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LA REUNION SANS SUCRE

Publie le dimanche 19 février 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

COMMENT ÉVALUER LES CONSÉQUENCES DE LA RÉFORME DE L’OCM POUR LA RÉUNION ?

Jouer cartes sur table
Publié dans l’édition du 19 juillet 2005

Le moment approche où la décision finale concernant la réforme de l’OCM-sucre sera prise. Celle-ci interviendra dans environ 4 mois, c’est-à-dire au plus tard en novembre pour permettre en cas de nécessité, d’ultimes négociations avec l’OMC au Sommet de décembre à Hongkong. À ce moment-là, la campagne sucrière aura pratiquement touché à sa fin. En fonction des décisions annoncées, des planteurs abandonneront presque sûrement la canne.

CANNE À SUCRE - PRODUCTION SUCRIÈRE

FACE au grave problème de l’avenir de la filière canne de La Réunion, il importe d’avoir en tête deux données essentielles. Premièrement, la Commission européenne ne reviendra pas sur le principe de la réforme de l’Organisation communautaire du marché du sucre. Deuxièmement, elle ne remettra pas en cause ce qui est la base de celle-ci : une baisse significative du prix du sucre.
Celui-ci baissera, que l’on raisonne en termes de sucre blanc, c’est-à-dire de sucre raffiné, ou de sucre brut.
Le premier est actuellement à 631,90 euros la tonne et il passera en 2009 à 385 euros la tonne. Il connaîtra 39% d’abattement. Le second, qui est à 523,70 euros par tonne, atteindra le montant de 319,50 euros dans 4 ans. Il subira une baisse de plus de 50%.

Des soins palliatifs

C’est à partir de ces données - qui sont des décisions de Bruxelles et non du gouvernement français - qu’il faut raisonner et tout analyser.
Pour les Régions ultrapériphériques (RUP) - et donc La Réunion - Bruxelles propose des crédits de compensation destinés aux planteurs - ils seront de 44 millions en 2009 - et le maintien d’une aide à l’écoulement pour financer le transport du sucre brut vers les raffineries européennes. Cette aide a été fixée à 13 millions d’euros.
Ces mesures sont plus des soins palliatifs que de véritables remèdes. Elles sont proposées pour mieux faire passer la pilule.
On pourrait encore discuter et se demander si la compensation sera de 75, 60 ou de 40%. L’essentiel est que, dans 4 ans, le prix du sucre sera amputé de 40%. Dernièrement sur RFO-radio, Jean-Yves Minatchy, de la CGPER, faisait une comparaison. Imaginez, disait-il , un salarié qui toucherait 10.000 francs de salaire mensuel. On lui dirait que son salaire baissera de 40% - soit de 4.000 francs - et qu’en prime, il recevra une compensation équivalente à 60% de sa perte : soit 2.400 francs. Au bout du compte, son revenu mensuel est amputé de 1.600 francs. Qui accepterait une baisse de plus de 10% de son salaire ?
C’est le calcul que feront en fin de campagne de nombreux planteurs. Si ces derniers ne voient aucune solution pour sortir de la crise, ils abandonneront la canne. Déjà on spécule sur une telle éventualité. Dans ce domaine, ce sont les dirigeants de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) qui ont pointé publiquement en premier le bout de l’oreille. Ils se demandaient si le moment n’était pas venu de restructurer une nouvelle fois le foncier, en agrandissant les surfaces cultivées au-delà de 5/7 hectares et en améliorant la productivité au champ.

Pour voir clair

Mieux armés pour affronter les négociations comme celles qui tournent autour de l’élaboration de la réforme, les industriels donnent l’impression de s’en tirer mieux. Ils ont obtenu le rétablissement de l’aide à l’écoulement (ce qui n’était pas prévu dans les propositions faites il y a un an par l’ancien commissaire à l’Agriculture, Frantz Fischler). Ils ne cotiseront pas - comme leurs collègues métropolitains et européens - au fonds de restructuration. Ils ont obtenu l’inscription dans le POSEIDOM 2006/2013 d’une ligne budgétaire pour financer le transport des cannes des balances aux usines. Les solutions envisagées à moyen ou long terme (une meilleure utilisation des autres produits de la canne - dont l’éthanol - une augmentation des valeurs ajoutées, etc.) leur sont, a priori, favorables. Depuis l’accord signé en 1969 par la Fédécanne - le prédécesseur de la FDSEA - ils sont les propriétaires de la canne et de ses sous-produits. Pourtant, ils expliquent qu’avec la réforme, leur situation serait difficile.
Pour que chacun au sein de la filière et dans l’opinion puisse y voir clair, et pour aider à la prise de décisions - à Bruxelles, à Paris et prochainement à Saint-Denis lorsqu’il s’agira de renégocier la convention tripartite État/planteurs/industriels - le moment est sans doute venu de mettre toutes les cartes sur la table.
La réalisation d’un audit sur les richesses produites - aujourd’hui comme demain avec la réforme - sur leurs montants et leur répartition devient une nécessité. C’est un travail assez facile à réaliser. Par l’intermédiaire des services fiscaux, de la douane, de la Direction de l’agriculture et des forêts, les pouvoirs publics disposent d’une grande partie des éléments nécessaires. Chaque partenaire peut ensuite les compléter et les préciser. Les planteurs, par exemple, peuvent faire connaître les éléments constitutifs de leur coût de production (engrais, gasoil, salaires de leur personnel ...). Les industriels indiqueraient la plus-value réalisée à partir des deux usines produisant de l’énergie à partir de la bagasse et du charbon (1) et sur d’autres réalisations (comme la mise sous sachet du sucre pour son utilisation dans les restaurants, les bars, la vente de rhum, la vente de sucre naturel, etc ...). On pourrait évaluer les évaluations constatées depuis la mise en œuvre du règlement sucrier en cours (il a débuté en 2001 et s’achève avec l’actuelle campagne). Tout comme il sera possible de mesurer comment la situation pourrait se présenter dès la fin 2009, année au cours de laquelle la réforme entrera en pleine application après une montée en charge débutant avec la prochaine campagne. Les professionnels de la filière - à commencer par les petits et moyens planteurs - et l’opinion publique ne comprendraient pas pourquoi on refuserait un tel audit.

J. M. 
TEMOIGNAGE.

Messages

  • LE SEL EST PLUS IMPORTANT POUR NOTRE SURVIE QUE LE SUCRE CAR IL RETIENT L’EAU DANS L’ORGANISME, notre corps en contient environ 70%

    LE SUCRE, il y en a dans beaucoup dans les produits de la nature.

    Et, j’ai lu dernièrement dans le journal, je ne sais pas pourquoi, qu’une firme française ne

    produirait rien cette année, mettant ses salariés au chômage.

    J’en ignore la raison, mais crains que ce soit à cause d’une pollution (nucléaire ?)

    Si tel est le cas, il serait sage de s’approviosionner en sel pour une longue durée pendant qu’il

    est encore très bon marché : Le prix risque d’augmenter.

    Michèle

    • Chere MICHELE ,

      ce que tu dis sur le sel est vrai , ce qui est préoccupant dans l’histoire du sucre à la réunion , c’est que c’est presque une monoculture , ou du moins qu’un grand nombre de petits planteurs ne vivent que de la canne à sucre .
      Les consequences des décisions de l’OMC vont etre destructurantes pour toute l’economie de l’ile , le sucre c’est comme le cochon tout est bon dans la canne , le sucre , le rhum , les dechets utilisés comme engrais , et meme l’electricité produite grace au traitement de la canne .
      l’impact est beaucoup plus fort que si la tonne de blé voyait son prix baisser de 40 % .

      amicalement
      claude de toulouse .

    • TOUT CELA, JE LE SAIS, CLAUDE, CAR J’AI VECU AUX ANTILLES OU C’EST PRATIQUEMENT

      LA MEME CHOSE

      SI J’AI PARLE DE SEL, C’EST QUE JE SAIS QU’A CAUSE DE LA POLLUTION, IL VA DEVENIR UNE

      MARCHANDISE RARE A UN PRIX EXCESSIF, CAR VITAL.

      PAR AILLEURS LA PROCHAINE GUERRE SERA LA GUERRE DE L’EAU

      EN CE QUI ME CONCERNE, J’AI TOUJOURS, CHEZ MOI, BIEN STOCKE, A L’ABRI DE L’HUMIDITE,

      DU SEL GROS ET FIN

      ET CONSEILLE A TOUS D’EN FAIRE AUTANT

      AMICALEMENT

      Michèle