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Quatre morts dans les "incendies sans précédent" du Var

Publie le mercredi 30 juillet 2003 par Open-Publishing

Le Feu dans le Midi de la France

Quatre morts dans les "incendies sans précédent" du Var

Trois personnes ont trouvé la mort dans le massif des Maures et la région de Sainte-Maxime. Les pompiers luttaient encore mardi contre un feu d’une ampleur jamais atteinte et attendent des renforts européens. Le gouvernement annonce une politique "sans pitié" contre les incendiaires.

De violents incendies ont embrasé le Var, lundi 28 juillet, et les pompiers continuaient mardi à lutter contre des incendies d’une ampleur "sans précédent", notamment dans le massif des Maures, où trois personnes dont deux Britanniques, ont trouvé la mort et où des milliers d’hectares ont été détruits.

"Le pire a été évité de justesse, dans la nuit, à Sainte-Maxime, face à un feu qui progressait à vive allure, des pompiers débordés et une population totalement affolée", a raconté un sauveteur. Les pompiers ont évacué lundi soir 3 000 personnes de la ville, avant l’arrivée des flammes, qui ont provoqué des scènes de panique, à Fréjus comme à Sainte-Maxime, privée d’électricité dès la tombée de la nuit. Sainte-Maxime a vécu l’un "des plus violents feux jamais rencontrés", selon le commandant Richard Iskandar, responsable des opérations. Devant "la propagation vertigineuse" du feu, une femme de 76 ans a péri brûlée vive dans la nuit, deux promeneurs britanniques avaient été retrouvés carbonisés, quelques heures auparavant, dans la forêt, non loin de la Garde-Freinet dans l’arrière-pays.

Un quatrième corps avait été évoqué un temps par la préfecture ; les pompiers, qui ont eu quatre blessés pendant la nuit, assurent qu’il n’en est rien. "Pour nous, selon le bilan officiel, il y a trois morts, l’annonce d’une quatrième victime était infondée et malencontreuse, liée à un télescopage entre les services."

28 DÉPARTS DE FEU

Le ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy, qui a survolé mardi matin le massif des Maures, a déclaré, à la suite du chef de l’Etat, lundi, que les autorités seraient "sans pitié à l’endroit de ceux qui déclenchent des feux, y compris par imprudence".

1 700 pompiers restaient mobilisés sur l’ensemble du Var, dont 800 pour le seul incendie du massif des Maures où au moins 8 000 hectares de pinèdes et de sous-bois ont brûlé. "L’incendie du massif des Maures se développe de façon libre, sans que les hommes puissent agir sur le terrain, il continue à être combattu sur le littoral à hauteur de Sainte-Maxime", ont expliqué les pompiers.

En tout, 28 départs de feux ont été enregistrés, lesquels auraient déjà détruit entre 8 000 et 9 000 hectares de pinède. Près de 2 000 sapeurs-pompiers étaient mobilisés, ils ont été rejoints par dans la nuit par un millier d’hommes supplémentaires. Selon le centre opérationnel départemental d’incendies et de secours du Var (Codis), les principaux foyers ont parcouru 200 hectares à Puget-sur-Argens, 600 à La Motte et surtout 7 300 hectares entre Vidauban, Sainte-Maxime et les Issambres. Mardi matin, les pompiers luttaient toujours pour tenter de contenir les flammes du foyer principal, ainsi que celui de La Motte. Les vols des avions bombardiers d’eau, interrompus pendant la nuit, ont repris mardi matin. Les premiers, trois Canadairs ont commencé les largages d’eau dès 7 h 30 sur le massif des Maures.

Par expérience, les sapeurs-pompiers ont vite saisi que ce feu présentait "un caractère exceptionnel", a expliqué le capitaine Pascal Fombelle, des services de secours du Var. Surtout que le brasier a parcouru le territoire épargné par un premier incendie, il y a dix jours, en plein massif des Maures. Entre le 17 et le 18 juillet, en moins de vingt-quatre heures, dans un couloir de pinède voisin, 10 000 hectares étaient partis en fumée.

"LIVRÉS À EUX-MÊMES"

Cette fois-ci, le foyer initial a été détecté près de Vidauban, à "moins d’un kilomètre au sud du précédent"ont indiqué les pompiers, qui ne connaissaient pas encore l’origine de l’incendie. C’est "à croire que quelqu’un s’est dit : je les ai loupés la première fois, on y retourne", s’est indigné Bernard Rolland, maire de Sainte-Maxime.

Près du golf, les flammes ont littéralement "traversé les lotissements", explique Benoît Broutin, locataire au Hameau des Greens. Avec sa femme et sa fille de 19 mois, il a dû "tout laisser en urgence, sans aucun ordre d’évacuation" et a "traversé un rideau de flammes, en risquant nos vies". Choquée, cette famille du Pas-de-Calais s’est réfugiée dans un gymnase de Sainte-Maxime, comme plusieurs milliers de personnes contraintes de quitter leur résidence, parfois "sans aucune assistance, livrés à eux- mêmes", raconte Jean-Pierre Helin, sinistré d’un camping.

Depuis Vidauban, où il s’est déclaré, le feu a ensuite plongé vers Le Plan-de-la-Tour. Après avoir encerclé ce village, d’où la grande majorité des habitants ont dû fuir, les flammes ont pris la direction de Sainte-Maxime et "ont balayé toutes les hauteurs". Sur ce trajet, de très nombreux campings, hameaux et lotissements ont été traversés par le feu. Selon les pompiers qui éprouvaient des difficultés à établir un bilan, "au moins une quarantaine de maisons ont été brûlées", ainsi que de très nombreuses voitures.

La multiplication des départs de feux a considérablement dispersé les moyens et conduit à l’embrasement des Maures. "Cet incendie a progressé très rapidement. Dès qu’on l’a repéré, il faisait déjà un hectare, a expliqué le commandant Iskandar, ensuite, on ne pouvait plus l’arrêter et il nous a fallu concentrer les moyens aériens sur d’autres départs. On se sent impuissant, nerveusement c’est dur".

Le ministre de l’intérieur a annoncé le maintien des colonnes de renforts de pompiers et la venue d’autres moyens. Les pompiers civils italiens sont venus prêter main forte, deux hélicoptères russes étaient attendus, la ministre de la défense a décidé de renforcer la contribution des armées.

Lilian Renard

Décès d’un homme gravement brûlé en Corse

Un homme gravement brûlé dans un incendie qui s’est déclaré, lundi 28 juillet, près de Suartone, au nord de Bonifacio (Corse- du-Sud), est mort mardi matin à l’hôpital d’Ajaccio, ont annoncé les secours. Brûlé à 80 % en luttant contre les flammes, il avait été évacué en hélicoptère dans un état critique.

Le feu a contraint des centaines de vacanciers à fuir les flammes. Il s’est déclaré peu avant 15 heures et, attisé par un vent violent, avec des rafales de 60 à 70 km/h, a parcouru au moins 450 hectares de maquis et de gros chênes. Il a traversé la RN 198 Bastia- Bonifacio et s’est dirigé vers le hameau de Suartone, sur la commune de Porto-Vecchio, avant de poursuivre sa progression vers la baie de Porto-Novo. Les touristes et les habitants de Suartone, menacés par l’incendie, qui avançait sur un front de 1 km de large sur 4 km de long, ont été confinés chez eux ou conduits sur les plages de Santa-Giulia et de la Rondinara, d’où ils ont été évacués par bateaux et par hélicoptères. Selon les pompiers, l’incendie était mardi matin "sous contrôle", les personnes évacuées ont pu réintégrer leurs maisons ou leurs campings.

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226--329196-,00.html