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Atomik Tour c’est parti mon kiki

par Jean-Yves Peillard

Publie le mercredi 16 janvier 2019 par Jean-Yves Peillard - Open-Publishing

reçu de https://bureburebure.info/debut-de-latomik-tour/

Début et présentation de l’atomik-tour

Le site de l’atomik tour http://atomik-tour.org/

Carte des étapes de l’atomik tour de janvier 2019 à août 2019 http://umap.openstreetmap.fr/en/map/atomik-tour-2019_262457?scaleControl=false&miniMap=false&scrollWheelZoom=false&zoomControl=true&allowEdit=false&moreControl=true&searchControl=null&tilelayersControl=null&embedControl=null&datalayersControl=true&onLoadPanel=undefined&captionBar=false%22#6/47.502/2.219

À partir de l’automne 2018, la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) est rentrée dans la phase préparatoire d’un débat officiel sur le vaste sujet des déchets de l’industrie du nucléaire qui durera 4 mois au moins.

C’est au compte-goutte que nous découvrons les contours de ce débat qui semble être repoussé maintenant dans le courant du premier semestre 2019.
Il s’inscrit dans le processus de validation et de mise en œuvre du prochain PNGMDR pour 2019-2021 (Plan National de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs), alors que les conclusions de celui sur la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie) sont déjà controversées et sont surtout ignorées par le gouvernement qui axe toute sa politique énergétique sur un sauvetage du nucléaire à défaut de sauver le climat.

Comme le dit lui-même, Pierre-Marie Abadie, directeur général de l’Andra (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radio-Actifs), ce débat sera surtout « une belle occasion de faire de la pédagogie », autrement dit de cette fameuse « acceptabilité sociale ».

Hormis sa durée de 4 mois, les modalités exactes de ce débat restent encore floues, mais nous savons qu’il concernera l’orientation et la validation de 5 grands projets :

– la gestion des déchets de très faible activité et la question du seuil de libération,

– la filière des déchets de faible activité à vie longue (FAVL) et la proposition de son schéma directeur en 2019,

– l’entreposage des combustibles Mox usés, donc la piscine de stockage centralisée de matières radioactives,

– la qualification d’une matière radioactive en déchets (après quel délais),

– l’enfouissement des déchets en grande profondeur : Cigéo, la poubelle nucléaire en Meuse.

Même si ces thèmes sont tous liés, c’est surtout pour ce dernier projet que ce débat, obligatoire dans son processus de validation, aura lieu. En effet, déjà repoussée d’un an grâce à une lutte sans relâche en Meuse, notamment par l’occupation du bois Lejuc pendant plus de 18 mois, la DAC (Demande d’Autorisation de Création) de Cigéo devrait être déposée en 2019. Les résultats de ce débat seront versés à l’enquête publique pour la DAC.
Toutes les associations locales opposées à Cigéo appellent à boycotter le débat, refusant de cautionner et cogérer ce projet en choisissant la couleur des fûts ou leur « papier d’emballage ».
D’autres organisations comptent, quant à elles, participer à ce débat, à leur manière, même si elles n’ont aucune illusion sur son poids démocratique mais elles veulent ainsi tenter d’informer la population et inscrire dans le marbre d’une consultation publique les questionnements, les analyses des opposant-es au nucléaire et à sa filière de déchets.

Afin de proposer une alternative à ce débat, au cadre biaisé et imposé par L’État, nous avons lancé un appel dès le 16 juin 2018 lors d’une grande manifestation à Bar-le-Duc dans la Meuse : nous invitons tous les groupes anti-nucléaires comme les groupes engagés contre les GPII à boycotter le débat officiel et, dans tous les cas, quelque soit leur position, à organiser leurs propres débats.

Cependant, nous n’acceptons plus que le nucléaire soit interrogé en le « saucissonnant » pour mieux nous le faire avaler en tranches. Nous ne voulons pas seulement discuter des déchets mais nous voulons poser la question du nucléaire dans son ensemble : de la mine d’uranium aux déchets ultimes en passant par la bombe atomique, par le vieillissement des centrales, par le dangereux et coûteux EPR (nouveau réacteur) et, enfin, en questionnant notre rapport à l’énergie imposé par le choix du nucléaire.

En effet, ce débat officiel s’inscrit dans une échéance importante : l’année 2018-2019, charnière indispensable à la poursuite du programme nucléaire français pendant encore les 30 prochaines années…

Cette année devrait voir valider (et on le constate déjà à travers la fameuse PPE) :
– la prolongation des centrales au-delà de 40 ans (!)
– le démarrage de l’EPR (dont la cuve et les soudures sont pourtant défectueuses)
– la validation de Cigéo par le dépôt de la DAC (projet pourtant remis en cause scientifiquement et éthiquement depuis des années)
– et probablement le dépôt de la DAC de la piscine centralisée (en tout cas, avant fin 2020).
Sans compter la poursuite du nucléaire militaire, filière qui ne peut perdurer sans le nucléaire civil et qui est tellement représentative de la folie destructrice dans laquelle notre monde est engagé.

Alors, devant ces constats et pour comprendre notre rapport à l’énergie, nous voulons poser, plus largement, la question suivante au public et interroger ainsi le rapport presque « affectif » que la population française entretient avec le nucléaire :

« LA FRANCE NUCLÉAIRE : vous y tenez ? Pourquoi ? »

En effet, malgré l’information donnée sans cesse par les militant.es, malgré la conscience du risque d’accident comme la pollution extrême de la planète pour des centaines de milliers d’années, la population française semble restée attachée à l’énergie nucléaire : vraiment ? Si oui, pourquoi ?

Parce qu’ « EDF est celle qui sauve notre électricité pendant les tempêtes » ?

Parce que « détenir la bombe atomique nous donne le rang de puissance mondiale » ?

Parce que « le nucléaire est le fleuron de l’industrie française » ?

Parce que « sans le nucléaire, nous n’aurions pas notre confort électrique actuel » ?

Parce que nous avons construit notre « identité nationale » à travers le « tout nucléaire » ? …

Comme le démontre, Gabrielle Hecht dans son livre « Le rayonnement de la France – Énergie nucléaire et identité nationale après la seconde guerre mondiale » (Éditions Amsterdam – 2014), le nucléaire, en particulier son aspect ingénierie, a totalement imprégné le développement social, technologique, historique et culturel de la France jusqu’à façonner progressivement, presque insidieusement, son identité nationale depuis 1948 lorsque « Zoé », le premier réacteur français, a réussi sa première réaction en chaîne.

À cette époque, alors que le poids de la collaboration sonne comme une défaite nationale honteuse et face aux impérieux besoins économiques du pays, le choix des dirigeants français, maintenu ensuite par tous leurs successeurs, a été de retrouver la grandeur perdue de la France à travers cette énergie tant sur le plan civil que militaire, mais surtout militaire au départ.

Dès lors, depuis l’enfance, nous sommes bercé.e.s par cette propagande assénée sans relâche par toute l’industrie nucléaire, par l’État et tous ses représentants successifs, devenus conjointement un lobby puissant incontournable dans nos vies de plus en plus « éclairées » de lumières artificielles, dépendantes de l’énergie électrique…nucléaire.

C’est pourquoi, nous pensons qu’il faut d’abord interroger ce rapport très particulier de chacun, chacune à cette énergie pour peut-être amener à une certaine prise de conscience afin de permettre une prise de distance, et seulement alors pouvoir engager une réflexion rationnelle.
C’est cet échange que nous voulons initier avec le public, tout en allant à la rencontre de celles et ceux qui, au jour le jour, luttent contre le nucléaire et les GPII.

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