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Les sanctions contre les pyromanes ne régleront pas le prob.

Publie le mercredi 30 juillet 2003 par Open-Publishing

Les moyens de lutte touchent leurs limites
Les sanctions contre les pyromanes ne régleront pas le problème.

Les pompiers qui luttent contre les incendies qui ravagent le massif des Maures, pour la deuxième fois en moins de deux semaines, laissaient poindre un certain abattement. La virulence du feu qui "se développe de façon libre, sans que les hommes puissent agir sur le terrain"leur laissait, mardi 29 juillet, un sentiment d’impuissance. Il y a quinze jours, les secours étaient parvenus à sauver les personnes et à préserver largement les biens. Cette fois, il y a eu des morts, des scènes de panique et des dizaines de maisons brûlées.

Depuis dimanche soir, les pompiers étaient en situation de vigilance. Météo France avait lancé un bulletin régional d’alerte météo, en raison de la levée du vent et de la persistance de la sécheresse. Le risque était qualifié de "très sévère". Plusieurs massifs forestiers ont été fermés aux promeneurs.

Des moyens rapides avaient été prépositionnés. En se dispersant sur le terrain, les hommes appliquaient le vieil adage des pompiers : "Pour éteindre un incendie, il faut un verre d’eau la première seconde, un seau d’eau la première minute et une tonne d’eau après dix minutes."

Mais ces mesures préventives n’ont pas empêché l’embrasement. Les moyens légers n’ont pu juguler à temps les innombrables alertes. Rien que dans le massif des Maures, vingt-huit départs ont été comptabilisée. Les feux ont repris dans le Var, mais aussi dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Cette année, dans des conditions climatiques exceptionnelles, les mesures de lutte et surtout de prévention des incendies semblent toucher leur limite. En 1989 puis en 1990, plus de 70 000 hectares étaient partis en fumée. Ces pics avaient incité les autorités à réagir vigoureusement.

Les zones brûlées avaient été déclarées inconstructibles, limitant ainsi la spéculation immobilière. Le débroussaillage des propriétés privées avait été rendu obligatoire et assorti d’amendes coercitives. Des coupe-feux et des pistes d’accès avaient été tracés dans le maquis et la forêt. Des vigies avaient été installées.

MATÉRIEL SUPPLÉMENTAIRE

Les moyens de lutte avaient également été renforcés. La France avait commandé du matériel supplémentaire : engins au sol, Canadairs et hélicoptères. Elle dispose actuellement de 25 bombardiers d’eau, de trois avions de reconnaissance, de huit hélicoptères de secours et de commandement. Dans les années 1990, le nombre d’hectares brûlés s’était alors maintenu à 20 000 hectares par an, soit un tiers de moins que la décennie précédente.

Mais, cette année, les statistiques repartent à la hausse. Le réflexe, la colère poussent à incriminer des pyromanes. Les menaces de sanctions plus dure ne régleront pas entièrement le problème : d’après la gendarmerie, les pyromanes ne formeraient que 20 % des origines de feux connus. Les pompiers sont surtout surpris de la rapidité de développement des incendies. "En terme de violence de propagation et de simultanéité, ces feux constituent une première dans l’histoire de la Sécurité civil", a estimé Eric Soupra, porte-parole de la sécurité civile, organisation créée après-guerre.

Dans le Var, des ingénieurs avaient commencé à se mettre au travail, après les feux qui avaient détruit le massif des Maures, à la mi-juillet. Malgré un vent modéré, les flammes avaient avancé à plusieurs kilomètres à l’heure, franchi les rivières et les coupes feux. En vingt-quatre heures, 10 000 hectares étaient partis en fumée, quand, au même endroit, en 1990, il avait fallu trois jours pour brûler 12 500 hectares.

Lorsque ses spécialistes auront remis leurs conclusions, la sécurité civile sera amenée à modifier les schémas départementaux d’analyse et de couverture des risques, ainsi que les schémas zonaux, qui couvrent une zone de défense. Ces documents définissent les dangers, leurs évolutions possibles et les réponses. D’ores et déjà, la rapidité d’embrasement incite les responsables à envisager une plus grande mutualisation des moyens, au niveau européen.

Par ailleurs, un projet de loi de modernisation de la sécurité civile devrait être présenté en conseil des ministres en septembre. Il vise à développer la conscience du danger dans les populations dès le plus jeune âge, à développer le volontariat, à associer les maires au dispositif de planification et, enfin, créer un fonds d’aide à l’investissent qui permettrait aux collectivités territoriales de financer de nouveaux moyens.

Benoit Hopquin

http://www.lemonde.fr/imprimer_article_ref/0,5987,3226--329197,00.html