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Vivre dans la misère à Paris, c’est mortel !

Publie le vendredi 26 août 2005 par Open-Publishing
1 commentaire

La misère tue

Cette nuit, la misère a encore tué : vingt morts de plus à son actif. L’incendie d’un appartement insalubre du 13e arrondissement de Paris n’a rien de surprenant... il n’en est que plus insupportable. Déjà, en avril, un incendie dans un hôtel du 9e arrondissement hébergeant de nombreux immigrés avait fait 24 morts, pour moitié des enfants. L’empressement de nos dirigeants à oublier cet évènement fut à la hauteur de l’indignation qu’il avait momentanément suscité.

Sarko, l’immigration, ça le connait

Et aujourd’hui, on remet ça. Sarko se précipite, et annonce qu’il est temps (enfin) de recenser "tous les immeubles qui peuvent présenter une situation de dangerosité en termes d’incendie et de sur-occupation [1]". Et d’ajouter : "la difficulté, c’est que tout un tas de gens qui n’ont pas de papiers pour certains, s’amassent à Paris, qu’il n’y a pas de conditions pour les loger [2]".

Allons Nicolas, pas de fausse modestie, tu es l’homme de la situation : grâce à tes charters, de nombreux sans-papiers ont échappé à ce sort tragique. Plutôt que de mourir de misère à Paris, il sont renvoyés dans leur pays... pour y mourir de misère. C’est mieux ainsi, n’est-ce pas ? On évite d’avoir à s’indigner, on peut oublier tranquillement l’existence de ces damnés de la terre. Pour reloger les victimes de l’incendie, dans ta grande prévoyance, tu as sans doute déjà pensé aux nombreux centres de rétention ou aux immondes zones d’attente dans lesquels les immigrés "illégaux" attendent, parqués comme des bêtes, leur expulsion par vols spéciaux.

Chirac, lucide...

Et quand Chirac monte au créneau, pour débiter des évidences et des non-sens, on hésite entre rire de dépit et pleurer d’indignation :

"Cette catastrophe épouvantable endeuille la France toute entière. Je m’incline avec émotion devant les disparus [...]. J’attends des enquêtes en cours qu’elles fassent au plus tôt toute la lumière sur les circonstances exactes de ce drame et permettent d’en tirer toutes les conséquences. [3]"

Outre qu’on ne "tire" pas les "conséquences" d’une enquête, la leçon devrait pourtant être claire : ceux qui tolèrent la misère ou ceux qui l’utilisent sont responsables de toutes ces morts. Marchands de sommeil qui remplissez vos bourses sur le dos des pauvres, patrons qui exploitez la force de travail des sans-papiers, dirigeants qui organisez méthodiquement l’aggravation des inégalités par des "réformes" iniques, ne vous sentez vous pas coupables ?

Aubry accuse

Jusqu’à Martine Aubry qui fait de ce drame un révélateur de la "crise du logement" qui touche le pays :

"Une fois de plus on se réveille un matin avec un drame épouvantable comme celui-là[...]. Après celui d’avril, combien en faudra-t-il pour qu’on se rende compte que problème de la crise du logement est un problème majeur dans ce pays ? [4]"

Gageons que du PS à l’UMP, de la mairie de Paris à Matignon, chacun va mettre en oeuvre les mesures d’urgence qui s’imposent : réquisition des logements vides, comme la loi les y autorise depuis longtemps ; régularisation de tous les sans-papiers ; augmentation des minimas sociaux ; construction de logements sociaux à proximité des lieux de travail...

Car la "crise du logement" n’est pas davantage responsable de ces évènements que la canicule n’était la cause directe du décès des personnes agées, en 2003. La cause de tels drames, c’est cette société là, qui fabrique la misère. Pour le bonheur de quelques-uns, et le malheur de tous les autres.

– source

[1] cité par l’AFP, le vendredi 26 aout 2005 à 8h07

[2] ibid.

[3] cité par l’AFP, le vendredi 26 aout 2005 à 8h53

[4] cité par l’AFP, le vendredi 26 aout 2005 à 8h12

Messages

  • Les hypocrites de service ont encore frappé (et la liste est longue).

    Ici, nous avons, d’abord, le nain Sournois qui ne perd pas une occasion de brailler qu’il y a des sans-papiers partout.... PARTOUT, JE VOUS DIS !

    Ainsi, si l’immeuble était insalubre et s’il a pris feu, c’était parce qu’il était sans doute habité par des clandestins sans foi ni loi qui s’entassent comme des bêtes et viennent prendre l’espace vital et manger le pain des bons immigrés.

    Nul doute qu’il va s’empresser de convoquer la presse pour faire procéder aux descentes de police qui s’imposent (à lui) pour débusquer les intrus et faire murer les immeubles… jusqu’à ce les spéculateurs se penchent sur leur cas.
    Mais comment peut-on être aussi abject devant les cendres encore chaudes des enfants et des adultes que l’Etat français n’a pas su protéger ?

    Puis, il y a Blanche-Neige qui découvre avec stupeur et « émotion » ce qui se passe dans son pays. C’est vrai, ça quand il était maire de Paris, on lui cachait tout (il n’y a qu’à voir le nombre d’ « irrégularités » commises à son insu) et maintenant qu’il est assis sur son trône, on ne lui en dit pas plus. Ne dites pas à sa femme qu’il est tricard de service : elle croit qu’il est le chef de l’Etat.

    Quant à Aubry : telle qu’en elle même. .. Elle découvre elle aussi toute la misère du monde quand elle est dans l’opposition. Elle a peut-être plus de temps ?