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RSF, déguisée en ONG, freine sur les dents

Publie le mercredi 31 août 2005 par Open-Publishing
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de Line Arez Demoro

Rappelons-nous, il y a peu, cette officine organisait une manifestation violente devant l’Ambassade de Cuba à Paris, elle en cadenassait les grilles, elle réunissait le tout-Paris-paillettes-caviar au théâtre des Champs Elysées pour une soirée anti-cubaine, elle fabriquait et distribuait une photo truquée du Che déguisé en CRS frappeur (forfait monstrueux quand on sait ce que le Che a fait pour ce peuple qu’il a contribué à libérer), elle distribuait des tracts dans les aéroports pour dissuader les touristes de se rendre à Cuba, elle produisait des clips télé sur l’enfer cubain, elle se payait des pages de pub dans la presse écrite contre « le régime cubain » elle expédiait au Président de l’Union européenne une lettre ouverte pour exiger son aide afin d’intervenir à Cuba dans les domaines culturel, économique, social, médiatique, politique, de santé, ce qui constituait un véritable plan visant à renverser le gouvernement cubain.

Rappelons-nous encore (ou voir sur le site de RSF) : son rapport d’activité 2004 qui analysait la liberté de la presse dans le monde était marqué par une obsession : Cuba. D’emblée, l’île des Caraïbes était clouée au pilori (premières lignes du premier et du deuxième paragraphe) et ça continuait en leitmotiv dans quatre autres paragraphes au fil du rapport.

Et voilà que le récent rapport 2005 nous fait attendre son huitième paragraphe pour découvrir en cinq petites lignes rikikis et prudentes le nom de Cuba (une seule fois !). Autres surprises : RSF omet d’imprimer les mots « goulag tropical, lider maximo et prédateur » et nous régale au contraire d’« une bonne nouvelle » (la libération de Rivero et de six autres). Inouï : dans le rapport de RSF sur Cuba, une « bonne nouvelle » est annoncée. Du coup, l’officine grille Le Monde dans la course à l’objectivité. On a remarqué en effet qu’aucune « bonne nouvelle » venant de Cuba n’est imprimée dans ce quotidien depuis des lustres. Certes, on pourrait reprocher à ce petit paragraphe du rapport 2005 sa dénonciation du « monopole d’Etat » de l’information à Cuba. D’abord parce que c’est faux (et ce n’est pas l’Eglise cubaine ni le très réactionnaire l’évêque de Santiago, nostalgique affiché de Batista, qui me contrediront), ensuite parce qu’il faudrait aussi, en toute logique, déplorer pareillement le « monopole privé » de la presse dans bien des pays. Robert « Bob » Ménard, qui a travaillé pour France-3 Montpellier, nous expliquera-t-il un jour en quoi un journal appartenant à des oligarchies financières est a priori plus objectif que ceux qui appartiennent à la nation et qui sont susceptibles de voir leur déontologie contrôlée par le peuple, lequel, en la matière, n’a de leçon à recevoir ni de Dassault, ni de Lagardère ?

Cela dit, il reste que RSF manoeuvre brusquement en recul, se refait un maquillage. La retraite (tactique, je ne suis pas naïve) était également visible sur son site dans son plaidoyer maladroit du 6 juillet, admirablement démonté par Viktor Dedaj sur plusieurs sites. RSF tentait piteusement de convaincre qu’elle n’en voulait pas particulièrement à Cuba, affirmation qui postule que ceux qui fréquentent son site sont aveugles, idiots et amnésiques à la fois. En effet, aucun autre pays au monde n’a autant fait l’objet de la hargne constante de RSF. Et cela ne se mesure pas au « nombre de communiqués » seul critère retenu par RSF pour se justifier (est-ce minable, mon Dieu !), mais au nombre d’actions et de mensonges déversés. Et quelle tristesse de voir RSF clamer sa prétendue sévérité envers les USA (ces tueurs récidivistes de journalistes à Belgrade, Kaboul, Bagdad, ces complices de toutes les dictatures militaires latino-américaines « prédatrices de la liberté de la presse »). Qui a vu une carte postale de RSF représentant un Bush/CRS-SS ? Qui a vu RSF cadenasser les grilles de l’ambassade US à Paris ? Qui a vu RSF distribuer des tracts aux touristes en partance pour New York ? Qui a lu Bob écrivant à l’Union européenne pour qu’elle intervienne dans tous les domaines de la vie des USA afin de renverser Bush ? Qui a vu RSF produisant des clips contre la liquidation de journalistes en Irak ? Qui a vu Bob Ménard refuser l’argent des services secrets US ? (« Ce serait stupide de refuser cette somme », a-t-il tranquillement affirmé à un journaliste canadien qui l’interrogeait sur les dollars de la NED).

Pour l’anecdote (rigolote), on n’oublie pas que c’est Bob lui-même qui est allé recruter à La Havane un journaliste. RSF lui reprocha par la suite de ne pas traiter Castro d’« assassin » dans ses articles et lui demandait de fournir des indications sur les « dissidents » dans la police et dans l’armée (gag : ce journaliste était en fait un agent de sécurité cubain).

Donc, RSF joue la prudence dans son rapport 2005 et rame sur son site pour protester de son impartialité face à Cuba.

Le feu au plancher, Bob ? Trop d’amis de Cuba qui démontrent, preuves à l’appui, ton amour pour les USA, leur armée, leur agence de renseignement ? Trop de médias qui commencent à prendre leurs distances ? L’Union européenne qui a enregistré une plainte contre toi et qui ne t’a pas versé un sou en 2005 ? Une journaliste US qui produit la preuve que tu émarges à la NED, officine écran de la CIA ? L’obligation où tu te trouves d’avouer enfin ce que tu niais avec aplomb et ce que cachent au public les bilans comptables de RSF : votre financement par le « Center for a free Cuba » (autre organisation écran de la CIA, d’après un de ses ex-agent, Philip Agee) ? Des documents officiels US déclassifiés qui gênent aux entournures ? La terrible certitude que d’autres vont suivre ? La crainte que le vrai visage de RSF, abondamment décrit sur Internet dans des livres, dans des journaux alternatifs, ne soit plus longtemps dissimulable par la « grande presse » ?

Du rififi à l’intérieur de RSF peut-être ? Normal : qui a vu, en France, une ONG accepter de l’argent de la CIA, le nier sans vergogne, puis être forcée de l’avouer et conserver son chef ?

Ménard grillé comme un fusible ? C’est manifestement la question que se posent les ONG au courant de ces vérités, ainsi que quelques organes de presse qui prennent leurs distances et jusqu’à l’officine RSF, laquelle ne compte pas que de ménardiens et n’ignore pas que le jour approche où le scandale éclatera, et tuera RSF si le rejet de ces compromissions et de son responsable tarde trop.

Mais est-il encore temps ? Nous verrons bientôt...

En attendant, réjouissons-nous de ce constat : le rapport annuel 2004 de RSF a presque failli oublier de parler de Cuba et l’officine est contrainte de se justifier longuement sur son site en tentant l’impossible gageure, pathétique et comique à la fois (si, si, allez y voir) de convaincre ses lecteurs que, loin de détester Cuba, RSF n’hésite pas à rosser les USA de belle manière. Quelle clownerie !


NB. En 2002, RSF s’est doté d’un bras judiciaire (le réseau Damoclès) afin d’agir sur le plan juridique « pour mettre fin à l’impunité dont bénéficient assassins et tortionnaires de journalistes ». Devinette : combien de fois est intervenu Damoclès après des assassinats de journalistes par l’armée de Bush ?

Zéro ? Vraiment ? (Si vous vous dites « Tiens ! Pourquoi ? », relisez cet article depuis le début et tous ceux qu’on trouve sur Internet en tapant, au choix : Ménard, RSF, mensonges, CIA, US Army, anti-castriste, dollars.

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