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De l’illusion démocratique/cnt

Publie le dimanche 24 juillet 2005 par Open-Publishing

IL FUT UN TEMPS où la Droite qui opérait en France était, disait-on, la plus bête du monde. La Gauche n’a eu de cesse de lui disputer le trophée. Aujourd’hui, c’est sous la conduite d’une corporation politicienne planétairement idiote, assurément l’une des plus médiocres de l’histoire, que les Terriens se laissent emporter à grandes enjambées vers l’auto-destruction. Le monceau de stupidités accumulées dans les commentaires critiques qui ont suivi les rejets de la "constitution" européenne laissent pantois. Il mesure l’ampleur des dégâts provoqués dans les têtes de ceux qui en usent, par un langage si religieusement soumis à l’idéologie du marketing qu’il consiste, pour l’essentiel, à dresser l’image inversée des réalités qu’il prétend décrire.

Que les maquignons syndicaux des foules dépossédées souscrivent à la célébration comme "création d’emploi" de ce qui est mise en exploitation de main-d’oeuvre montre combien ils vivent loin des frustrations et des souffrances populaires et signe une incapacité à entendre les cris du peuple, par laquelle ils sont liés au camp des dominateurs.

On ne partage pas impunément l’intimité du maquillage manipulatoire des mots ou l’usage intensif des euphémismes et sophismes corrupteurs de pensée qui sous-tendent la culture contemporaine de la servitude. Le recours continu à la langue de bois aboutit à la longue à la perte de contact avec le réel. En témoignent ce développement durable, hochet à la mode qui énonce une aberration bien dans l’air d’un temps qui voit la bouffonnerie "socialiste" militer en faveur de l’affairisme olympien.

Ce qui est en crise ce n’est pas l’Europe. C’est l’incivilisation du monde marchand. L’insurrection contre les rapports de domination est à nouveau en marche. Intoxiquées par leur propre apologie de la "démocratie" représentative, les "élites" ne semblent pas en mesure de saisir qu’elle est aux yeux des masses citoyennes, depuis quelques temps déjà, en état d’usure avancée.

Bulletin n° 89/15 juillet 05

Devant les frémissements d’un retour de la conscience populaire, devant les ébauches de ré-invention d’une culture pratique de l’action directe qui se manifestent en maints endroits par des actions collectives tendant à créer un nouveau bien-être commun, on se prend parfois à rêver de la vitesse à laquelle pourraient évoluer les choses, dans le bon sens, si le mouvement libertaire prétendument organisé s’occupait un peu plus d’être que de paraître, s’il cessait de laisser courir la confusion entre action et agitation.

C’est à l’échelle de la planète que les masses soumises à la domination, à la spoliation, à l’injustice, à la mégalomanie des malades du pouvoir, commencent à ne voir d’autre recours qu’elles-mêmes pour échapper au désastre. Que ceux qui se revendiquent d’idées dont le principe essentiel est ainsi en train de resurgir par nécessité, s’avèrent incapables de penser et agir à la hauteur de la situation qui se dessine, serait si ridicule que cela pourrait être mortel. Il faut cesser de courir après les modes de la soi-disant modernité. Laissons cela aux gauchistes. La modernité véritable, la modernité permanente est derrière nous. Il faut la ressaisir en nous. Surtout, les comités, bureaux et autres boîtes à lettres doivent redevenir ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être : des exécutifs. C’est-à-dire rien de plus que des exécutants mandatés. Pas des gouvernants.