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IONESCO ET "LA CHIENLIT ORGANISEE" !

Publie le dimanche 24 juillet 2005 par Open-Publishing

Ce n’est pas sans une certaine répulsion, mais aussi avec une acuité que très peu connurent, que Ionesco utilise ce terme de "chienlit organisée" pour montrer à quelle point la culture ne dépasserait jamais ses propres barrières ni de quelle manière les pouvoirs politiques n’accèderont que très difficilement à la démocratie. Les paroles, le nombre, le quantum électoral, les lois qui bloquent les initiatives entretiennent cette chienlit organisée au préalable rien que par les rivalités et les antagonismes de classes et d’appartenances entre les membres d’une même communauté. Non pas que ces communautés régionales ou nationales manqueraient d’idées ou de projets, au contraire, elles en fourmillent mais sont toujours orientées selon une dépendance économique et bancaire ce qui ne les indiffère guère lorsqu’il s’agit de faire preuve d’une indisponibilité d’esprit à considérer des idées contraires à ses orientations politiques. Equilibre rompu des communautés dès lors que s’infiltre un élément extérieur - mais ce procédé culturel n’est pas anodin face aux multiplications des « surveillances » - destiné à modifier le cours de la vie de ces ensembles avançant et existant péniblement dans les circonférences de la démocratie.

La culture, la liberté d’expression fer de lance des principes de base de toute démocratie qui se respecte, le politique ; tout est broyé par le dirigisme des pouvoirs autoritaires et conservateurs garant de la grandeur nationale qui casque pour chacun des pays la résurgence du terrorisme isolé, ultime réponse à des pratiques de terrorisme d’Etat en vigueur depuis Yalta en somme.

Il est plus facile de dire « et je ne crois pas que nous nous soyons trompés de chemin » plutôt que de reconnaître « je me suis trompé », ce qui est encore plus abouti qu’un « je vous ais compris » salvateur mais politiquement inefficace. De font en comble les valeurs démocratiques en prennent pour leur grade spécifiquement dans des régions chapeautées par des droites séculières et conservatrices qui construisirent leurs éloges sur des mensonges liés à la caricature communiste dont le Parti Socialiste a eu bien du mal à se détacher, s’en est détaché et ferait bien d’y retourner de toute urgence. L’arme absolue dans ce cas de configuration légitimant une certaine forme de primauté politique sur une autre consiste tout d’abord à faire respecter le « secret » des choix personnels des votants sûrement pour laisser flotter une certaine proportion d’indécis sur les barges du racolage et d’ensuite « repérer » ce qui pourrait se définir comme étant nuisible à la sécurité de la domination politique de ces droites réunies en une seule par sa même extrême financière et bancaire, fleuron ultime qui légitime en preuve par quatre de derniers carrés, l’incontestable efficacité des progrès droitiers liés aux parenthèses des flots de chômeurs, de la multiplication des cessation d’activité, du déploiement de sa démocratie armée pour préserver son rayonnement international, du pouvoir de décréter des mesures d’urgence sans se soucier des aspects que cela peut prendre auprès d’une police sans gênes lorsque ces mêmes partis d’extrêmes droites s’en font la franche garante en simplifiant son importance tout en équipant son service, dès lors qu’ils trouvent servants à leurs armes, dans des groupes de missions spéciales et particulières, des centres de formation privés où les jeunes défilent avec des battes de baseball à la main et casqués pour paraître méconnaissable. Parfois ils déferlent sur la voix publique et éduquent les masses, les élèvent vers ces grandes notions que sont la patrie et la nation, contrôlent des banques et pensent faire du peuple la soumission de ses gérances.

En effet, depuis la seconde Guerre mondiale, un certain état d’esprit règne dans les directions militaires trop fortes d’elles-mêmes dès lors qu’un rideau de fer à toutes les démocraties leur donnait quasiment les pleins pouvoirs. « Le nationalisme romantique, allié au colonialisme » dont parle Ilan Pappe dans l’entretien accordé à Don Atapattu défini à la fois les cargaisons d’armes essaimées un peu partout pour que puisse intervenir l’armée d’un pacifisme et une démocratie aux faux ordres ainsi que les cotations boursières élevées, pour le pétrole par exemple, qui reflètent le maintient forcé à la misère dans laquelle ces pays dits sous férule de colonisation sont acculés.
L’annulation de la dette enfin prévue au passage à sa phase d’application ne serait-elle pas une supercherie supplémentaire pour que puisse se poursuivre l’exploitation minière, forestière, humaine et touristique des régions rentables, à forte valeur ajoutée mais aussi synonymes des misères les plus criantes ?

« Il y a des choses qui viennent à l’esprit même de ceux qui n’en ont pas » se redirait Eugène Ionesco (dans Rhinocéros) songeant aux malhabiles politiques de malversation qui s’éloignent des changements possibles. Voyant que « rien n’est nouveau sous le soleil même quand il n’y a pas de soleil » il nous ferait regretter ces courants révolutionnaires considérés d’un point de vue culturel avant que d’être « militarisés » alors que dans ses Notes et contre-notes, il nous fustige par un « vouloir être de son temps, c’est déjà être dépassé ». Alors malades d’hésitations, pris entre le global et le particulier nous lui laisserions la parole dans Tueur sans gages où il affirme ironiquement que « la pénicilline et la lutte contre l’alcoolisme sont bien plus efficaces que les changements de gouvernements » ! !