"Le Copyright deviendra caduc à force de téléchargements et de remix de remix" par David BOWIE

David Bowie prévoit une remise à plat de la propriété intellectuelle
Publié le samedi 6 septembre 2003. Mis en ligne le mardi 9 septembre 2003.

Selon vous, qu’est-ce que le disque peut espérer, ou redouter, de l’Internet ?

Il me paraît évident qu’avant la fin de la décennie le commerce électronique sera amené à bouleverser l’industrie musicale. Dans un même ordre d’idée, la notion de propriété intellectuelle va être révolutionnée à un tel degré que le copyright deviendra caduc à force de téléchargements et de remix de remix de remix, etc. Cette période de transition que nous vivons est comparable, à mon sens, à l’invention de l’imprimerie. Seule existait la Bible, jalousement gardée par l’Eglise. Avec Gutenberg, les mots ont soudain été à la portée de tous, ou presque. J’imagine que la musique changera pareillement dans son essence et sa fonction. Aussi accessible que l’eau et l’électricité, il ne sera plus indispensable de payer pour l’avoir et elle ne sera plus le bien exclusif de quiconque. Et l’originalité des artistes ne se fondera plus que sur le spectacle.

Ce qui vous chagrine ?

Bien au contraire. Quelle importance ? Ma vie professionnelle en sera transfigurée, et alors ? Je ne puis voir là qu’un motif supplémentaire d’excitation. Moi qui ai toujours oeuvré pour aller de l’avant, je n’aurai plus qu’à tirer un trait sur mes droits d’auteur. Cela ne me dérange pas, si tel est le prix à payer pour continuer à évoluer.

Un avis que ne partageront pas forcément les artistes moins établis que vous...

Effectivement. Dire que l’art et le commerce ne font plus qu’un est un euphémisme. Quant à savoir si, jeune musicien, je serais parvenu à percer en 2003, je me garderai bien de l’affirmer.

Ces propos de David Bowie ont été recueillis par Gilles Renault et publiés dans Libération le 6 septembre 2003.

– http://www.freescape.eu.org/biblio/...

Texte à méditer par nos "artistes" dociles et labélisés par les Majors