Accueil > MADAGASCAR Des élections présidentielles dans un climat de corruption (...)

MADAGASCAR Des élections présidentielles dans un climat de corruption généralisée

par Allain Graux

Publie le samedi 15 décembre 2018 par Allain Graux - Open-Publishing

La Grande Ile pointe à la 155e place sur 180 du classement de l’ONG Transparency international sur la corruption...

En avril 2018, des manifestants réclamaient la démission du président Héry. La situation s’est apaisée avec la nomination début juin d’un Premier ministre « de consensus », Christian Ntsay qui a annoncé la tenue des élections présidentielles.
Quatre anciens présidents font partie des 36 candidats en lice, dont le sortant Hery Rajaonarimampianina et son prédécesseur, Andry Rajoelina, ainsi que Marc Ravalomanana renversé par ce dernier en 2009. Leur passage au pouvoir a conduit à une criminalisation accélérée de l’appareil d’État et à l’aggravation de la pauvreté.
L’image du président sortant a été fortement dégradée, s’il en était besoin, par celles publiées par plusieurs journaux du pays où l’on voit son fils aîné, Matthieu Rakotoarimanana, portant un pistolet à la ceinture, accompagné par des forces de sécurité et des civils dans la commune d’Anjozorobe, à 90 kilomètres d’Antananarivo, le 21 février 2016. Ce groupe venu de la capitale a fait usage d’armes à feu pour chasser des exploitants miniers d’une carrière de cristal titane, convoitée par Matthieu Rakotoarimanana. L’un des mineurs a disparu, probablement tué par des tirs. À l’époque, Hery Rajaonarimampianina a catégoriquement nié la présence de son fils sur les lieux . La famille de la victime a été payée pour renoncer à engager des poursuites. Ce n’est que l’un des innombrables scandales qui ont marqué la présidence de Hery Rajaonarimampianina. La campagne électorale s’est déroulée sur un fonds d’affaires douteuses, une fois de plus. En 2017, une polémique éclatait sur la peste qui sévissait en plusieurs lieux du pays, principalement dans la capitale. Ce qui n’était pas étonnant, il suffisait de constater l’état de saleté, d’insanité de certains quartiers, y compris au bord du lac Anosy qui borde le parc présidentiel de la capitale.
Autres polémiques, les contrats financiers et les pots de vin afférents, pour l’extraction du pétrole, plus récemment sur l’exploitation des ressources halieutiques du pays par 330 navires chinois. Cette menace pour l’économie et l’environnement s’ajoute au pillage de ces ressources par les Canadiens et les Japonais, au détriment des intérêts des pêcheurs locaux qui ne luttent pas à armes égales avec les grandes flottes industrielles de ces pays.
Pendant la présidence de Didier Ratsiraka (1976-1993 et 1997-2002) et de Marc Ravalomanana (2002-2009), les mêmes pratiques avaient cours. Le phénomène a toutefois atteint un niveau effrayant avec Andry Rajoelina (2009-2013). Cela s’explique : Rajoelina est arrivé au pouvoir grâce à un coup d’État financé par des trafiquants de bois de rose, une essence protégée et interdite à la commercialisation, mais très prisée en Chine. Par la suite, Rajoelina a gardé auprès de lui ces hommes d’affaires d’un genre particulier et a facilité leurs activités, violant les règlements internationaux. Il a contribué à les rendre plus prospères et puissants – une tonne de bois de rose vaut aujourd’hui entre 20 000 et 25 000 dollars, et son commerce a généré chaque année des centaines de millions de dollars .
Les gêneurs, comme Houcine Arfa, témoin des magouilles et du racket pratiqués par le palais présidentiel lui-même finissent vite derrière les barreaux. Par exemple, « Les véhicules hybrides de luxe », qui avaient été importés pour le sommet de la Francophonie organisé à Antananarivo en 2016, « ont été immédiatement saisis par le président Hery et sa famille dès la fin du sommet et ont disparu dans les caves du palais d’Iavoloha » .
Maminiaina Ravatomanga, milliardaire malgache, dont le nom est depuis apparu dans les Panama Papers, est visé par une enquête ouverte en France pour « blanchiment en bande organisée ». Une suspicion de trafic de bois de rose, des soupçons de détournement de fonds au détriment de la compagnie nationale d’eau et d’électricité de Madagascar, des montages offshore, des SCI en pagaille et, finalement, une boîte aux lettres dans le hall d’un immeuble dont l’adresse apparaît dans les affaires judiciaires du couple Balkany [...] il est à la tête du groupe Sodiat, un conglomérat qui se consacre au transport, à la presse, à l’hôtellerie, au tourisme, à la santé ou encore à l’import-export. Mais Ravatomanga est aussi un habitué des cercles de pouvoir sur l’île. Il est, de notoriété publique, un très proche conseiller d’Andry Rajoelina [...] Mamy n’est pas non plus inconnu de la justice locale, où son business, qui pose parfois question, lui a valu de faire l’objet de différentes procédures, et notamment d’une enquête poussée du Bureau indépendant anticorruption .

{{}}LA SUITE SUR :http://allaingraux.over-blog.com/2018/12/madagascar-des-elections-presidentielles-dans-un-climat-de-corruption-generalisee.html