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Les Verts cherchent à trouver une ligne cohérente après la cacophonie de leur campagne référendaire

Publie le lundi 20 juin 2005 par Open-Publishing

de Sylvia Zappi

Faire un geste en direction de la gauche du non sans renier la consigne de vote pour le oui. Et sans s’aliéner le futur avec le Parti socialiste. Le pari de Yann Wehrling, secrétaire national des Verts, est risqué. Le jeune numéro un des Verts était présent, jeudi 16 juin, à la manifestation parisienne appelée par l’ensemble des ténors du non pour exiger la négociation d’un nouveau traité. Lui qui était favorable à la ratification du projet de Constitution. Du coup, sa présence sur le pavé parisien a semé le trouble à la veille de la réunion du conseil national interrégional (CNIR) des 17, 18 et 19 juin à Paris.

Après sa campagne quasi inaudible pour le oui et brouillée par les Verts du non, plus offensifs, le parti écologiste peine à retrouver ses marques. Et, selon un de ses proches, M. Wehrling sort un peu "sonné" de trois mois de campagne durant laquelle il est apparu incapable de faire entendre la voix des écologistes. "Je n’ai fait qu’appliquer les décisions du conseil national" , se défend-il.

Il va devoir maintenant reprendre les rênes de troupes militantes divisées. Pour ce faire, il entend rappeler que, sur le fond, tous les Verts ont la même analyse de l’Europe et qu’ils peuvent donc se retrouver sur l’élaboration de leur projet pour 2007. "Il faut tourner la page et se rassembler sur nos convergences" , plaide le secrétaire national. Le plan de marche adopté en mars est pour lui toujours valable. Il prévoit qu’un conseil national élargi devra adopter en janvier 2006 un programme pour les élections de 2007. Alors commenceront les discussions avec les partenaires de l’ex-gauche plurielle (PS, PCF et radicaux de gauche) et tous ceux qui sont "prêts pour un projet de gouvernement" . Le secrétaire national ne veut pas choisir, pour le moment, entre le Parti socialiste et la gauche du non. La proposition d’accord électoral sera ensuite soumise au vote des militants. Au printemps 2006, une procédure de désignation du candidat des Verts sera organisée en interne.

Ce schéma ne devrait cependant pas venir en discussion ce week-end. L’heure est au bilan de la campagne et tous jugent qu’il est trop tôt pour s’empailler sur les échéances électorales. La direction des Verts a tenté d’éviter tout règlement de comptes trop violent en présentant plusieurs motions ponctuelles : sur l’analyse des résultats, sur le groupe des Verts européens, ou les initiatives à prendre à gauche. Le rapport présenté par M. Wehrling reviendra sur les "problèmes" de la campagne mais "sans faire de procès" .

"TROP DANS LA PANADE"

Ce mezzo voce semble partagé par beaucoup. "Personne ne va tirer car tout le monde attend que le premier dégaine" , constate Sergio Coronado, porte-parole. "On est trop dans la panade" , admet le député européen Jean-Luc Bennahmias. Seuls les jeunes "rénovateurs" proches de Marie-Hélène Aubert, eurodéputée, pourraient demander des comptes à Francine Bavay, figure la plus en vue des "Verts du non" . Avant d’exiger une réaffirmation d’une candidature verte en 2007 : ce, pour couper court à toute tentative de rapprochement avec les autres forces de la gauche du non, voire à un ralliement à une éventuelle candidature José Bové.

Mme Aubert avait même demandé, mardi 14 juin, dans un entretien à Libération, une assemblée générale extraordinaire pour choisir une stratégie et "dire ce que l’on entend par alternative au libéralisme" . Elle n’a déposé aucune motion en ce sens au CNIR mais son souci de "clarification" semble partagé par la gauche des Verts. "Il est temps de trancher entre une ligne d’accompagnement du libéralisme ou une volonté de transformation de la société" , souligne Mme Bavay, qui a annoncé qu’elle maintenait sa participation aux collectifs du non.

Les "réalistes" , Dominique Voynet en tête, affectent la sagesse. Et réclament que les Verts se concentrent sur la définition de leur projet pour 2007. "Le débat n’est pas celui de savoir à la roue de qui on va coller" , argumente la sénatrice de Seine-Saint-Denis. Ce débat aura lieu plus tard. Bien assez tôt pour à nouveau se diviser.

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