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52éme congrès confédéral CGT La structure CGT-Police n’a pas le droit à l’expression !

par CGT-Police

Publie le vendredi 17 mai 2019 par CGT-Police - Open-Publishing
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A l’heure ou notre syndicalisme de classe, de masse et révolutionnaire aurait un intérêt certain à s’exprimer sur le rôle de l’État et son autoritarisme grandissant accentuant la répression syndicale, et les enjeux de débattre sur le rôle d’une police au service de sa population, notre structure a demandé la parole sur chacune des journées du congrès. Notre inscription a, à chaque fois, été retenue et, à chaque jour, le bureau nous a expliqué que nous aurions la parole sur la demie-journée suivante.

A cet instant, toutes les inscriptions sont closes, notre profession n’aura donc pas la parole dans notre52eme congrès, malgré les enjeux. Il est scandaleux de museler la parole des rares policiers progressistes engagés dans un syndicalisme de lutte dans ce contexte social. La confédération reste timide sur la condamnation des violences policières, comment pouvons-nous interpréter cette frilosité ? Quel message envoyons nous aux policiers qui sont attentifs aux réactions et soutiens de la CGT ?

La CGT-Police dénonce ces méthodes d’un autre âge qui confisque la parole des organisations quicritiques de façons constructives les orientations de la direction confédérale.

Vous trouverez à la suite notre intervention écrite pour le 52éme congrès de la CGT, engagée dans un syndicalisme progressiste.

Dijon le, 16 mai 2019.

DECLARATION 52EME CONGRES CGT

Dans une société psychologiquement troublée, politiquement incertaine et socialement ruinée,les forces de sécurité, qui devraient être la base d’ un grand service public au service de la population, peinent à trouver leur place au sein de la société.

Pire, elles sont confrontées à des évolutions extrêmement inquiétantes.

Après les bouleversements de mai 68, la police avait retrouvé son rang, s’affranchissant de l’amalgamepolice-pouvoir et s’insérant au plus près des populations dans le cadre des expériences de la police de proximité.

Nicolas Sarkozy y a mis fin de façon brutale, révélant ainsi sa conception autoritaire de l’usage de la police, qu’il considère comme devant relever uniquement du pouvoir et non pour répondre aux besoins de la population.

Bien sûr, au détour des attentats de 2015 un certain, mais éphémère, retour d’affection de la populationpour sa police s’était fait jour, mais les pouvoirs successifs se sont appliquer à recréer un fossé entre police et population.

La transposition opérationnelle de cette volonté politique a été particulièrement visible lors des manifestations des 1er mai 2017 et 2018.

La mise en place délibérée de services d’ordre plus que serrés avait mené à des désordres.

L’éruption récente d’une colère sociale profonde, sous la forme d’un mouvement difficile à cerner dit « des gilets jaunes » a mené le gouvernement actuel à aggraver la situation, en abandonnant les doctrines traditionnelles de gestion des manifestations, au profit d’un tout répressif.

Une telle conception mène directement aux rejets de forces de sécurité par la population, cette dernièreétant dès lors considérée comme bras armé du pouvoir politique. Cette situation est particulièrement dangereuse.

Se sentant rejetés du corpus social, certains policiers pourraient être tentés d’accepter le rôle de gardeprétorienne du régime qui leur est implicitement proposé, ce qui constituerait un premier pas vers une structure politique de type totalitaire.

On constate déjà que dans sa conception autoritaire de l’ordre public, Emmanuel Macron assisté de l’ineffable Castaner multiplie les textes répressifs, essentiellement anti-manifestants, qu’il fait voter par une majorité aux ordres.

Ainsi a-t-on assisté récemment à des maintiens de l’ordre destinés à assurer une répression, notamment lorsqu’il s’agit de charger la CGT et son secrétaire général !

Pire, il a aussi pris des dispositions au niveau du ministère de la justice et de la Chancellerie pour queles décisions judiciaires concernant les interpellations faites en vertu des dispositions anti-manifestations qu’il a fait voter aillent dans le sens qui lui convient.

Il a ainsi multiplié les pressions sur les officiers de police judiciaire et mobilisé les plus hauts échelonsde la hiérarchie judiciaire pour mettre les juridictions au garde à vous et les faire juger ainsi qu’il lui plaira.

Cette négation du principe de séparation des pouvoirs constitue un danger majeur jamais connu dans notre pays pour les libertés individuelles fondamentales.

Fort heureusement, la conscience professionnelle des policiers les empêche de franchir le pas quisépare une police républicaine d’une police du pouvoir.

Mais les pressions sont lourdes, permanentes et multiples. 1 suicide tous les 4 jours depuis le débutde l’année.

L’équilibre républicain est fragile, et nous devons aider les membres des forces de sécurité à résister àces pressions.

Garants des libertés, les policiers constituent au sein du monde du travail une catégorie de salariés parmi d’autres, avec certes ses spécificités, mais rencontrant les mêmes difficultés de vie et les mêmes difficultés professionnelles que les autres.

Leur refuser cette place dans la société au motif qu’ils exercent une profession qui les amènent parfois à s’opposer dans un cadre républicain aux autres catégories de travailleurs ne pourrait que faciliter la tâche d’un pouvoir qui rêve d’en faire un outil à son service exclusif et non plus au service de la nation, bref de transformer une police nationale en police politique.

Au sein de la CGT se pose parfois la question de la place des policiers, et aussi d’une organisationspécifique « ministère de l’intérieur ».

Disparition ou non de sa fédération au profit de l’UFSE, la question est posée.

En conclusion,

Les écarts de conduite de certains policiers sont patents. Il n’est pas question de les couvrir et les poursuites doivent suivre leur cours.

Mais pour l’immense majorité des policiers qui font leur travail avec conscience et dans le respect deslois républicaines, nous, militants syndicaux, devons être d’une extrême vigilance afin d’éviter que les pouvoirs ne se les accaparent.

Avec eux, avec l’ensemble des forces de notre organisation syndicale, nous devons continuer à nous battre pour mettre en place le grand service de police nationale répondant aux besoins des gens, au service des populations et assurant un ordre social juste et républicain qui nous fait aujourd’hui tant défaut.

Merci de votre attention.

Vive la CGT !

Dijon le, 13 mai 2019.

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