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L’immeuble qui vient de brûler à Paris rue Vincent Auriol a une histoire très particulière...

Publie le dimanche 4 septembre 2005 par Open-Publishing
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Les gens sont relogés dans des taudis

A propos de l’incendie bld Vincent Auriol à Paris

L’immeuble qui vient de brûler à Paris rue Vincent Auriol a une histoire très particulière, vu qu’il fut une " victoire du D.A.L." suite au
campement du quai de la gare.

L’objet de l’article qui suit n’est pas de relancer une polémique, mais
l’amnésie hypocrite des (NDLR Bellaciao quelque) organisations de gauche et d’extrême gauche qui “ communiquent ” est scandaleuse, indécente, et mérite un rappel des faits .

Un peu d’histoire .... Le phénomène des taudis et marchants de sommeil est
aussi vieux que l’industrialisation de la région Parisienne, chaque
immigration l’a subie, y compris à une époque les bourguignon, les
bretons, etc. considérés comme des étrangers à Paris, avec à la clef des
drames comme rue Vincent Auriol. A partir des année 1980, on voit des
familles maliennes, sénégalaises squatter des immeubles laissés vides dans
des quartiers en voie de rénovation. La presse en parle comme des dealers
de drogues dures pour justifier l’expulsion de familles ( îlots Chalon,
rue des flandres) .

En 87, suite à une série d’incendies meurtriers, un petit groupe militant
crée le Comité des Mal-logés qui organise l’occupation de logement H.L.M.,
intervient quotidiennement contre les marchands de sommeil, dénonce la
politique du logement comme un aspect de l’exploitation subie par les
ouvriers . En quelques années le C.M.L. devient une structure de nombreux
mal-logés/militants. Au printemps 1990 le gouvernement (de gauche), décide
de lui régler son compte en expulsant deux immeubles squattés qui
abritaient les locaux du C.M.L. Ce fut une des rares expulsions loupée de
l’histoire des squats a Paris. Malgré un déploiement de forces
spectaculaires (2000 c.r.s.) les militants du C.M.L. occupent la rue et au
bout de quelques jours l’ensemble des organisations classées à gauche, à
l’extrême gauche, au centre et des organisations caritatives les
rejoignent. Bref toutes les organisations opposée a Chirac (maire de Paris
à l’époque) se précipitent place de la réunion pour soutenir le C.M.L. La
place de la réunion sera occupée six mois et tous les expulsés relogés en
logement H.L.M. conformément aux revendications du C.M.L.

Le C.M.L. et les organisations qui viennent le soutenir n’ont pas les
mêmes orientations. Par accord tacite la rupture n’éclatera qu’après le
dernier relogement avec la création du D.A.L. Pour faire rapide on peut
comparer les divergences entre ceux qui défendent un “ syndicalisme de
lutte de classe ” et ceux qui défendent un syndicalisme “ de participation
”.

Les organisations se veulent “ pragmatiques ”, critiquent la politique de
Chirac et limitent la question du logement à Paris intra muros. Elles
proposent des solutions qui se voudraient à la fois plus convenables pour
les mal-logés et acceptables pour le gouvernement. En fait elles ne font
que répondre aux attentes de l’Etat, qui se désengage du logement social.
Aux revendications portées par des ouvriers demandant leurs droits en
matière de logement, elles substituent le besoin d’un toit pour des
pauvres familles... et entérinent de ce fait la fin du logement social. Le
C.M.L. refuse les relogements “ provisoires ”, les baux glissants, les
relogements en cabanes Algeco parce qu’il y voit la reconduction des
taudis. En effet ses adhérents ne sont pas “ à la rue ” mais vivent dans
des taudis, et c’est pour sortir de cette situation de précarité qu’ils
luttent . Le C.M.L ne fait pas de différence entre Paris, sa banlieue,
voire la France entière quelque soit la couleur politique des communes ou
il intervient et fonctionne sans hiérarchie dirigeante.

Le D.A.L. est crée en concurrence du CML et presque toutes les
organisations le soutiennent,. mais le C.M.L. peut encore compter sur bon
nombre de mal logés, de jeunes squatter, et il a pris l’habitude de
s’implanter sur les lieux de travail (grève à la COMATEC, débrayages au
nettoyage de la ville de Paris.)

Le D.A.L. poussé par la nécessité d’apparaître comme le représentant
unique des mal-logés se lance dans des interventions, et ses premières
mobilisations sont des échecs par ce qu’il manque de crédit auprès des
mal-logés. Alors il organise dans l’urgence un campement sur les bords de
la seine, au quai de la gare. Cette lutte jouie comme toutes les actions
du D.A.L. d’une large couverture médiatique en sa faveur, alors que sur le
campement c’est la catastrophe, les mal logés sont isolés et ne peuvent
bénéficier de la solidarité du voisinage. Les problèmes s’amoncellent, les
mal-logés qui campent sont privés de toute autonomie (en exemple le
président du D.A.L. jb Hérault est convaincu d’avoir détourné la caisse du
D.A.L. au profit d’une association qu’il contrôle sans contestation pour
empêcher les gens de gérer leur lutte). Le gouvernement sera obligé de
prendre directement les choses en mains, de déplacer l’abbé Pierre pour
"convaincre" les mal-logés d’accepter des relogements provisoires en
cabanes algéco, ou dans cet immeuble délabré et réquisitionné par l’Etat
rue Vincent Auriol (avec la menace à la clé de démonter les tentes
financées par Emaus et les organisations pour mettre fin au campement.)

Cette "victoire du Dal" qualifiée comme telle par le Dal et les
organisations qui le composent ou le soutiennent est une défaite pour tous
les mal-logés.

Les gens sont relogés dans des taudis ; avec des baux précaires qui les
privent de droits. Quant au relogement définitif, ce ne sont que des
promesses peu crédibles, car la politique du logement n’a pas changé et
les associations liées à Emmaus qui gèrent les baux glissants ne relogent
la plupart du temps que des célibataires et des couples sans enfants. De
plus pour briser la résistance des mal-logés, le D.A.L. favorise les
corrompus, exacerbe les rivalités, ce qui fait de l’immeuble rue Vincent
Auriol est un lieu ingérable, et on aura recours a des vigiles privés pour
maintenir l’ordre dans les camps d’algéco .

Tout cela est présenté dans les médiats, dans le discours des
organisations comme une “ victoire du D.A.L. ” qui désormais aura “ relogé
plus de familles que le C.M.L. ”. Ils se félicitent d’avoir créé un
précédent en obligeant l’Etat à réquisitionner des logement vides.( en
fait des super taudis), et présente aussi comme "victoire" la mise en
place par l’Etat d’un partenariat avec les associations caritatives pour
la gestion des baux glissants (et aussi pour la gestion des mises sous
tutelle, mais cela ils en parle beaucoup moins).

Si le drame qui vient de se produire rue Vincent Auriol est avant tout la
conséquence d’une politique libérale, sur ce cas, la responsabilité
d’Emmaus, du D.A.L., des organisations de gauches et organisations
syndicales est précisément engagée. Précisons que depuis des dizaines
d’années les pouvoirs publics proposent des relogements provisoires aux
familles mal-logées, comme dans cet hôtel de l’Opéra qui a brûlé en avril.
Les mal-logés relogés rue Vincent Auriol n’étaient pas à la rue. Ils ont
rejoint le D.A.L. comme d’autres ont rejoint le C.M.L. pour revendiquer
d’autres logements que leurs taudis. Le D.A.L. n’aura servi qu’a user les
volontés de lutte, pour faire accepter au mal-logés ce qu’ils refusaient
au départ . Ce drame démontre que le D.A.L n’a rien résolu pour ces
familles contrairement à ce qu’il clamait haut et fort a l’époque du quai
de la gare . Non seulement elles auront vécu dix ans de plus dans un
taudis et il faut une fois de plus que certains en meurent pour qu’on en
prenne conscience.

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