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Enfouissement des déchets nucléaires à Bure : accord et désaccords

Publie le mardi 2 août 2005 par Open-Publishing

Pour leur dernier jour de festival, les opposants ont mené une action insolite : monter un muret de pierres sur la route d’accès au laboratoire de recherches sur l’enfouissement Meuse/Haute-Marne. Une manière de montrer leur désaccord avec le creusement en cours et la politique du nucléaire en général.

Réveil en fanfare au camp. Les opposants à l’enfouissement de déchets nucléaires, réunis à Bure, à quelques centaines de mètres du laboratoire de l’Andra, ont écourté leur nuit, commencée pour certains aux premières lueurs de l’aube, pour mener une action symbolique, avant de retourner écouter de la musique : la construction d’un muret en travers de la voie d’accès au labo.

Vers 11 h, une immense chaîne humaine de près de 800 bras a charrié des pierres. Sur le tertre situé derrière le rond-point, quelques manifestants ont arraché la pierre. Plus bas, d’autres l’ont fait passer. De main en main elle est arrivée à l’endroit choisi pour "murer l’Andra dans son mensonge", une cinquantaine de mètres plus loin. L’ouvrage a été cimenté, grace à qualques gacheurs travaillant à proximité. Deux heures et quelques tonnes de roches plus tard, un muret barrait la route.

Mobilisation européenne

"Nous sommes le peuple et nous nous battons contre la volonté de quelques nantis", a soutenu au mégaphone Claude Kaiser, vice-président de l’AEMHM (Association des élus meusiens et haut-marnais opposés à l’enfouissement). Pour lui, comme pour les centaines de manifestants réunis là, l’Etat a choisi d’implanter "sa poubelle" dans un endroit où "les gens gueuleraient le moins". Perdu : renforcés par des militants des six coins de l’Héxagone, de Belgique, des Pays-Bas, Meusiens et Haut-Marnais savent se faire entendre.

La mobilisation, très forte durant ces trois jours de fête et de débat, prouve que les opposants à l’enfouissement des déchets nucléaires, eux aussi, savent séduire. Leurs opérations sont habituellement plus réduites. Le succès de celle-ci est de bon augure pour leur cause. L’essai reste à transformer, le 24 septemebre, lors de la manifestation nationale, à Bar-le-Duc.

Grégory Marin


Des outils pour les citoyens

Le festival "Ne pas laisser faire", un rendez-vous musical ? Pas seulement. Débats et forums se sont taillés une bonne place. L’occasion pour les associations de réfléchir sur leur engagement auprès des citoyens et sa médiatisation.

Des gens engagés, les participants au festival "Ne pas laisser faire" ! La plupart émargent dans un collectif, une association, un parti dénonçant la politique nucléaire française. Mais si eux sont correctement informés, qu’en est-il du fameux "citoyen lambda" ? Les associations tentent de mieux faire circuler l’information.

Invité du festival, Romain Chazel, vice-président de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), est intervenu samedi après-midi pour expliquer le travail ("et les victoires", dit-il avec le sourire) de son association. Avec un credo, "être au service du citoyen". Campagnes de sensibilisation, mais aussi de mesures. Car la Criirad se veut "outil scientifique". En multipliant "les expertises sur le terrain, les veilles sur les textes de loi, les appels citoyens, la Criirad veut leur faire se réapproprier l’information". Tous les moyens sont bons : bouche-à-oreille, internet, presse...

Pétitionner et se rencontrer

L’association des élus meusiens et haut-marnais opposés à l’enfouissement, l’AEMHM, partage ce souci. Son secrétaire, Claude Kaiser (maire de Ménil-la-Horgne, en Meuse), pointe les difficultés. "Culturellement, la Meuse, comme la Haute-Marne, ne sont pas rompues à la manifestation". Mais pour la première fois, "on a trouvé un créneau mobilisateur". En faisant le tour des cantons pour faire signer leur pétition, les membres de l’AEMHM (et des bénévoles) rencontrent beaucoup de monde. Leur but ? En faire signer un maximum pour réclamer aux Conseils généraux des deux départements l’organisation d’un référendum local sur l’enfouissement. "Les gens sont majoritairement hostiles, prévient Claude Kaiser. Si le référendum est organisé, on est confiants."

Mais "même les "pour" peuvent signer. "Le principe de démocratie doit jouer."

Porte-à-porte ou campagne nationale, le tout est "d’arriver à toucher les gens". Et la mobilisation joue à tous les niveaux : "Avant on n’avait pas de poids. Quand on arrive aujourd’hui chez Christian Namy (président du Conseil général de la Meuse, Ndlr) avec nos signatures, il nous reçoit. C’est une première", souligne Claude Kaiser.

Source : Journal de la Haute-Marne du 1.08.05

http://www.graphycom.com/jhm/01-08-2005