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Non à la banalisation du terrorisme de l’Etat turc par l’UE

Publie le lundi 19 septembre 2005 par Open-Publishing
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Le 3 octobre 2005 est une date fatidique pour tous les défenseurs des droits de l’homme et les travailleurs en général : elle marque le début des pourparlers entre l’UE et le régime terroriste d’Ankara en vue de son adhésion.

Pour faire partie du club des 25, l’Etat turc devait respecter un programme de démocratisation appelé “critères de Copenhague” qui comporte plusieurs volets : la liberté d’expression, de manifestation, les droits des minorités etc.

Mais peu à peu, les décideurs européens ont jeté ces critères aux oubliettes, privilégiant les intérêts commerciaux et stratégiques sur les principes "humanistes". Les questions des droits de l’homme se focalisèrent absurdement sur la loi sur l’adultère qui finit par être modifiée.

Et puis, ce fut au tour de la question chypriote de défrayer la chronique. A ce jour, le régime d’Ankara refuse toujours de reconnaître la république chypriote grecque, ce qui ne semble plus déranger les commissaires européens.

Entre-temps, les questions les plus brûlantes telles que la torture, le régime d’isolement carcéral, les massacres perpétrés dans les prisons, dans les montagnes ou dans la rue, les violations des libertés individuelles et collectives etc. passent tout bonnement à la trappe.

Terrorisme d’Etat à gogo...

Pourtant, malgré les déclarations triomphales des commissaires européens sur les avancées démocratiques de la Turquie, on constate que les exécutions extrajudiciaires, la torture, les mauvais traitements et la censure sont restées monnaie courante. La police pratique toujours la torture et le viol, encouragée par la clémence des lois à l’égard des tortionnaires.

Les écrivains, les artistes et les caricaturistes sont impitoyablement poursuivis. On compte toujours 2.788 détenus politiques dans les prisons turques (source : Zaman, 12 août 2005) dont 7 journalistes et un nombre incalculable d’étudiants, de syndicalistes, d’artistes, d’activistes politiques. Ces derniers sont systématiquement soumis aux mauvais traitements des gardiens et des militaires.

Le 30 juillet dernier, une vingtaine de détenus du DHKP-C incarcérés à la prison de Tekirdag de type F n° 2 ont été tabassés à mort par les militaires et les gardiens puis transférés de force vers d’autres prisons. Depuis 5 ans, les prisonniers du DHKP-C sont en « jeûne de la mort » contre le régime d’isolement auquel ils sont confinés dans les fameuses prisons de « haute sécurité » dites de « type F » importées d’Europe et des Etats-Unis. Les deux derniers gouvernements ont laissé 120 détenus et leurs proches mourir dans cette résistance.

Au lieu de résoudre le conflit, ils ont ordonné aux médecins de nourrir les grévistes de la faim de force, ce qui a provoqué la mutilation de près de 600 détenus qui souffrent désormais du syndrome de Wernicke-Korsakoff alors que l’alimentation forcée est formellement interdite par les traités médicaux de Tokyo et de Malte. L’Etat turc se veut intraitable sur le dossier des prisons de type F et n’hésite pas à recourir à la violence pour éradiquer le mouvement de grève de la faim et faire taire les familles des détenus.

Pourtant, depuis le 16 septembre 2003, c’est-à-dire depuis exactement deux ans, les parents de détenus affiliés à l’association des familles de prisonniers politiques (TAYAD) bravent les interdits et les matraques de la police en jeûnant dans le parc Abdi Ipekçi à Ankara, à proximité des bâtiments ministériels, dans l’espoir de donner un écho à la résistance tragique de leurs enfants.

Avec l’aide des milices fascistes en civil...

Le gouvernement turc fait appel aux mouvements fascistes, notamment aux “Loups Gris” pour réprimer les manifestations pacifiques. En avril dernier, les fascistes ont lynché 5 distributeurs de tracts de l’association TAYAD dénonçant les mauvais traitements dans les prisons de type F.

Les universités sont quasi quotidiennement prises d’assaut par les “Loups Gris” : on compte plusieurs blessés graves à la sortie des cours. Toujours dans le courant du mois d’avril, les « Loups Gris » ont appelé à brûler les livres d’un écrivain turc, Orhan Pamuk qui a osé parlé du génocide arménien et des massacres visant le peuple kurde. De son côté, la « justice » l’accuse d’avoir insulté la nation turque pour ces mêmes propos.

Depuis, les milices fascistes ont le vent en poupe, n’hésitent pas à tabasser femmes, enfants ou vieillards, comme le 4 septembre dernier, durant les manifestations pacifistes pro-kurdes qui se sont déroulées à Bozöyük et à Eskisehir.
La presse progouvernementale appelle ces hordes d’assassins “le peuple”, légitimant ainsi ces méthodes barbares.

... et des lois d’adaptation pro-européennes

Le 1er juin dernier, les autorités turques ont ratifié une série de lois afin de normaliser leur législation avec les standards européens. Ces réformes du Code pénal turc (TCK) ont été chaudement applaudies par l’UE. Pourtant, vues de plus près, on constate que ces modifications législatives limitent considérablement les droits et les libertés élémentaires, notamment la liberté de la presse.

Le même jour, une nouvelle loi d’application des peines (CIK) portant atteinte aux droits des prisonniers est passée sans qu’il n’y eut la moindre contestation de la part des instances européennes.

C’est que la sacro-sainte “croisade contre le terrorisme” fait oublier bien des principes démocratiques élémentaires : les tortionnaires turcs se frottent les mains depuis que l’Europe parle de renforcer ces lois anti-terroristes. Grâce à ce climat répressif, en Turquie, la compétence des écoutes téléphoniques ne dépendra plus du juge d’instruction mais directement de la police. La garde à vue sera prolongée. Les suspects pourront être arrêtés et mis en cellule d’isolement sans la moindre preuve. La propagande politique sera davantage réprimée.

L’Europe du capital nuit tant aux travailleurs européens que turcs

Sur le plan économique et financier, le patronat européen planifie le démantèlement de toutes les conquêtes sociales des travailleurs, comme l’accès à la santé et l’éducation, le droit au chômage, aux allocations familiales et à une pension décente.
D’ici 2010, l’UE projette en outre d’appliquer une série de plans d’austérité semblables à ceux de la loi Haartz IV et de l’agenda 2010 en Allemagne (nombre d’entre elles sont déjà d’application) etc. Partout en Europe, de nouvelles lois anti-immigrés ravivent les sentiments racistes et l’idéal fasciste de l’‘Europe blanche’.

Les services de police, l’armée et les appareils judiciaires fusionnent en des corps de plus en plus hostiles à la contestation sociale. L’Europe se militarise et se fait ainsi de plus en et plus agressive.

Si l’on retient que la Turquie est un pays néo-colonisé, dominé par une poignée d’oligarques qui condamnent 20 millions de personnes à vivre sous le seuil de pauvreté et où le revenu minimum pour un travailleur turc est moins de 200 euros (=350 nouvelles livres turques, YTL) , il semble évident que l’UE ne peut ni ne veut offrir aux travailleurs de Turquie ce dont elle prive les travailleurs européens.

Par conséquent, ni le travailleur turc, ni le travailleur européen n’auraient intérêt à cette intégration capitaliste. Au contraire, l’adhésion de la Turquie fera d’une part des crimes commis par Ankara un problème interne à l’Europe et d’autre part, provoquera le nivellement par le bas des salaires des travailleurs.

Derrière la candidature de la Turquie, il y a Washington

Si l’UE insiste tant sur les négociations d’adhésion de la Turquie malgré le “non” européen au traité constitutionnel européen et à son élargissement, c’est surtout en raison des pressions exercées par Washington : Bush se préoccupe personnellement de mener les tractations en faveur de la candidature turque car il espère compter sur Ankara pour influencer la politique européenne selon les intérêts stratégiques des USA.
Nous appelons donc l’opinion publique démocratique d’Europe à redoubler de vigilance face aux menaces qui pèsent sur tous les travailleurs à travers l’intégration du régime des tortionnaires d’Ankara. Car l’adhésion de la Turquie à l’UE ne signifie pas la démocratisation de la Turquie mais la fascisation de l’Europe et une ingérence US accrue.

 Non à la Turquie dans l’UE. Non à l’UE dans la Turquie.
 Non à l’Europe du capital. Non à la Turquie de l’oligarchie.
 Vive la fraternité entre les peuples et les travailleurs.

Comité des relations internationales du DHKC
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