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La gauche accuse Berlusconi d’enrôler le pape dans sa campagne

Publie le mercredi 8 mars 2006 par Open-Publishing
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Les dirigeants de l’opposition italienne accusent le Vatican d’ingérence dans les affaires intérieures du pays après la décision du pape Benoît XVI de recevoir en audience fin mars le président du Conseil Silvio Berlusconi, dix jours avant les élections législatives.

Pour le centre gauche, emmené par Romano Prodi et donné favori du scrutin, le chef du gouvernement cherche ainsi à "enrôler" le pape dans sa campagne.
L’audience papale a été accordée aux élus du Parti populaire européen (PPE, centre droit), qui tiendra un congrès à Rome les 30 et 31 mars.
Pour l’opposition italienne, créditée d’environ 4,5 points d’avance pour les élections des 9 et 10 avril, le pape n’aurait pas dû accorder cette audience si peu de jours avant le scrutin.

Piero Fassino, leader des Démocrates de gauche, le principal parti d’opposition, a accusé Berlusconi d’opportunisme : "Essayer d’utiliser à des fins électorales une visite au pape révèle un manque de respect pour celui-ci", a-t-il dit à Reuters.

"Nous respectons et nous défendons le droit de l’Eglise de se pencher sur les questions éthiques mais c’est très grave de recevoir un seul des candidats au poste de chef du gouvernement juste avant le scrutin", a déclaré le dirigeant des Verts, Alfonso Pecoraro Scanio.

Fausto Bertinotti, chef du parti Refondation communiste, a demandé l’annulation pure et simple de l’audience. "Le Vatican doit revenir sur sa décision, et s’il ne le fait pas, les dirigeants des partis (invités) devraient le faire", a-t-il dit.

Romano Prodi, l’ancien président de la Commission européenne qui deviendra chef du gouvernement si la gauche l’emporte, a pour sa part tenu à rester en dehors de la polémique, déclarant que le pape pouvait voir qui il voulait et que personne ne devait chercher à exploiter l’Eglise.

OPPORTUNISME ?

Il est aujourd’hui difficile de jauger l’influence réelle de l’Eglise catholique, autrefois toute puissante, sur l’électorat. En janvier, un sondage montrait qu’une majorité de catholiques italiens étaient en désaccord avec les positions de l’Eglise sur d’importantes questions sociales et éthiques.

Mais des dirigeants de centre gauche trouvent que Benoît XV joue dans la politique intérieure italienne un rôle bien plus actif que son prédécesseur Jean Paul II, décédé en avril dernier, et craignent cette influence sur l’issue du scrutin.

Le pape s’est impliqué directement dans la vie politique italienne l’an dernier en appuyant la campagne de l’épiscopat péninsulaire pour le boycottage du référendum sur la procréation assistée. Finalement, le texte a été repoussé en raison de la trop faible participation.

S’appuyant sur l’enseignement de l’Eglise, le souverain pontife s’est également invité dans le débat sur le mariage gay, soulignant que ce serait une "grave erreur" de reconnaître dans la loi "d’autres formes d’union" que le mariage hétérosexuel - un débat sur lequel le centre gauche a promis des avancées, alors que le centre droit s’en tient à la législation actuelle.

"Je suis inquiet de voir le souverain pontife, contrairement à son prédécesseur, sauter dans l’arène politique en cette période si délicate", a déclaré l’un des dirigeants de l’opposition, Antonio Di Pietro, un ancien juge anticorruption.
Les partisans du gouvernement repoussent ces accusations et le parti de Berlusconi, Forza Italia, accuse même le centre gauche d’"anticléricalisme viscéral". Le ministre des Affaires étrangères, Gianfranco Fini, a jugé cette polémique "incompréhensible".

Une lettre ouverte sur internet, demandant au pape de repousser cette audience après le scrutin, a recueilli jusqu’ici 3.500 signatures. "A un moment si sérieux et si délicat pour l’Italie, de nombreux catholiques demandent au pape de ne pas se prêter, même involontairement, à ce jeu", précise la lettre.

La date des élections est connue depuis octobre mais on ignore quand l’audience de la fin mars a été décidée. "C’est notre habitude de demander une telle audience lorsque nous sommes à Rome", a expliqué Bob Fitzhenry, porte-parole des parlementaires du PPE. (Reuters)

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