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48éme CONGRES DE LA CGT A LILLE du 24 au 28 avril 06... ambiance

Publie le mercredi 10 mai 2006 par Open-Publishing
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48éme CONGRES DE LA CGT A LILLE du 24 au 28 avril 06
Intervention censurée du Délégué du SDEN (*) CGT Nord

Pourquoi la victoire contre le CPE en 2006,
mais la défaite sur la retraite en 2003 et sur le CNE en 2005 ?

La victoire contre le CPE doit nous interroger sur ce qui a permis de gagner en 2006 et n’a pas permis de gagner en 2003 sur la retraite ou en 2005 contre le CNE.

En 2006, dès l’annonce du CPE le 16 janvier, les organisations syndicales d’étudiants et d’élèves, puis les Assemblées Générales estudiantines et lycéennes mettent le paquet pour enclencher, développer et étendre la grève reconductible et les blocages des établissements universitaires et scolaires. Le mardi 7 février 06 est en effet le point de départ, à Rennes II, du mouvement de blocage des facs, et de reconduction de la grève, un mouvement qui va s’étendre rapidement à l’ensemble des universités puis aux lycées.

Parallèlement à la réalisation et à l’extension de son mouvement gréviste(avec piquets de grève), malgré les vacances scolaires et universitaires de février, la jeunesse gréviste s’est adressée aux 5 confédérations syndicales pour obtenir leur solidarité, lesquelles jusqu’ici n’avaient fait que se positionner sans véritablement lutter contre le CPE. En effet, un long mois s’est écoulé entre la « manifestation interprofessionnelle » du 7 février et la succession des « journées d’action » organisées à partir du 7 mars, puis le 18 mars, le 28 mars et le 4 avril. Dans l’intervalle, entre le 7 février et le 7 mars, le 9 février, le CPE est voté à l’Assemblée Nationale et les 14 et 16 février des centaines de milliers d’étudiants et d’élèves en grève reconductible manifestent sans appel des centrales « rassemblées ». D’ailleurs, la première réunion de l’intersyndicale, le 24 janvier 06, s’est tenue sans la CGC, qui dans un premier temps soutient le CPE avant de rejoindre l’unité syndicale des 12.

C’est donc très clairement la construction de la grève reconductible par les jeunes qui conduit les organisations confédérales à lutter ensemble.

En 2003, le mouvement gréviste contre la réforme de la retraite, malgré sa détermination et ses appels, n’a été ni écouté, ni suivi par les dirigeants confédéraux des centrales syndicales. A la première occasion la CFDT a lâché la lutte. François Chérèque explique sa capitulation ainsi : « la réforme de la retraite a été débattue pendant un an, puis négociée cinq mois. Elle est aujourd’hui appliquée. C’est la preuve que l’on peut s’engager »(Libération, 13/04/06).

Nos dirigeants de la CGT, syndicat historique de lutte de classe, font la sourde oreille devant les appels incessants des grévistes à la construction de la grève générale sous le prétexte que celle ci « ne se décrète pas ». Résultat : les revendications d’en revenir aux 37 années et demi d’annuités de cotisation pour le secteur privé et la retraite à 50 ans pour les travaux pénibles ont été ignorées. L’extension et la généralisation du mouvement gréviste ont été de ce fait paralysées.

En 2006, L’unité dans la grève reconductible, les blocages et la détermination de la jeunesse en lutte ont été décisifs pour obtenir et maintenir l’unité au sommet des confédérations syndicales de salariés. Il faut dire aussi que le mépris arrogant du gouvernement se retranchant derrière « le respect des institutions » (gouvernement et parlement ayant adopté et voté la loi) a permis le maintien de l’unité des organisations syndicales. C’est ce que note F. Chérèque quand il déclare « mais je n’imaginais pas le refus total de dialogue que le gouvernement allait nous opposer. La seule attitude qui nous restait était la contestation. Personne ne pouvait prévoir (sic !) que les mouvements successifs allaient être de plus en plus forts jusqu’à la journée du 4 avril. C’est je crois le premier mouvement de ce type » (Libération, idem).

C’est donc bien contrainte et forcée par la force du mouvement de la jeunesse que la CFDT a suivi en freinant des deux pieds pour éviter la contagion des salariés du public et du privé par la grève reconductible aux côtés des jeunes. C’est en tout cas ce que confirme François Chérèque de la CFDT : « les cinq grandes confédérations - CGT, CFDT, FO, CFTC et CGC - ont agi en organisations responsables, expliquant par exemple, qu’on n’appelait pas comme cela à une grève générale ».(Libération, 13/04/06). Le « syndicalisme rassemblé » version François Chérèque de la CFDT exclut totalement la grève en général et particulièrement la grève générale : « Nous avons démontré qu’on pouvait être forts sans faire la grève » (idem). Quel mépris pour la grève reconductible et le blocage des établissements par les jeunes, sans lesquels nous ne pourrions aujourd’hui nous enorgueillir d’une quelconque victoire !

La seule conclusion que nous retenons de ces diverses expériences de lutte est la suivante :
 L’unité à la base dans la lutte : toujours ;
 l’unité à la base et au sommet : quand c’est nécessaire ;
 l’unité exclusivement au sommet : jamais.
Telle est la seule stratégie pour vaincre le réformisme syndical, le capital et le gouvernement !

Or, un chapelet d’échecs cuisants est le vrai bilan d’activités qu’évite soigneusement le Bureau confédéral : - rien n’y est dit sur la baisse du pouvoir d’achat suite au passage à l’euro, sur les luttes vaincues contre les délocalisations, les licenciements, les restructurations et les privatisations - France Télécom, EDF, Gaz de France, SNCM, RTM, les intermittents - sans compter les atteintes liberticides contre les syndicalistes de luttes dans les boîtes.

Le rapport d’activités disculpe le Bureau confédéral de ses responsabilités dans les défaites sur la retraite et la sécurité sociale ou le CNE (une bataille perdue parce que pas tout simplement menée), sans compter la signature CGT sur la formation professionnelle, etc. Toutes ces défaites sont mises sur le compte du nombre insuffisant de syndiqués, sur le compte des seules capitulations de la CFDT, implicitement sur une prétendue « passivité » des travailleurs ou sur les « difficultés » de mobilisations. En d’autres termes le Bureau confédéral est dans la posture d’un état-major qui se défausse sur son armée en maintenant une stratégie qui nous arrime derrière la CFDT.
Chaque lutte importante dans la dernière période contre la casse sociale a révélé l’erreur que constitue la théorie du « syndicalisme rassemblé » qui veut qu’on n’engage aucune action sérieuse et d’envergure tant qu’il n’y a pas unité syndicale au sommet. La plupart du temps, cela a fini par le lâchage par la signature de la CFDT avec les patrons et le gouvernement.
L’unité exclusivement au sommet, c’est à dire le « syndicalisme rassemblé » prôné par le Bureau confédéral conduit en réalité à la soumission de la CGT à la CFDT.

C’est avec colère que nous constatons que la première centrale syndicale du pays, qui a été historiquement au coeur de toutes les conquêtes sociales de 36 et 45, soit impuissante à barrer la route à la régression sociale actuelle.

Voilà pourquoi le SDEN CGT Nord vote à 75% contre le rapport d’activité et à 80,64% contre le document d’orientation pour dire à notre bureau confédéral qu’il est temps de sortir du suivisme derrière la CFDT.

Roland Fodé DIAGNE, Délégué du SDEN Nord


SDEN : syndicat départemental des enseignants du Nord

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