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29 mai 2005 - 29 mai 2006 : Joyeux anniversaire !

Publie le mercredi 24 mai 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

Il y un an, le NON à la constitution européenne l’emportait, contre toutes les oligarchies -politiques, financières et médiatiques- qui avaient décidé qu’une réponse favorable à cette consultation ne serait qu’une formalité. Dans la campagne au cours de laquelle nous avons pris naissance avec l’appel « le non censuré dans les médias, ça suffit ! », la démocratie et le respect de la souveraineté populaire systématiquement bafouée sont devenus un enjeu. Un an après, pour ce premier anniversaire du vote qui a constitué un tournant avec le rejet de la constitution européenne, nous sommes confrontés au même constat : la démocratie est menacée, notre souveraineté bafouée !

Les mois précédant le 29 mai 2005, responsables politiques de gauche comme de droite, éditorialistes de la presse écrite, parlée ou télévisée, tous dans un même élan avaient décidé à notre place : ce serait OUI et qui plus est, de façon écrasante. Au point de se demander à l’époque, comme l’ancien président Giscard d’Estaing, « pourquoi donc s’embarrasser d’une consultation populaire ».

Aujourd’hui, lancée un an avant l’échéance présidentielle dans la grande foire médiatique électorale, la presse a encore décidé en lieu et place du peuple français qui n’aurait donc qu’à entériner : la bataille à venir sera celle des « quinquas », des « branchés » respectant qui plus est la parité : d’un côté Ségolène, de l’autre Nicolas. Royal et Sarkozy, deux tenants du OUI.

Les programmes sont éludés. Ce qui compte, c’est que cette représentation écrite comme une pièce de théâtre, et surtout pas une autre, puisse être jouée. Le sens réel des évènements est occulté. Les faits se trouvent dénaturés, comme pour camoufler qu’à l’image de l’année passée la démocratie est une nouvelle fois bafouée. Mais un cran supplémentaire a été franchi. Aujourd’hui, c’est la 5ème république elle-même qui ne cesse d’agoniser derrière une crise institutionnelle et une crise de régime dont les derniers évènements montrent qu’elles atteignent des points culminants.

 > Avec le CPE, sous le coup de la mobilisation populaire contre une loi Villepin en provenance directe des directives européennes, le ballet au sommet de l’état place Chirac et Villepin en première ligne d’une débandade annoncée.
 > Avec Clearstream qui révèle les affrontements internes à la « majorité » entre le N°1 et le N°2 du gouvernement, les multiples coups tordus dans la tradition de la 5ème république.

Mais alors que la question des institutions place légitimement la 5ème république sous le feu des critiques, elle est l’objet de toutes les convoitises. Aussi, nul ne donne le véritable contenu des faits. Les déclarations politiques se succèdent pour ravaler au rang d’évènements subalternes les ingrédients d’une véritable crise de régime.

 > Nicolas Sarkozy précise : « Il ne s’agit pas d’une affaire politique, mais d’honneur ».
 > Henri Emmanuelli demande « la démission de Villepin et la nomination de Sarkozy ».
 > Le Pen y voit « l’occasion de ne pas parler d’autre chose ».

Bref... Tous pour ne pas mettre en cause la 5ème république moribonde et les institutions européennes. Autant de déclarations relayées dans la presse pour gommer l’essentiel : la crise du régime ne pourra trouver de dénouement hors d’une nouvelle république basée sur la double exigence démocratique et sociale, respectant la souveraineté populaire, permettant de répondre à la volonté majoritaire.

La crise de la démocratie n’est pas une spécificité française. Elle s’est déjà largement exprimée au niveau européen dans une série d’élections dont nos élites françaises n’ont pas manqué de tirer les leçons.

 > En Allemagne, l’affrontement électoral n’a pas empêché la constitution un bloc de gouvernement entre le SPD et la CSU-CDU, ramenant à leur juste réalité les divergences exprimées en cours de campagne électorale. Un épisode dont le titre aurait pu être : « lorsque la lutte des places se substitue à la lutte des classes pour faire passer la politique de Bruxelles ».
 > En Italie, entre Berlusconi et l’ancien président de la commission européenne Romano Prodi, quel choix démocratique ? Quelle expression possible d’une voix indépendante ?
 > En Angleterre, le labour et le premier ministre Tony Blair dont la politique a largement emprunté au programme conservateur et qui est pris en modèle par Ségolène Royal ira-t-il vers de nouvelles alliances après le remaniement consécutif à sa déconfiture électorale ?

En France, le chemin qu’on voudrait nous imposer est identique. Entre le Oui de Ségolène et le OUI de Nicolas, entre l’apologie de Blair et celle de Bush, quelle serait la voie permettant d’exprimer une politique indépendante, soucieuse du respect de la souveraineté populaire qui s’est exprimée le 29 mai 2005 ?

Le respect de la souveraineté populaire exige que le NON du 29 mai soit présent dans la confrontation à venir, autour des valeurs républicaines de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité, des valeurs sociales qui ont conduit le peuple français à s’exprimer pour tous ceux auxquels ce droit est refusé.

Déjà se profile une orientation mise en avant par les politiques, relayée par les médias, qui pour sauver la politique européenne et imposer de force une constitution que nous avons rejetée, s’apprête à préconiser une union sacrée, comme vient de l’illustrer sur le front syndical le dernier congrès de la CGT.

En décidant de taire le fond des choses, la crise du régime, l’état de la 5ème république moribonde, au profit d’une campagne électorale people et glamour prédéfinie et prédéterminée un an avant l’échéance, la presse apporte sa pierre au délitement en cours de la démocratie.

L’anniversaire du 29 mai 2005, auquel nous consacrerons notre prochain dossier du mois de Juin, est celui d’une victoire et d’un combat permanent pour la défense de la démocratie et le respect de la souveraineté populaire. C’est du moins la façon dont nous avons décidé, à « info impartiale et pluraliste » de le fêter.
Jacques Cotta

Messages

  • Référendum européen

    Un an après le non, la France ne regrette rien
    Selon le sondage « Libération »-LH2, qu’ils aient voté pour ou contre le traité constitutionnel, les Français n’ont pas changé d’avis sur leur vote du 29 mai 2005.

    par Nathalie DUBOIS et Jean QUATREMER
    QUOTIDIEN : mercredi 17 mai 2006

    (...) le clivage du oui et du non reste solidement ancré dans l’Hexagone : s’il fallait revoter demain, le résultat serait à peu près le même, comme le montre le sondage Libération-LH2 (lire page suivante). (...)

    http://www.liberation.com/page.php?...

  • OUI FÊTONS L’ANNIVERSAIRE : ALLUMONS LES ETOILES !

    Il faut une vraie fête ce jour là, et il faut mettre en place les Comité d’Union Populaire pour que les anti-libéraux soient en tête à gauche dès le 1er tour en 2007.
    Le 29 mai, on franchit un seuil significatif pour créer le mouvement à partir des Comités, partout !

    À l’énarchie qui réfléchit sur "comment changer pour que çà reste pareil ?", imposons les axes du changement social contre la domination du capital financier.
    Il faut que dans les débats, les rencontres, les luttes, partout, ces axes (emploi et moyens de vivre, fiscalité redistributive et soutenant l’emploi, services publics renforcés et entreprises rendues au peuple, droits et pouvoirs nouveaux, 6° République pour une démocratie représentative rééquilibrée par la démocratie directe, Europe sociale dégagée de la concurrence libre et non-faussée, politique de paix et de coopération internationale, etc.) apparaissent irrésistiblement et s’imposent à tous !

    La Charte antilibérale nous permet d’avancer...Le Comités sont nos bottes de 7 lieues !
    "Ecoutez !
    Si on allume les étoiles
    c’est donc à quelqu’un nécessaire..." nous disait Maïakovski...

    NOSE DE CHAMPAGNE