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Pour des candidatures unitaires de la gauche antilibérale en 2007-2008

Publie le dimanche 14 mai 2006 par Open-Publishing
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Intervention de Pierre Zarka au congrès du PCF

Il y a un formidable développement des luttes, un antilibéralisme ambiant majoritaire, le gouvernement est dans l’impasse, le PS ne se montre pas à la hauteur et faute de perspectives transformatrices majoritaires, il n’y a pas de rassemblement politique antilibéral, et pour l’instant le vote utile nous pend au nez. Les sondages montrent que l’addition des voix attribuées aux forces du NON de gauche recueille de manière éparpillée 13% des intentions de vote. Nous, nous plafonnons constamment à quatre% des voix. Comment passer d’un sentiment antilibéral majoritaire à une construction qui permette que l’antilibéralisme soit politiquement majoritaire ?

Est-ce que nous apparaissons suffisamment comme rendant possible cela ? Disons-nous suffisamment aux gens, notamment aux plus mobilisés, que la force créatrice de solutions, de construction politique, cela peut être eux ? Disant cela, je ne crois pas à la spontanéité des masses : plus on est dans le rassemblement, plus on doit travailler sur ce que doit être la spécificité de l’apport communiste. Mais cet apport est-il de convaincre que nous avons raison ou, ce qui est plus difficile, d’aider à partir de notre conviction que le capitalisme est dépassable, de notre visée, d’aider ceux qui luttent à se transformer en mouvement politique, comme on dit qu’il y a un mouvement social ? Demandons-nous au mouvement populaire de nous soutenir, ce qui nous met implicitement en dehors, ou faisons-nous, comme d’autres forces, partie intégrante de ce mouvement populaire, pour lui proposer de construire ensemble ?

Cela nous règlerait un problème : depuis 40 ans, nous cherchons à tirer le PS à gauche, vous en connaissez le résultat, et pourtant lorsque nous avons commencé, nous faisions plus de 20% des voix, le PS 16. Vouloir faire seuls contrepoids au PS, c’est le laisser incarner à lui seul toute la gauche. L’enjeu ne se limite donc pas à un simple rapport de forces entre le PS et nous. Ne serait-il pas plus facile de tirer le mouvement populaire sur la possibilité d’investir la politique pour que le PS soit confronté à des millions d’hommes et de femmes qui sauront avec précision ce qu’ils veulent ?

Mais, ce qui est complexe, est que nous devons respecter le fait que les gens ne construiront rien en s’alignant sur un parti. De la même manière que nous ne voulons pas récupérer leurs luttes, nous ne pouvons pas être récupérateurs de leur entrée en politique. D’où la nécessité de co-organiser, c’est cela qui a permis le 29 Mai. Personne ici ne peut prétendre qu’il est possible de se rassembler autour du seul parti communiste. Mais personne ne prétend qu’il n’aurait aucun rôle à jouer.

Or, qui parle de politique parle de pouvoir. Et là, il y a un verrou à faire sauter. Parce que les plus combatifs sont les plus indépendants d’esprit. Nous en connaissons tous qui agissent avec nous, mais qui pensent que les partis, même nous, ne cherchent qu’à tirer la couverture à eux.

Ce qui fera reconnaître le rôle du parti favorise-t-il le passage de la colère sociale à une capacité politique tout à fait nouvelle ? Pour moi, c’est l’enjeu essentiel des élections à venir. Elles doivent devenir le début de quelque chose. D’où la nécessité d’affirmer encore plus fort que nous souhaitons que le rassemblement des forces antilibérales englobe le choix des candidats aux différentes élections, et que nos souhaits en la matière n’implique aucun préalable de notre part. Cela n’empêche nullement le parti de décider en toute indépendance, mais nous ne devons rien faire, même involontairement, qui donne le sentiment qu’il s’agirait d’une ruse de notre part qui cacherait une envie irrépressible de récupérer ce processus.

Messages

  • Ce rappel d’une intervention datant de deux mois est intéressant, dans la mesure où un Appel rassemblant beaucoup d’acteurs du Non, (Autain, Bavay, Braouzec, Bové, Debons, Jennar, Salesse, Villiers...) et les Alternatifs, Mars, le PCF, est lancé depuis le 10 mai

    Pour que cet appel ce transforme en Collectif pour une Alternative de Progrès à gauche ( CAP à gauche !) et débouche sur une réelle possibilité d’une alternative, il faut à mon avis trois conditions :

    * que des collectifs unitaires se mettent en place dans tout le pays, rassemblant toutes les composantes de l’appel et surtout les citoyens hors structure qui veulent cette unité

    *qu’on cesse la concurrence des projets et des textes et que ce Collectif appuie son projet sur la Charte adoptée samedi par les collectifs du 29 mai. Par exemple, le PCF ne pourrait-il pas comparer son programme à cette charte et proposer de l’enrichir éventuellement de propositions qui en seraient absentes. Cette proposition concerne tout le monde, la charte etant en ligne sur le site du Collecti du 29 mai

    * que l’engagement soit pris d’organiser une consultation de tous les collectifs avant toute désignation de candidature pour la Présidentielle. J’imagine qu’on pourrait soumettre 5 ou 6 noms possibles, hommes et femmes, engagés dans les luttes récentes, la consultation ayant lieu le même jour dans toute la France. Parallèlement, les collectifs locaux, peut-être au niveau des départements, choisiraient les candidats pour les législatives
    Si les partis veulent imposer leurs candidats sans consultation, je crains que cela conduise à l’échec, soit du Collectif, soit du résultat électoral

    Quand à la LCR, si elle veut rester sur son rocher de puretè révolutionnaire et laisser le champ libre au social-libéralisme, libre à elle, les citoyens choisiront

    Daniel de Thonon