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Régionales : EELV et Julien Bayou manquent-ils d’ambition ?

Publie le lundi 7 juin 2021 par Open-Publishing
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L’ascension de Julien Bayou au sein d’Europe Ecologie les Verts et sa candidature pour les régionales avaient fait espérer à un nouvel élan plus militant et moins politicien de la formation écologiste en Île-de-France. La composition des listes pour les élections de juin a rapidement fait déchanter tout le monde : entre petits arrangements politiques et parachutages de personnalités sans lien avec la mouvance écologiste et alternative, c’est une douche froide.

Nul ne peut nier que Julien Bayou a apporté un nouvel espoir et un vent de fraîcheur sur l’appareil grinçant d’EELV. Il ne s’agit pas de contester son talent ni la sincérité de ses engagements… mais force est de constater que la formation de ses listes départementales pour les élections régionales du 27 juin ne sont pas à la hauteur des attentes placées en lui et dans la jeune garde de l’écologie politique francilienne.

On peut déjà regretter que Julien Bayou, malgré le fort message de renouvellement qu’il porte publiquement, ait laissé une place de choix aux vieux caciques écolos de l’ère Cécile Duflot et Dominique Voynet. Des figures comme Laurence Abeille, ou Ghislaine Senée, respectivement têtes de liste à Paris et dans les Yvelines, n’ont pas à rougir de leur parcours militant, mais ne serait-il pas temps de laisser la place à la génération montante ?

Sur l’ensemble des listes départementales de la région, 97 candidats ont plus de 50 ans ! Il ne s’agit pas de faire la course au jeunisme, mais qui peut croire que ces listes incarnent le renouvellement, des personnes mais surtout des idées. Et on l’a vu ces dernières années, la jeunesse porte un message écologique beaucoup plus radical que les générations précédentes. C’est ce message écologiste radical qu’il faut aujourd’hui porter si on veut faire basculer la société dans son ensemble.

Mais au-delà de l’argument de l’âge, la constitution des listes pose d’autres problèmes, et notamment celle de la présence de personnalités qui n’ont rien ou peu à voir avec le mouvement écologiste et que les militants ne connaissent pas. Sur quels critères ont-ils été choisis ? La question se pose par exemple pour Olivier Le Marois, pressenti pour être en 6e position (donc éligible) sur la liste parisienne, qui est un chef d’entreprise dont l’ancrage à EELV est de l’ordre du néant. Énarque, polytechnicien, ancien membre des cabinets ministériels, titulaire de postes de direction exécutive et chef d’entreprise depuis plus de vingt ans, le sexagénaire n’incarne pas tout à fait le renouveau politique. Tandis que la fédération francilienne d’EELV a mené une campagne qui souligne une fracture générationnelle entre les « boomers » conservateurs et la jeunesse écologiste - qui n’a pas manqué d’en bousculer certains – le choix d’Olivier Le Marois a donc de quoi surprendre. Pas tant en raison de son âge, mais de son profil de pur produit du système, qui rend difficile l’identification auprès de l’électorat écologiste, et notamment jeune, désireux d’une réforme profonde de l’économie et de nos manières de vivre.

Autre profil, autre question pour l’universitaire Gaël Callonnec, dans les Yvelines. Economiste réputé, spécialisé sur les questions de transition énergétique, il n’a pas pour autant l’étoffe d’un militant politique et risque de ne pas peser bien lourd face au jeu de massacre que représente hélas souvent une campagne électorale.

Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, Julien Bayou semble avoir pêché par manque d’ambition dans la constitution de ses listes pour les régionales. C’est pourtant en voyant grand et en visant haut qu’EELV peut ambitionner légitimement de conquérir la première région de France. Une occasion ratée ?

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