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de Phillipe Ridet
Nicolas Sarkozy droitise son discours pour attirer l’électorat du FN
Trois semaines après sa prise de fonctions au ministère de l’intérieur, Nicolas Sarkozy a provoqué l’émotion d’une partie de la gauche, d’associations et de magistrats en déclarant, lundi 20 juin, au lendemain du meurtre d’un enfant de 11 ans à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) : "Les voyous vont disparaître, je mettrai les effectifs qu’il faut mais on nettoiera la Cité des 4 000." Plus radical encore, le ministre promettait alors, devant la famille de la victime et une journaliste du Monde (lire notre édition du 22 juin), de "nettoyer au Karcher" le quartier.
Un mot de trop, un coup de menton intempestif, ou un net virage à droite ? Les propos martiaux du numéro deux du gouvernement s’ajoutent en effet à une série de déclarations du président de l’UMP, dans lesquels ses adversaires veulent voir une manière de chercher les électeurs jusqu’aux marches du Front national et au-delà. "Je vais prendre l’UMP par la droite pour l’amener au centre", disait M. Sarkozy avant de présider l’ex-parti chiraquien. Force est de constater que le ministre suit à la lettre le premier mouvement de sa stratégie. "Je ne suis pas à la tête du deuxième parti socialiste de France", a-t-il lancé, le 11 juin, à l’intention des cadres de son mouvement qui en douteraient encore.
Ce jour-là, deux semaines après la victoire du non au traité constitutionnel européen, M. Sarkozy avait en effet souhaité tirer "ses" leçons du référendum. A rebours d’une partie de la droite pour qui le vote est l’expression d’un rejet de l’économie libérale, M. Sarkozy a au contraire condamné "l’égalitarisme, le nivellement et l’assistanat", estimant "naturel" que ceux qui "travaillent plus que les autres gagnent davantage". "Cessons de culpabiliser la France qui se lève tôt", a-t-il encore martelé. Estimant que "les Français du milieu" doivent être le "sujet de préoccupation constant" de son parti, le président de l’UMP avait donc expliqué que "notre politique sociale ne peut se résumer à la seule question des exclus".
C’est dans cette veine qu’il appelle depuis le gouvernement "à faire le tri entre ce qui est un acquis social et le produit d’une habitude, d’une lâcheté, d’un oubli". Ainsi a-t-il fustigé le trop faible écart entre les revenus du travail et ceux de l’assistance ; exigé "la contrepartie d’une activité" pour "pouvoir bénéficier d’un minimum social" ; dénoncé "l’aide médicale d’urgence plus favorable aux étrangers en situation illégale qu’au smicard qui paye ses cotisations". "Pour moi, c’est clair, avait-il conclu devant les cadres de l’UMP, il ne peut y avoir d’expression de la solidarité nationale sans que son bénéficiaire fasse un minimum d’effort pour la mériter. Nous sommes généreux, cela doit continuer, mais nous le sommes avec les impôts des Français qui travaillent."
Cette droitisation du discours de M. Sarkozy a, aux yeux des responsables du parti, un premier effet. Une note du 20 juin, rédigée par Alain Marleix, secrétaire national aux élections, souligne " le recul de l’extrême droite aux élections cantonales partielles intervenues depuis le 28 novembre 2004", date à laquelle M. Sarkozy est devenu président de l’UMP. Sur les 24 élections recensées, le FN - qui n’a jamais brillé en dehors des scrutins nationaux - n’a été en mesure de présenter que 18 candidats et aucun de ceux-ci n’a pu améliorer le score du Front national. Au contraire, le parti de Jean-Marie Le Pen accuse des baisses importantes dans les cantons de Nice 7 (22,9 % en 2004, 10,2 % en 2005), de Pont-Saint-Esprit, dans la Drôme (17,2 % en 2004, 6,2 % en 2005) ou encore à Saint-Florentin dans l’Yonne (22 % en 2004, 4,4 % en 2005).
" DROITE DURE"
Pour Manuel Aeschlimann, député des Hauts-de-Seine et président de la commission "opinion publique" de l’UMP, ces résultats sont la preuve que l’ex-parti chiraquien "peut prendre des voix à la droite dure". "Désormais, explique-t-il, l’électeur se détermine sur des enjeux ponctuels et non plus seulement en fonction de son appartenance idéologique. Ainsi, à l’intérieur de l’électorat frontiste, on estime à 10 % le nombre de personnes qui peuvent voter Sarkozy en privilégiant la question de la sécurité par exemple."
S’il ne provoque par encore de débat au sein de l’UMP, où M. Sarkozy associe assez peu les élus à sa réflexion politique, ce positionnement inquiète. Secrétaire général du parti, Pierre Méhaignerie veut croire que les anciens centristes de l’UMP "sauront l’infléchir". Reconnaissant une forme de "stigmatisation des chômeurs", il se contente de noter que "Sarkozy doit simplifier à l’extrême, s’il veut se faire comprendre, sur les limites de l’Etat assistance. Mais sa fermeté est toujours accompagnée d’un souci de justice. En France, nous ne sommes pas habitués à cette liberté de ton. C’est un discours à la Tony Blair ou à la Gerhard Schröder".
Refusant, jusqu’à l’obsession, d’adopter un discours qui serait le point d’équilibre entre l’aile sociale et libérale du parti, M. Sarkozy ne souhaite pas pour l’instant dévier de sa ligne, estimant que "le langage codé, les périphrases inutiles, la langue de bois éternelle contribuent à l’exaspération des Français". Le président de l’UMP paraît donc plus disposé à juxtaposer les discours qu’à les confondre. Patrick Devedjian, un de ses conseillers politiques, considère que l’heure viendra bientôt de "faire des offres qui correspondent à la sensibilité de l’opposition, en matière d’égalité des chances notamment". "Après avoir récupéré l’électorat de droite, juge-t-il, il va falloir ensuite s’occuper de décourager la gauche."
Messages
1. > Jean Marie Sarkozy, 23 juin 2005, 15:41
Une chanson de Caussimon
LES MILICES (1968)
Préparez vos fusils et créez vos milices
Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibiers
"Des fois que des loubards viendraient dans le quartier"
Vivez votre penchant, soyez de la police...
A l’abri des volets de vos pavillons tristes
Meublez vos insomnies jusqu’au jour incertain
Car la rue est peuplée de sombres anarchistes,
De noirs, de portugais et de nord-africains...
Vous, vous êtes français, français à part entière
Même anciens combattants et parfois résistants
Et cet obscur chemin de torture et de sang
"Certains le referait s’il était à refaire"...
Vous avez mérité avant le dernier souffle
De vivre dans le calme et la tranquillité
D’endosser vos gilets, de chausser vos pantoufles
Et de fermer les yeux sur la réalité...
Mais la réalité déferle à votre porte
Vous ne comprenez rien à sa vague rumeur
Et vous confondez tout, parfois vous avez peur
D’un signe avant-coureur que le vent vous apporte...
Vous percevez des pleurs et des cris de souffrance
Des chants liberté, l’écho d’un attentat
Vous pensez que la guerre est encore loin de France
Et vous faites confiance à votre chef d’état...
"Étudiants et voyous c’est bien la même engeance !"
C’est écrit noir sur blanc, dans votre quotidien
Faites dresser des murs et dressez votre chien
Pensez dès maintenant à votre auto-défense...
Et quand des jeunes gens défilent en cortège
Toujours on vous les peint veules et fainéants
Alors vous les reniez, vous tombez dans ce piège
En oubliant qu’ils sont enfants de vos enfants...
Ils savent mieux que nous, de quoi le monde crève
Que le temps des robots vient à pas de géants
Qu’on sacrifie l’Esprie au profit de l’argent
Comme on tue la nature, la joie et le rêve...
Préparez vos fusils et créez vos milices
Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibiers
"Des fois que des loubards viendraient dans le quartier"
Suivez votre penchant, soyez de la police...
1. > Jean Marie Sarkozy, 24 juin 2005, 08:10
Après Jean-Roger Caussimon, faites un tour chez François Béranger