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Epinay-sur-Seine : Yves est mort seul au pied de son ancien immeuble

Publie le mercredi 31 août 2005 par Open-Publishing

UNE VESTE bleue, une chemise et un pantalon noirs. Au 53, avenue
Gallieni, à Epinay, on ne se souvient pas avoir croisé Yves vêtu
autrement qu’avec ce costume dépareillé. « Il disait tout le temps
bonjour, on le voyait tous les jours, il dormait dans les parties
communes », confie une jeune locataire de cet immeuble privé de huit
étages, attristée par le décès du quinquagénaire, que beaucoup
appelaient par son prénom.

Un homme qui déambulait dans la rue, souvent un sac à la main, sans
trop s’éloigner du bâtiment. Dimanche, il a été découvert inanimé dans
le local à poubelles, une bouteille de vin rosé vidée à côté de lui.
La police judiciaire a été immédiatement saisie pour rechercher les
causes de la mort. D’après l’autopsie réalisée hier, il s’agirait d’un
décès naturel. La fin tragique d’un isolement total, pour cet homme de
57 ans qui avait été expulsé de ce même immeuble il y a quelques mois.
La demande d’expulsion à l’encontre de ce locataire avait été réclamée
en 2004 et effective cette année, « pour des problèmes de paiement de
loyer », croit savoir une voisine.

Après l’expulsion, les
fonctionnaires de police présents avaient d’ailleurs trouvé cet homme
si fragile qu’ils l’avaient conduit auprès des services sociaux de la
ville. Il semble qu’Yves n’a pas vraiment cherché à être aidé. « Il
avait fait une demande pour percevoir le RMI et, depuis 2003, il ne
s’était plus jamais manifesté et n’avait pas fait de demande de
logement HLM », précise-t-on à l’hôtel de ville d’Epinay. Yves aurait
peut-être rencontré une assistante sociale du département courant
2004, mais hier, le conseil général n’était pas en mesure de le
confirmer.

Il avait été expulsé pour des problèmes de loyer Depuis son expulsion,
le célibataire continuait à vivre dans les parties communes, dans la
buanderie qui surplombe la rampe d’accès au parking souterrain, commun
aux 53 et 55. Il passait par le hall d’entrée. « Il avait le code,
puisqu’il vivait là avant et il avait dû garder la clé », estime une
adolescente. « Il avait bien parlé de ses parents âgés mais ne voulait
pas les déranger, il avait préféré rester là », précise une mère de
famille. On lui connaissait un enfant, né en 2001 d’une compagne plus
jeune. Leurs chemins s’étaient séparés en 2003.

Le Parisien 93 du 30/08/2005