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Larzac 2003 : José Bové appelle à la bataille contre l’OMC
Publie le samedi 9 août 2003 par Open-PublishingJosé Bové a ouvert vendredi après-midi le rassemblement du Larzac en le plaçant sous le double signe des mouvements sociaux du printemps et de la lutte contre l’OMC, et a appelé à "un mois de septembre non pas chaud mais brûlant", devant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Incarcéré le 22 juin pour destruction de plans transgéniques, José Bové a pu sortir de prison le 2 août au bénéfice d’un "placement à l’extérieur", un aménagement de peine en vertu duquel il doit travailler à mi-temps pour l’Association pour l’aménagement du Larzac (Apal).
"Nous faisons la jonction entre le mouvement social dans la rue depuis le printemps et ceux qui refusent les projets de l’OMC", a expliqué le porte-parole de la Confédération paysanne, au début du premier forum du rassemblement, consacré à l’OMC et à son sommet de Cancun (Mexique), du 10 au 14 septembre. "Nous refusons Monsanto dans nos champs et le groupe Axa et Bébéar dans la Sécurité sociale", a-t-il poursuivi devant plus de 10 000 personnes réunies dans un champ autour d’une scène, sur le territoire de la commune de L’Hospitalet-du- Larzac.
"Nous devons préparer un mois de septembre qui soit un mois non pas chaud mais brûlant, où tout le monde doit être dans la rue", a lancé José Bové. "Dans un mois, je fais le pari que nous allons mettre en échec l’OMC à Cancun. A Seattle, il y a quatre ans, personnes ne croyait que nous pouvions faire échouer le sommet de l’OMC. Si nous nous mobilisons, nous pouvons encore le faire", a-t-il ajouté. "Le plus important, c’est cette prise de conscience", a-t-il insisté.
Le syndicaliste paysan a demandé au premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, d’avoir "le courage de mettre en place un débat avant le sommet de Cancun". "Depuis 1995, date de sa création, l’OMC veut imposer sa loi, mais jamais les populations n’ont été consultées sur cette instance dont nous dénonçons le caractère non démocratique", a estimé le syndicaliste.
L’Américaine Lori Wallach, de l’ONG Public Citizen, a ensuite tiré le bilan de huit années d’OMC, avant de laisser la parole à des représentants palestinien, de Greenpeace, d’Attac et de Via Campesina. Plusieurs témoignages étaient également prévus, dont celui de "victimes de Total en Birmanie", avant une nouvelle intervention en clôture de José Bové.
La soirée devait se poursuivre avec la projection de documentaires, sur l’OMC, l’historique des luttes du Larzac ou la chronique des luttes en banlieue.
40 °C À L’OMBRE
Près de 40 000 personnes se trouvaient déjà rassemblées à L’Hospitalet- du-Larzac à 17 heures, selon les organisateurs, qui en attendent de 50 000 à 100 000 samedi, en particulier lors des concerts en soirée, avec la participation de Manu Chao ou des Anglais de Asian Dub Foundation.
La préfecture de l’Aveyron estimait pour sa part à 25 000 le nombre des participants à 16 h 30, alors que des bouchons de 5 à 6 km rendaient toujours difficile l’accès au site. "Il faut trois heures et demi pour venir de Millau", avait indiqué en milieu d’après-midi Didier Cruchaudet, responsable du service d’ordre du rassemblement.
Militants altermondialistes, anti-nucléaires, paysans bio, pacifistes, régionalistes, intermittents du spectacle, syndicalistes et "historiques" de la lutte contre l’extension du camp militaire dans les années 70, se pressaient autour de plus de 200 stands associatifs, sous un soleil de plomb, avec près de 40 °C à l’ombre, selon un pompier.
La cellule santé du site, constituée de 300 personnes (Protection civile, médecins, sécouristes), a effectué de nombreuses interventions, pour la plupart dues à la chaleur, a expliqué le Dr Giselle Marchive, médecin à Millau et coordonnatrice santé. "Nous avons un énorme problème de gestion de l’eau sur le site, nous sommes au bord de l’état d’urgence", a dénoncé le Dr Marchive, qui a demandé à la préfecture une réquisition d’eau. Les organisateurs ont prévu plus de 200 000 bouteilles d’eau, mais il n’y a aucun point d’eau sur le site.
Avec AFP