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DÉCÈS D’UN TORTIONNAIRE EN ALGÉRIE.

par Transmis par Nuits de septembre 1965

Publie le dimanche 15 septembre 2019 par Transmis par Nuits de septembre 1965 - Open-Publishing

Par Smaïl Hadj Ali, le 11 septembre 2019.

Belkacem Babaci, dit "Belzébuth", ex-,officier de la Sécurité Militaire ( S.M), un des nombreux tortionnaires de patriotes et opposants politiques, arrêtés après le coup d’État militaire du 19 juin 1965, vient de mourir. On le dit "illustre historien" et défenseur du patrimoine historique".
Le jour de son décès, la presse algérienne, quasi unanimement, a chialé sa mort et lui a rendu un hommage inconditionnel et dithyrambique, en cachant son passé de bourreau.

Voici quelques informations, cachées par toutes ces pleureuses, pour compléter sa notice nécrologique.

Smaïl Hadj Ali à Sao Sao Paulo le 11 septembre 2019.

Extrait de L’Arbitraire de Bachir Hadj Ali, publié aux Éditions de Minuit, en1966. Livre interdit en Algérie, il sera publié en Algérie en 1991, par la maison d’édition Dar El Ijtihad

Belzébuth a été l’un des tortionnaires de Bachir Hadj Ali en septembre 1965.

"Belzébuth, le singe de Mouzaïa, officier enquêteur. Son retard physique et intellectuel est assez considérable. Il en souffre intérieurement et se venge sur les torturés. Il est ambitieux et vantard par inculture, sadique et méchant par bêtise et complexe...Le succès le grise facilement ; il sautille nerveusement pendant les tortures, la bouche de travers, ses yeux hypocrites et malades cachés, jour et nuit, derrière des verres fumés. Il est envieux. Il m’a montré mes lentilles cornéennes saisies sur moi, m’a questionné sur leur prix ; je ne le ai plus revues. Il s’est vengé ainsi de ses échecs et de mes silences.

il a des accents sincères quand il parle de sa jeunesse pauvre, du temps où il recopiait le dictionnaire Larousse, faute de pouvoir l’acheter. Ces retours vers son enfance paysanne sont très rares. Dans ce monde de médiocres, ce Rastignac de bas étage a les dents longues. Grimper, grimper par tous les moyens, pense le singe. Il étale son savoir littéraire qui se réduit à Koestler. Il est antisoviétique et anticastriste. Il est allé à Cuba et en U.R.S.S, dont il garde de mauvais souvenir. Il refuserait d’aller combattre en Palestine, mais il est prêt à combattre au Sud- Viet-Nam, aux côtés du F.N.L. Bavardages pour faire oublier qu’il est membre de la brigade qui torture les alliés algériens du F.N.L. (...).

Habilement, il m’a suggéré le suicide en cherchant à faire naître en moi une psychose d’angoisse. Il est le type de l’homme " socialiste", englué sur les positions idéologiques petites-bourgeoises. Il est sans scrupules et lâche.

Le 15 octobre. Un vendredi soir. Belzébuth me fait venir dans son bureau. Tu ne feras plus de recherches sur la musique algérienne. Mardi, tu passeras devant le tribunal militaire. Tu seras condamné à mort. La grâce te sera refusée. Tu seras fusillé. Nous verrons alors si tu te comporteras aussi courageusement face à la torture".

L’Arbitraire, Bachir HAdj Ali.

Extrait de l’article de Hocine Zahouane , Entre la haine et la pitié., 1990.

Arrêté en même temps que Bachir Hadj Ali, Hocine Zahouane a été également torturé par Belzébuth en septembre 1965.

"Sur la droite, déployés autour de la baignoire, Benhamza. A.M Rachid, dit la Gouape, (L’Arbitraire)actuellement commandant à la retraite à El Biar, B. Belkacem, dit Belzébuth (L’Arbitraire), dirigeant actuel d’une entreprise de wilaya de réhabilitation de la Casbah"...