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MACRON : PREMIERE A DROITE

par Nemo3637

Publie le jeudi 20 juin 2019 par Nemo3637 - Open-Publishing
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Macron remis en selle ?

De nos jours les politiciens, les dirigeants, ont des moyens médiaques à leur disposition pour minimiser leurs échecs jusqu’à les présenter comme des victoires. Ainsi seront exposés à longueur de journaux télévisés les graphiques grotesques indiquant semaine après semaine la baisse du nombre de manifestants Gilets Jaunes contre Macron et sa politique. Sans insister bien évidemment sur cette récurrence inédite : sept mois de manifestations !

Le Président téméraire a également perdu son défi de surpasser la Bête - entendez le Rassemblement National - aux élections européennes. Brandir le spectre de l’extrème-droite ne suffit plus pour capter l’électorat.
Mais là encore, tout est dans la présentation des résultats. Comment minimiser une défaite qui a mis en évidence la médiocrité du personnel politique entourant aujourd’hui le Président ? La terne et maladroite animatrice de sa campagne ne lui a évidemment pas suffi à faire passer sa liste en tête. Et, avec quelques 20% des suffrages, compte tenu d’un abstentionnisme de plus de 50%, il n’a les faveurs que de 10 % des inscrits. Mêmes chiffres d’ailleurs pour le Rassemblement National.

Mais la revendication des Gilets Jaunes d’une autre forme de représentativité est oubliée ou remise aux calendes. Après tout, au point où en était la popularité du Président, faire un peu plus de 20% c’est Byzance ou presque ! Il fallait voir les rictus de Madame Loiseau se voulant sourires de satisfaction !

Par une sorte de ricochet inattendu, on relevait la faiblesse de la droite parlementaire dont l’électorat s’était prudemment réfugié sous l’aile du macronisme dont la politique et les objectifs, après tout, étaient semblables. Certes les « Républicains » se voulaient encore « plus » : « plus durs », plus « libéraux », plus « coups-de-trique »... Mais à ce jeu, de l’autre côté, le Rassemblement National là encore se montrait un concurrent redoutable.
Exit « Les Républicains » incapables d’une audace leur permettant de sortir leur épingle du jeu.

La Gauche hors jeu depuis un certain temps, la droite dissoute... Macron n’avait-il pas réussi son pari ? Plus de Droite, plus de Gauche, le rêve giscardien réalisé... Le terrain libre, un désert à la Pyrrhus.

Etrange triomphe, en fait, qui fait se retrouver nez à nez la République en Marche, mouvement plus que parti politique établi, face au Rassemblement Ntional. Nouveau bipartisme inquiétant où s’opposent libéraux et populistes, rappelant une sinistre époque. A bien y regarder le monde de Macron est plus qu’inquiétant !

Méthodes et pédagogie pour faire avaler les « réformes »

Rien n’a changé quant aux objectifs de la politique macronienne. Il serait fastidieux d’énumérer tous les secteurs où l’absence de crédits se fait déjà sentir de façon dramatique. Citons en deux, vitaux : la Justice et la Santé.

La principale question que se pose l’Exécutif est de savoir comment privatiser un nombre maximum de ces secteurs. Le budget de la Justice est moitié moins que celui de l’Allemagne . Quant à la Santé il faut des grèves, des marches, des protestations unanimes pour que quelques sommes symboliques, qui ne résolvent pas les problèmes, soient allouées.

Les retraites, les indemnités chômage sont à présent dans le colimateur.
Dans le bunker, à la lecture des graphiques montrant semaine après semaine, une baisse du nombre des manifestants Gilets Jaunes, il se dit qu’on peut y aller. Chargez !

Toutes ces restrictions, cette austérité qui touchent les plus démunis et à présent les classes moyennes, se mettent en place sur un fond de grave crise du capitalisme.

Tout en sachant que le système financier va vers sa fin, Emmanuel Macron, en brave employé dudit système, ne le combat pas car il pense, comme beaucoup, qu’il s’agit d’une énorme machine lancée à pleine vitesse que rien ne peut arrêter sauf la catastrophe finale. En attendant il pressure le Peuple au service de ladite finance : chômeurs aux ressources promises à la baisse, tout comme les retraités, services publics démantelés, petites entreprises promises à la faillite...

Les populistes ne se sentent plus de joie.

L’extrème-droite n’aime pas qu’on l’appelle ainsi. Elle se présente à chaque fois comme un nouveau mouvement national unitaire. C’était vrai dans les années 1930 et c’est toujours le cas aujourd’hui. Elle s’établit sur des croyances pseudo scientifiques, des fake news. Hier les Juifs aujourd’hui les étrangers, surtout les musulmans. Elle n’aime pas qu’on lui rappelle que nombre de ses fondateurs, comme François Brigneau ou Roland Gaucher, pétainistes fervents, miliciens, furent les fondateurs du Front National, devenu (nouveau ravalement) Rassemblement National.

Mais la démagogie fait de l’effet et le Rassemblement National se présente donc comme le « premier parti de France » alors que d’autres espèrent toujours s’en servir d’épouvantail...

Il est remarquable de constater que c’est l’électorat du FN lui-même qui a poussé sa direction à changer de ligne pour, d’ultra libéral sous le vieux Le Pen, devenir populiste sous sa fille. A quand la nuits des petits canifs ?

Et l’Europe dans tout ça ?

Tout le monde savait que l’enjeu de ces élections européennes n’était pas l’avenir de l’Union Européenne. Il s’agissait de voter pour ou contre Macron. Si l’on s’en tient là c’est près de 80% des électeurs qui n’ont pas voté pour lui.

Quant à l’Union Européenne, constitué de par la volonté d’une élite cherchant à favoriser les échanges marchands entre états, elle restait considérée comme un diplodocus libéral inamovible et même comme une dictature molle (1). Elle n’était pas surgie d’un élan populaire. Tout juste la satisfaction manifeste de certains pays comme l’Espagne qui ont pu amorcer après leur adhésion leur véritable développement.

L’Union Européenne reste une entité sans tête, l’émanation d’un système capitaliste dominant sans direction. Certes son fonctionnement, par certains aspects, peut paraître démocratique. Mais, par exemple, on sait bien qu’aucun interlocuteur dument accrédité, comme peut l’être un ministre, n’est là pour répondre et converser avec une puissance comme la Chine ou les Etats-Unis,qui voudrait conclure un accord dans des délais convenables. Cette absence d’interlocuteurs, remplacée par une bureaucratie, oblige donc à une démarche individuelle vers chacun des pays de l’Union. Obama en fut découragé.

L’administration de Trump en a conclu que seul le rapport de force pouvait à priori être mis en avant, faire avancer un dossier et pour bien sûr toujours mieux affaiblir un concurrent potentiel.

Quant à la Chine elle poursuit patiemment ses investissements, profitant de l’absence d’unité dans l’Union Européenne. Le seul point de convergence possible avec le Céleste Empire serait une stratégie monétaire commune pour contourner, dans les échanges, l’hégémonie du dollar. Mais cela semble bien trop compliqué pour le diplodocus sans tête.


Une désaffection populaire sans combat unitaire.

Mais le naissance de l’euro, ressenti en France comme augmentation des prix à la consommation, et plus tard le rérendum de 2005 qui voulait valider partout les options du libéralisme, suscitèrent la méfiance grandissante des peuples. Et, loin du RIC des Gilets Jaunes, plus aucun référendum concernant l’Europe ne fut organisé par la suite en France.

L’abstentionnisme ne pouvait que s’enraciner.

Les arguments pour une sécession, souvent contradictoires ou mal étayés, se sont donc accumulés, repris même par l’éxécutif britannique organisant la glissade d’un référendum plongeon.

Et les extrème-droite européenne trouvaient là un nouveau bouc émissaire – en plus des migrants – pour vêtir leur nouveau costard de champion de la liberté. Cela leur va si bien n’est-ce pas, à ces rabatteurs à la prime de migrants pourchassés, à ces racistes souvent déclarés !

Mais depuis 2005 et le référendum sur la Constitution Européenne, tout le monde sait aussi plus ou moins confusément, que le totalitarisme libéral de l’Union Européenne ne pourra être abattu de par les institutions de ladite Union. Et cette extrème-droite européenne, déjà divisée, peut toujours aboyer ; la caravane européenne passe.

Seule la révolte des peuples, comme celle des Gilets Jaunes en France, pourrait bloquer le mécanisme de la locomotive lancée à toute vitesse. Planter les jalons d’une société autogestionnaire et libertaire. Mais il faudrait au moins trois ou quatre foyers de cette ampleur sur le continent. On a du mal à l’imaginer. Quoique...

Nemo, le 20/06/2019

(1) Voir le dernier ouvrage de Michel Onfray, « Théorie de la dictature ». Mais notre prolifique Michou ne finit-il pas par faire la part belle à certains populistes ?

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