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Directive Bolkestein - Pour nous , c’est encore non !

Publie le vendredi 17 février 2006 par Open-Publishing
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Salut à tout le monde, voici un article sur la directive concernant la
libéralisation des services. Il a été rédigé pour "A voix autre", sur http://www.avoixautre.be


Directive Bolkestein - Pour nous, c’est encore non !

Ce jeudi 16 février, le Parlement européen a approuvé la directive
Bolkestein. De l’hôtellerie à l’approvionnement en eau, c’est près de 70
pour cent de l’économie de l’Union qui viennent d’être "libéralisés". Ce
jeudi 16 février, le Parlement européen a approuvé en première lecture la
directive "Bolkestein" sur la libéralisation des services par 394 voix
contre 215 (et 33 abstentions) [1]. Plus qu’une gifle, c’est une insulte
aux 100.000 travailleurs qui ont rejeté ce projet le 19 mars 2005, lors
d’une manifestation monstre dans les rues de Bruxelles. Et une autre aux
40.000 manifestants qui, mardi 14 février à Strasbourg, ont redit non à ce
texte litigieux, dans toutes les langues d’Europe.

Le texte approuvé par le Parlement est certes un compromis, négocié entre
l’aile socialiste et l’aile conservatrice de l’assemblée, mais le texte
est néanmoins passé. Epoustouflant...

La proposition, ancienne version, avait été rejetée par la population, et
(de surcroît) par le Parlement européen et par certains Etats-membres...
Peu importe, la Commission européenne l’a réintroduite. Cette technique
révèle une étrange conception de la démocratie... Il est plus que temps de
gérer nos affaires nous-mêmes.

Le retrait pur et simple de cette directive était-il envisageable ? La
réponse tient en peu de mots. Dès la levée de bouclier, Bruxelles a
souhaité trouver des "solutions" pour la faire adopter car "la position de
la Commission est que la libéralisation des services est un point
essentiel de la relance de la stratégie de Lisbonne sur la compétitivité
de l’Union. Il n’est pas question que la Commission retire la directive
Services", comme l’a expliqué une porte-parole de la Commission en février
2005 [2].

Un mauvais texte amendé reste mauvais

La directive Bolkestein entend libéraliser les services, y compris les
services publics, autrement dit elle veut permettre leur libre-circulation
au sein de l’Europe en supprimant les entraves à la concurence. Ce qui
revient à lever les "entraves" administratives, les législations sociales,
fiscales ou environnementales jugées trop exigeantes. [3]

De l’hôtellerie au secteur de la construction, rien moins que 70 pour cent
de l’économie européenne sont concernés par cette directive ! Mais les
services culturels et environnementaux sont également touchés par la
libéralisation ; sans parler des services postaux, de la fourniture d’eau
ou celle de l’énergie. [4]

Le compromis négocié entre le groupe socialiste et le groupe conservateur
du Parlement européen a supprimé la référence au "principe du pays
d’origine". Néanmoins, bien que "formellement retiré de la directive", le
principe du pays d’origine "demeure la clé de voûte de la stratégie de la
Commission européenne", comme l’ont rappelé des eurodéputés socialistes
français. [5]

Pour rappel, à travers la notion de "pays d’origine", la directive ouvrait
largement la porte au dumping social. Une telle notion impliquait en effet
que les entreprises prestataires de service n’auraient dû respecter que
les lois du pays dans lequel elles sont établies. Autant dire que les
mutinationales auraient choisi le pays le moins exigeant sur les plans
social, fiscal et environnemental entrainant un nivellement par le bas des
conditions de vie des travailleurs européens... [6]

Le compromis adopté ce jeudi 16 prévoit que les Etats de l’Union
garderaient le droit de restreindre l’accès à leur marché pour des raisons
de sécurité publique, de protection de l’environnement, de santé publique
 [7]. Cependant, les références à la politique sociale et à la protection des consommateurs ont été retirées [8], ce qui en dit long sur ce qui nous
attend. En ce qui concerne les restrictions, l’histoire récente de l’Union
nous montre qu’elles seront rapidement mise à mal par de nouveaux textes
libéraux.

Si le texte a été modifié, c’est grâce à la pression de la rue. La
mobilisation de 140.000 manifestants n’aura pas été totalement vaine.

Mais pour nous, un mauvais texte, même amendé, reste un mauvais texte.
Nous exigeons son retrait définitif.

Internationaliser la solidarité

Patronat et gouvernements européens, de gauche ou de droite, poursuivent
leurs attaques contre les conditions de vie. Les privatisations du secteur
public se multiplient un peu partout en Europe. Les plans sociaux
s’accompagnent d’une politique de précarisation et de flexibilité, avec la
remise en cause des allocations de chômage, de la Sécurité sociale et du
système des retraites.

En Belgique, aux Pays-Bas, en Italie, en Grèce, des travailleurs ont mené
des grèves générales face à ces attaques en règles. Mais ils ont cédé trop
vite, le mouvement n’était pas assez large... De leur côté, les dockers
ont laissé éclaté leur colère en janvier à Strasbourg face à la directive
sur la libéralisation des services portuaires et ont marqué des points
puisque le Parlement européen s’est aligné sur leur revendications en
votant le retrait du texte litigieux.

Peut-on compter sur les socialistes de gouvernement ? Rien n’est moins
certain. Pour mémoire, le 13 janvier 2004, neuf socialistes siégeaient
parmi les vingt commissaires qui ont approuvé la directive, à
l’unanimité. Ils "auraient pu bloquer Bolkestein en empêchant la
majorité qualifiée. Il n’en a rien été." [9] A ce niveau politique, on ne peut plus invoquer un manque d’analyse du projet économique de l’Union. Leur silence en dit long sur l’élargissement du fossé entre les décisions des dirigeants et les besoins de la population

Alors ? Alors, investissons nos centrales syndicales, nos associations.
Et internationalisons notre solidarité : il faut aider les salariés les
moins protégés à obtenir très rapidement les avantages sociaux que nous
avons déjà acquis. Ensuite, il faudra abolir le salariat qui maintient
l’exploitation et les jeux de pouvoir, mais ça c’est une autre paire de
manches.

Au travail comme dans nos loisirs, défendons nos revendications pour
l’égalité économique et sociale, pratiquons l’autogestion. Et contrôlons
nos délégués par des mandats précis et révocables. Parce qu’il est temps
de partager le travail et les richesses, de garantir à toutes et tous
l’accès libre et gratuit aux soins de santé... Pare qu’il est temps de
changer la société, sans prendre le pouvoir.

La directive va être transmise à la Commission, puis le Parlement européen
se penchera dessus en seconde lecture. Elle sera d’application deux ans
après son adoption définitive, c’est-à-dire en 2009 ou en 2011. D’ici-là,
continuons le combat.

Nous produisons tout : tout est à nous !

http://www.avoixautre.be


[2La Libre Belgique, d’après AFP, du 4 février 2005

[3Syndicats du 27 janvier 2006

[4Le Monde du 16 février 2006

[5La Libre Belgique du 14 février 2006

[6Syndicats du 27 janvier 2006

[7La Libre Belgique du 14 février 2006

[8La Libre Belgique du 16 février 2006

[9La Libre Belgique du 4 juin 2004

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