD", et tout s’est passé très vite  », raconte un homme de 40 ans qui s’est fait tabasser dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 août en sortant d’une boîte gay de Lyon. «  J’ai reçu des coups. Au début j’ai essayé de me défendre mais je me suis vite retrouvé à terre et ils ont continué de me frapper. Je tenais mon sac à dos très fort contre moi, parce que j’avais peur qu’ils me le volent. Mais ils n’ont rien pris, ils n’ont même pas essayé. Ils m’ont frappé parce qu’ils pensaient que j’étais homosexuel, c’est tout  ».

Une agression qui est loin d’être exceptionnelle. Selon une enquête réalisée en juin par l’Ifop pour l’Observatoire LGBT+ de la Fondation Jean-Jaurès, 53 % des LGBT ont déjà été confrontés à au moins une forme d’agression homophobe en France. Au moins 33 % des sondés ont été la cible de moqueries désobligeantes ou propos vexants, 28 % ont été insultés ou injuriés, 21 % ont vu leur biens personnels être volés, dégradés ou détruits, 20 % ont fait l’objet de menaces ou agressions, 17 % ont été victimes de violences physiques.

Mais certains actes homophobes visent l’ensemble des personnes LGBT. Mardi 26 juin, quelques jours avant la Gay Pride parisienne, des tags homophobes ont fait leur apparition dans le Marais, le « quartier gay » de la capitale. « LGBT hors de France », pouvait-on lire dans la rue des Archives, alors que les arcs-en-ciel décorant les passages piétons avaient été recouverts de peinture blanche.

Un acte similaire avait précédé la Gay Pride de Nantes. Jeudi 14 juin, les « marches des fiertés » avaient été partiellement recouvertes de blanc. Des tags insultants tels que « légalisez la pédophilie » avaient été peints.

La liste ne semble devoir s’arrêter. Samedi 18 juin, un Parisien de 32 ans a été frappé plusieurs fois au visage à l’entrée d’une boîte gay de Bordeaux, où il était venu passer ses vacances. Il s’agissait d’un bénévole engagé au sein de l’association SOS Homophobie.

« C’est toujours le même constat : en 2018, les personnes LGBT ne sont pas libres d’aimer et de vivre comme elles sont malgré l’avancée des droits. L’homophobie et la transphobie sont présentes sur l’ensemble du territoire et touchent tous les milieux sociaux », résume Joël Deumier, président de l’association.

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