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Logement : à la porte

Publie le jeudi 1er septembre 2005 par Open-Publishing

C’est peut-être pour ça que sont faites les catastrophes, pour qu’on prenne enfin, c’est-à-dire trop tard, les mesures qui auraient permis qu’elles n’aient jamais lieu. Après trois brasiers et leur cinquantaine de victimes, le sort des très mal logés est en passe d’être proclamé grande cause nationale. C’est ce qu’on appelle la politique de l’émotion, celle qui se fait à rebours du dicton qui veut que gouverner, ce soit prévoir.

De l’émotion, il y en a certes eu beaucoup avec les images terribles de ces incendies. Mais, plus banalement, derrière les logements de fortune des infortunés, il y a surtout de la mauvaise gestion, des lignes d’investissement en matière de logement indifférentes aux besoins réels, des pesanteurs bureaucratiques vécues comme une incontournable fatalité. Sarkozy a raison de vouloir supprimer les squats ou taudis dangereux pour leurs occupants ou même leurs voisins mais l’ex-maire de Neuilly a tort de s’accommoder et même d’encourager indirectement un système qui n’offre à ces misérables d’autre choix que de se regrouper à leurs risques et périls en marge de la normalité et dans les interstices de la loi.

Depuis des années, le logement social connaît une crise de construction mais aussi de conception, jusqu’au paradoxe de la destruction de tours ou de barres comme urbanisme branché. Même des candidats qui remplissent toutes les conditions d’attribution ­ à commencer par des papiers en règle ­ restent à la porte du logement social pendant des années. Le goulet d’étranglement qui aboutit au logement lamentable de ceux qui n’ont pas ce minimum d’insertion se situe en aval des structures d’urgence et contribue à leur saturation. La bétonneuse est la meilleure lance à incendie.

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