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Un agent EDF risque des sanctions pour ne pas avoir coupé le courant

Publie le jeudi 1er septembre 2005 par Open-Publishing
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UN AGENT EDF peut-il, au nom de ses convictions, refuser d’effectuer une coupure d’électricité pour impayé chez une famille modeste ? La réponse ne fait aucun doute pour la centaine de militants CGT qui s’était déplacée hier matin devant le centre de distribution EDF d’Asnières. Accompagnés d’élus communistes, les syndicalistes sont venus défendre un salarié d’EDF menacé de sanctions pour n’avoir pas appliqué les consignes de sa direction. L’affaire remonte au 12 juillet dernier.

Ce jour-là, les comités de chômeurs CGT bloquent l’établissement EDF de Villeneuve- la-Garenne où travaille Noël Hospitael. Ils protestent contre les coupures d’électricité visant souvent des familles défavorisées. La CGT estime que le centre d’Asnières (qui rayonne sur trois départements) a pratiqué jusqu’à 6 000 coupures d’électricité et de gaz entre janvier et juin 2005.

« Après négociation avec le
responsable du site de Villeneuve pour qu’aucune coupure ne se réalise
le 12 juillet, les agents ont pu circuler librement et effectuer leur
tournée de relève, explique la CGT-Energies.

Mais, une fois le barrage
levé, la direction a recontacté par téléphone ses agents pour leur
demander de procéder aux coupures. » Noël Hospitael, technicien
clientèle depuis quatorze ans à EDF, effectue bien sa tournée mais
refuse de couper le courant. « Si je l’avais fait, j’aurais eu honte
vis-à-vis des manifestants, raconte l’agent. Ce n’était pas un acte
militant de ma part, mais un geste humain. »

« Noël a fait parler son coeur »

Aux yeux de la direction d’EDF, les choses sont plus simples : Noël
Hospitael n’a pas « réalisé les interventions demandées par sa
hiérarchie et indiquées sur les bons qui lui avaient été remis » et
aurait en outre « dissimulé ce fait en saisissant des comptes rendus
d’interventions inexactes ».

A la direction d’EDF Asnières, on
souligne qu’il a commis « une infraction » en ne réalisant pas le
travail demandé par sa hiérarchie. « L’accompagnement des clients en
difficulté se fait largement en amont, précise Lionel Thovert, le
directeur adjoint du centre d’Asnières. Les coupures, quand on y
arrive, ne sont que l’aboutissement d’un long processus de discussion
avec les clients en liaison avec les services sociaux.

Nous ne coupons
jamais du jour au lendemain, et, quand nous le faisons, nous laissons
généralement un mois au client pour se retourner en réduisant
simplement la puissance électrique de l’appartement ». Les militants
CGT, eux, n’en démordent pas. « Noël a fait parler son coeur » et
aucune sanction ne devrait être prise contre celui qu’on appelle déjà
Robin des Bois. « Les agents EDF n’ont pas été embauchés pour jouer
les bourreaux en coupant le courant à des familles modestes, ce qui ne
fait que rajouter à leur situation de misère », juge un membre du
collectif anticoupures.

Pour le conseiller général communiste Patrice
Leclerc, l’action des Robins des Bois pose en fait une question de
société : « Peut-on priver au XXI e siècle les gens d’énergie, et
l’accès à un minimum d’électricité et de gaz n’est-il pas un droit
pour chaque citoyen ?

Couper l’électricité à des gens en difficulté,
c’est en outre favoriser l’arrivée de bombonnes de gaz dans les
immeubles et les bricolages électriques de toute sorte. Avec les
conséquences que cela peut impliquer... »

Le Parisien 92 du 1/09/2005

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