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Face aux lacrymos, sortez couvert

Publie le lundi 27 mars 2006 par Open-Publishing

En période de manifs, astuces pour se protéger des émanations de gaz.

A voir les ruées de manifestants, qui, ces temps-ci près de la Sorbonne, doivent réussir l’exploit de courir à toute vitesse, mais les yeux fermés, pour s’écarter des fumées blanches et trouver refuge dans les cafés ; à entendre les conseils paniqués ­ « frotte pas les yeux, frotte pas les yeux !!! » ­ lancés par les plus aguerris aux débutants en contestation, il fallait bien, un jour, répondre à cette question brûlante : « Comment me protéger des gaz lacrymogènes quand je reste un peu trop longtemps aux manifestations ? » Dont acte.

Citron.
En ouverture, et comme rien ne vaut les conseils des professionnels, on entendra ceux d’un CRS, vingt ans de maison, qui recommande de se masquer le nez et les yeux avec ce que l’on peut avoir sous la main : « Une écharpe, un cheiche. » Gérald, 21 ans, ex-occupant de la Sorbonne, au front tous les jours face aux forces de police, ajoute une petite astuce supplémentaire : « Avant les jets de grenades, tu presses un citron sur ton écharpe. L’acidité, ça filtre les gaz, et tu respires mieux. » Sur Internet, quelques variantes croquignolettes sont proposées comme celle-ci, sur le site de la Confédération nationale du travail (CNT anarchiste) : « Un foulard mouillé dans du vinaigre au cidre de pomme. » Notons aussi que, selon le CRS interrogé, les masques chirurgicaux sont très appréciés chez les forces de l’ordre. Reste, enfin, à ne pas s’affoler lors du jet des gaz : celui qui s’affole respire beaucoup, et, c’est d’une logique implacable, il inhale plus de gaz que les autres.

Mais le manifestant prévoyant ne s’arrêtera pas là : il aura également songé à se protéger l’épiderme. C’est facile : se protéger, c’est ne rien faire, mise à part se laver le matin, quand même. Les coquettes en seront pour leur frais, car elles devront éviter maquillages et lotions de beauté, qui ont tendance à fixer les gaz sur la peau. Dans ce petit guide du Parfait protestataire, on n’oubliera pas non plus que la sueur est le grand ennemi du manifestant : car quand la peau est mouillée, les pores sont dilatés, et le gaz s’y incruste avec plus de facilité.

Masque de ski.
Reste le très délicat problème des yeux, à qui ce satané gaz fait plus mal qu’à tout le reste. Richard Chemoul, ophtalmologue, détaille pourquoi : « Le gaz lacrymogène augmente la sécrétion lacrymale, qui fait pleurer. Et il provoque dans ces larmes une réaction allergique, qui pique énormément, donne les yeux rouges, gonfle les paupières. » Il ne faut donc pas se les frotter, comme le conseillent donc les aguerris ­ « plus on se les frotte, plus on pleure, plus on a mal », atteste le médecin ­ et les rincer abondamment, à l’aide d’un sérum physiologique. Les lentilles de contact sont proscrites, les masques de ski et lunettes de piscine, plutôt conseillés. Gérald, le manifestant, y voit malgré tout un problème : « Les masques, ça fait pitié. » Peut-être, mais on n’est pas obligé de les porter très longtemps : les effets des gaz lacrymogènes durent rarement plus d’une dizaine de minutes.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=369186


Un peu de Chimie :
3 agents sont principalement utilisés : le 1-chloroacétophénone (CN), le 2-chlorobenzylidenemalononitrile (CS) et le
dibenz[b,f]-1,4-oxapine (CR).
Ces gaz, sous forme de poudre, sont combinés à une base pyrotechnique qui les fait volatiliser sous forme d’un aérosol au contact de l’air frais. A l’état naturel ils sont sous forme solide et au contact de l’eau, ils subissent une hydrolyse.
L’eau est donc l’ami des manifestants.

Toxicité mortelle :
Plusieurs études démontrent la toxicité importante de ces gaz dans un espace confiné. Plusieurs études ont rapporté des décès dus à ces gaz. Ainsi, lorsque une personne reçoit des bombes à gaz lacrymogènes à l’intérieur de son domicile et qu’elle n’arrive pas à se sauver à l’extérieur (cas des personnes âgées et des bébés), elle risque de perdre la vie assez rapidement. Cette issue fatale, lors d’expertise médico-légale, est due soit à une atteinte pulmonaire et/ou une asphyxie.

Toxicocinétique et physiopathologie :
Nous nous excusons pour ces termes scientifiques, mais il faut être précis.
Les gaz toxiques sont de puissants irritants des muqueuses et des activateurs des glandes lacrymales. Le CN et le CS sont des
agents alkylants, c’est-à-dire réagissent avec les protéines et autres molécules comme l’ADN et les enzymes.
L’effet immédiat est la nécrose tissulaire, l’inactivation de plusieurs enzymes.
Les effets à long terme sont de 3 types :
- l’effet mutagène et donc cancérigène de produits.
- l’effet tératogène : les femmes enceintes risquent donc d’avoir des enfants avec des malformations.
- l’effet nécrosant : une pneumopathologie chronique peut malheureusement s’installer et devenir irréversible.

Ces gaz toxiques sont rapidement absorbés par voie pulmonaire. Une grande partie est hydrolysée puis éliminée par les reins dans
les urines. ce qui explique que les insuffisants sont très sensibles à ces gaz toxiques.

Tableau Clinique :
Yeux : On voit apparaître rapidement des érythèmes de la conjonctive, une douleur, une lacrymation, une augmentation de la pression intra-oculaire .Les symptômes diminuent 30 minutes après exposition. _ Parmi les atteintes oculaires qui risquent de s’installer, on notera : une conjonctivite irritante, un ecchymose, un oedème de la cornée, une kératite nécrosante avec perte de
substance, une nécrose coagulante, une iridocyclitite et une déformation de l’angle de la chambre antérieure.

Voies respiratoires hautes :
On note une rhinorhée, une irritation et congestion nasale, une bronchorhée, une toux, des éternuements, un goût amer. La brûlure de la langue a lieu rapidement.

Poumons :
Laryngeotrachéobronchite est observée lorsque l’exposition à ces gaz se prolonge. Un enfant développe des râles persistants avec ou sans sifflement, une toux et des sécrétions bronchiques durant 3 à 4 jours après seulement 2 heures d’exposition à ces gaz. les bébés et jeunes enfants avec les personnes âgées sont une population fragile et très sensible à ces gaz toxiques, ainsi que les insuffisants rénaux. Ils peuvent développer une syndrome de dysfonctionnement respiratoire réactif. ce syndrome ainsi que la bronchopneumonie et un oedème pulmonaire peuvent s’installer définitivement.
On peut assister aussi à une fièvre persistante.

Système digestif :
On assiste à des douleurs de crampes abdominales et à des diarrhées. Le foie peut subir une atteinte nécrosante importante de type stéatose.

Système cérébral :
Un oedème cérébral peut s’observer.

Peau :
Brûlures et érythèmes pouvant donner lieu, si exposition prolongée, à l’installation d’un prurit, d’un rash papulovésiculaire et
une allergie sensitive à ces gaz. Ces effets chroniques se voient en général quelques jours après exposition répétées.

Sur un plan médico-légal
Vu qu’il y a eu des morts suite à ces gaz toxiques, des enquêtes judiciaires peuvent être ouvertes avec comme partie de dossier des expertises toxicologiques pour asseoir la cause toxique de ces décès. La méthodologie scientifique passe par la recherche de ces gaz et de leurs métabolites dans les urines, le sang et certains organes comme le rein et le foie. Mais un milieu biologique est
aussi à privilégier c’est l’humeur vitrée. La technique d’analyse est la chromatographie gazeuse couplée à la spectromètrie de
masse.

Traitement :
- Si une bombe lacrymogène est jetée à l’intérieur d’un domicile, on doit quitter rapidement cet espace confiné.
- Le vinaigre (acide acétique), le citron (acide citrique) permettent de diminuer la toxicité de ces gaz en réagissant avec eux. Il est
donc conseillé d’imbiber les mouchoirs avec du vinaigre ou du citron pour respirer moins ces toxiques.
- L’eau rajoutée à du savon liquide, à défaut à une lessive permet de laver la peau et donc de diminuer l’effet irritant de ces gaz.
- Si irritation des yeux, laver abondamment avec de l’eau physiologique (se prépare en faisant dissoudre 9 grammes de sel de
table NaCl dans 1 litre d’eau bouillie), ou à défaut de l’eau courante.
- Atteinte pulmonaire avec toux, traiter avec de l’ampicilline durant 1 semaine et associer une corticothérapie et des antalgiques.
Pour les bébés, la corticothérapie ne doit pas dépasser 3 jours.
- Pour les cas graves avec détresse respiratoire, prise en charge immédiate en réanimation avec suivi des gaz du sang, monitorage cardiaque et ventilation avec oxygénothérapie et les bronchospasmes traités à l’aminophylline et au salbutamol.
- Il est conseillé aux femmes enceintes d’augmenter la surveillance médicale de leur grossesse et pour les personnes ayant présenté des atteintes pulmonaire, il leur est conseillé de faire des radio pulmonaires à distance de l’exposition à ces gaz toxiques.

http://tiziouzou.ifrance.com/gaz.html


Face aux gaz lacrymogènes :

Parce que ya plein de petitEs nouvelles-aux dans les manifs, et que un bon coup de gaz dans la tronche ça peut faire bien flipper (même les vieilles-vieux !), un petit rappel technique :

Avant de se rendre à une manifestation, se protéger.

Bien se laver avec du savon végétal : les chimiques affectent moins la peau propre. N’utiliser ni maquillage, ni crèmes à base d’huile végétale ou minérale en pensant que votre peau sera protégée, l’effet serait inverse !

Recouvrir le plus possible la peau et les cheveux pour éviter l’exposition au gaz, et autant que possible avec des vêtements imperméables. Vous pouvez utiliser un foulard mouillé dans du vinaigre cidre de pomme ou du jus de citron pour vous recouvrir le nez et la bouche et diminuer ainsi l’effet des gaz.

Protégez vos yeux.
Utilisez des lunettes protectrices qui ne laissent pas passer l’air (comme des lunettes de plongée par exemple). Autant que possible ne portez pas de lentilles de contacts, les chimiques pourraient se trouver coincés et endommager vos yeux.

• Conserver un citron /ou vos dosettes de sérum physiologique dans un sac plastique imperméable au gaz. En cas d’exposition aux gaz :

Restez calmes, ne paniquez pas. Vous êtes solides.
Les effets du gaz lacrymogène peuvent durer de quelques minutes à une heure environ. Les gaz peuvent causer des troubles respiratoires qui cessent assez rapidement.

Ne touchez pas votre visage et ne vous frottez pas les yeux.
Dirigez vous vers un endroit où il y a de l’air pur, ouvrez les yeux, allongez les bras, respirez lentement et profondément. Mouchez vous et crachez les produits chimiques.

Rincez les yeux et la gorge avec de l’eau ou du sérum physiologique. jamais d’alcool d’aucune sorte cela empirerait les effets des gaz

Ceci fera passer la douleur.
Pour un rinçage des yeux efficace, penchez votre tête ou celle de la personne atteinte vers l’arrière et légèrement de côté. Prenez un citron coupé ou une dosette de sérum physiologique dans une main, et à l’aide de votre main libre, ouvrez doucement mais fermement la paupière située du même côté que vous avez penché la tête (si la tête est penchée vers la droite, ouvrez la paupière droite). Pressez votre pouce au-dessus de l’os sourcilier. Placez le goulot de la bouteille à quelques centimètres de l’oeil que vous soignez, et rapidement, envoyez un jet d’eau dans l’oeil.
Dirigez le jet du coin interne de l’oeil vers le coin externe. Le jet d’eau doit être important, le but est d’enlever les agents contaminants, non pas de les diluer. Si vous vous contentez d’hydrater l’oeil la douleur pourrait s’accentuer. Répétez la même procédure sur l’autre oeil.

Après
Prenez une douche tiède et lavez tous vos vêtements avec du détergent à lessive non-biodégradable. Puis mettre des vêtements propres.

Liste médocs
de plus si des personnes peuvent récupérer du matériel médical il ne faut pas hésiter car ont risque d’en manquer cruellement et il n’y en a jamais assez (et si jamais il y en a de trop il sera réutilisé lors des prochain événements qui ne manqueront pas), pour le faire parvenir aux équipes médicales.
http://1libertaire.free.fr/Conseilsmedicmanif.html

Liste du matériel recherche :
bandes
compresses
pansements compressifs
désinfectants (pas d’alcool) les mieux étant Bétadine et Biseptine
du Maalox liquide (utilise contre les gaz)
sparadraps
Biafine (pommade)

à imprimer, photocopier, diffuser