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Déconstruisons les J.O avant qu’on nous bâtisse des cathédrales olympiques !

Publie le dimanche 26 juin 2005 par Open-Publishing

Evénement planétaire, les Jeux Olympiques se sont rappelés au souvenir des Français et des grévistes du 10 Mars avec la candidature de Paris en 2012 ; en attendant le verdict du 6 juillet prochain, ils enfièvrent les couloirs de la Mairie de Paris.

Les médias, les pouvoirs publics et les agences publicitaires s’activent dans le grand raoût marketing. Le sport est devenu depuis la création des Jeux Olympiques un véritable fait social et il est difficile d’échapper aux messages sportifs quand tous les médias en font leur une, que les politiques s’expriment sur les résultats...
Le sport interroge nombre d’aspects de la société capitaliste : rôle des multinationales, idéologie populiste, éducation des plus jeunes, rapport au corps. Le sport sacralisé sur l’autel du libéralisme est dominant, démystifier les Jeux ramène chaque fois un peu plus de valeurs, de démocratie dans nos vies et nous conduit à repenser le « développement ».

Le sport-spectacle est devenu une entreprise de séduction aux relents nationalistes et de soumission collective. Les cas de perversion du sport sont avérés depuis la naissance même des Jeux (corruption, dopage), il faut y ajouter le culte dominant du corps, la dictature de l’esthétisme et le conditionnement sociétal par le biais du matraquage publicitaire. Nos jeunes gavés de marques subissent le modèle du sport-compétition, les assauts des publicitaires, difficile d’échapper aux produits des sponsors dans les arènes olympiques, on est décidément loin de l’émancipation et des vertus de l’exercice physique.

L’exacerbation de l’individualisme, la surconsommation sont véhiculés par les Jeux Olympiques et leur propagande publicitaire soumise aux arguments des investisseurs qui récoltent grassement les fruits de leur soutien (n’est-ce pas Bouygues ?). Dans ces conditions le "développement durable" est utilisé allègrement par l’industrie de la dégradation hexagonale, il sert de cache-sexe et de paravent "éthique" aux firmes transnationales et aux états pollueurs, pour se refaire une virginité et une façade "propre", un saupoudrage économique pour se donner bonne conscience !

Il réunit les lobbies avionneur, électrique (à 80% nucléaire), les marchands de canons (Lagardère), les artisans de la privation de l’eau et de la spoliation du Sud (Suez). La fine fleur économique française (le Club des Entreprises) vient au secours des Jeux, l’olympisme mythique a été bafoué par les Jeux de Berlin, de Moscou, Mexico (massacre de 600 opposants). Paris reprendrait le flambeau à Pékin 2008, paradis des droits de l’Homme.

Faudra-t-il remettre en cause le droit de grève pour le bon déroulement des évènements ?

Une maçonnerie précaire repeinte en vert !

Le programme environnemental est alléchant, sa mise en application l’est moins, comment peut-on avancer une maîtrise énergétique, un bilan carbone 0, et une limitation des G.E.S avec les mouvements (aérien, transports locaux) des athlètes et des millions de spectateurs ?

Les 60 000 emplois espérés rejoindront le camp des précarisés une fois l’évènement passé : joli destin pour de multiples stadiers, distributeurs de tickets et de soda déguisés en hommes-sandwichs sans parler des agents de sécurité recrutés en majorité. L’idéologie du tout-sécuritaire et de l’emploi « jetable » gagne du terrain au royaume du sport à fric aux intérêts immédiats.

Dans cette liste on ne comptabilise pas les femmes abonnées aux plaisirs des hommes, Athènes est pourtant venu nous le rappeler.

C’est aussi l’illusion entretenue de faire un bon choix pour notre société jusqu’en 2012, des privations budgétaires d’orientation sociale en lien direct avec les difficultés journalières des parisiens. Combien de logements sociaux, programmes éducatifs devront attendre sur le quai ?

Le développement est une aventure qui passe par une planification de nos choix sociétaux dans la durée. La version centralisée telle qu’elle nous est présentée n’échappe pas à l’héritage du colbertisme, de la volonté de concentrer nos dépenses dans des zones déjà sur-équipées, l’ethnocentrisme occidental est implacable.

Le sport est une arme de l’argent triomphant, la compétition règne et phagocyte chaque jour un peu plus notre créativité et notre pouvoir de résistance. L’organisation d’un tel évènement ne suscite aucun débat public, c’est encore la participation démocratique qui régresse un peu plus, le laminage des consciences poursuit son cap ; l’exemple de la campagne du référendum « Traité Constitutionnel Européen » prouve encore le climat de résignation autour d’un texte profondément libéral et témoigne d’une intoxication informative :

N’ayons pas peur de dire NON aux J.O pour nous affranchir du sport-business !

Le sport-roi hérite de la pensée unique, d’un totalitarisme ambiant banalisé, qui méprise l’homme. Pour une décroissance des médailles, construisons un autre développement humain !

Pour Rouge et Vert
http://www.alternatifs.org/