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Des collectifs pour favoriser le débat populaire

Publie le mardi 30 mai 2006 par Open-Publishing

de Olivier Mayer

La victoire du « non » le 29 mai 2005 est fêtée aujourd’hui dans toute la France. Les signataires de l’appel à des candidatures unitaires antilibérales pour 2007 se sont rencontrés pour mettre en forme leur campagne.

Débats, concerts, bals, soirées pique-nique, la façon de fêter la victoire du « non » au traité constitutionnel européen le 29 mai 2005 sera, aujourd’hui, à travers toute la France, aussi diverse que décentralisée. Les citoyens, les militants associatifs, syndicaux, politiques qui s’étaient retrouvés dans les collectifs locaux constitués dans cette bataille du référendum sont de nouveau sur le pont pour discuter des prochaines échéances, et particulièrement celles de 2007. Avec une envie commune : continuer sur la lancée du réfé- rendum et de la bataille contre le CPE.

Mardi dernier, les signataires de l’appel « pour un rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures communes » se sont retrouvés pour un premier échange sur la mise en place d’un collectif national. Premier point positif soulevé dans les commentaires d’après-réunion : « Tout le monde était là. » Tout le monde, c’est-à-dire les représentants des cinq organisations signataires, les Alternatifs, Convergence citoyenne, la Gauche républicaine, MARS, le Parti communiste français ; des signataires des trois courants représentés, ceux de PRS, les minoritaires des Verts (alter-écolos) et les minoritaires de la LCR ; et nombre de personnalités signataires comme José Bové, Raoul-Marc Jennar, Claude Debons ou Yves Salesse. Les signataires donc, plus des représentants de la direction de la LCR, qui refusent de signer l’appel mais souhaitent un statut d’« observateur » ce qui a été accepté pour le moment. « Cette présence montre que chacun prend l’appel au sérieux », estime Francine Bavay, la conseillère régionale Verts d’Île-de-France.

La première prise de contact a permis de mettre en évidence quelques débats. « La composition du collectif national a suscité une discussion, indique Éric Coquerel, de MARS. Il faut trouver le bon compromis entre une conception d’assemblée générale où chacun, partis ou individus, a le même poids et un cartel d’organisations. Ce n’est pas facile, mais on trouvera. »

Il y a davantage d’enjeu encore dans le débat pour décider du rôle précis du collectif national. « Pour nous, affirme Patrice Cohen-Séat, représentant le PCF, l’objectif devrait être de favoriser une dynamique populaire et citoyenne, de favoriser le débat populaire. » Pour le PCF, la mise en place rapide de comités ou collectifs locaux est décisive. « Le collectif national doit être un lieu d’initiatives pour développer cette dynamique, précise le dirigeant communiste. Non pas un lieu de marchandages ou de décisions d’en haut. Plutôt que d’émettre sa propre opinion, le collectif national doit acter ce qui se dessine localement et travailler par consensus. »

Claude Debons, animateur des collectifs du 29 mai, estime que tout dépendra de « la création de comités locaux unitaires. Des comités de masse où l’on vise à faire participer au-delà du premier cercle militant ». Pour lui, rien n’est joué « car aux yeux de l’opinion, notre démarche ne sera crédible que lorsqu’elle débouchera sur la désignation d’un candidat ». Pierre Cours-Salies, de Convergence citoyenne, estime que « l’appel a débloqué la situation et des collectifs se créent vite ». Il évoque les échos de créations de collectifs à Toulouse, dans la Manche, à Avignon comme en Seine-Saint-Denis. « Tout montre qu’il y a attente dans la population et un gros enjeu à parvenir à une candidature commune. » Marie-George Buffet, très engagée dans la réussite de cette dynamique, a mis sur la table l’idée que le candidat à la présidentielle, « porte-parole parmi les porte-parole », soit issu du PCF. Elle s’est dite disponible afin de poursuivre sur la - lancée du référendum la construction d’un rassemblement antilibéral et afin de mettre dans cette nouvelle bataille tout le potentiel militant de son parti. De son côté José Bové, dans une interview, ce week-end au Journal du dimanche, indique qu’il est prêt à participer à une campagne présidentielle « avec l’ensemble des forces qui combattent la mondialisation libérale », annonce qu’il est « disponible pour conduire collectivement, une campagne capable de créer une dynamique anologue à celle du "non" au référendum ».

Chez tous ceux qui s’impliquent dans la construction d’un rassemblement antilibéral apte à faire changer la donne en 2007, l’attitude de la direction de la LCR suscite l’inquiétude. Son refus de signer l’appel unitaire passe mal. Elle justifie sa position en refusant « tout accord parlementaire ou gouvernemental avec le PS ». La LCR durcit le ton. Ainsi dans une « lettre à ceux qui veulent des candidatures antilibérales unitaires », la LCR du Vaucluse reproche au PCF d’en appeler « à une forme ou une autre de réconciliation avec le PS » aux motifs « qu’il faudra bien en passer par le PS si on veut une alternative ». Elle accuse José Bové d’« épargner au PS d’avoir à rendre compte de son libéralisme, ceci en vue d’accords futurs » et les signataires de l’appel à chercher « à nous conduire à réintégrer le concert libéral avec quelques pansements à la marge ». Les minoritaires de la LCR, signataires de l’appel comme Christian Picquet, estiment qu’une dynamique populaire peut faire revenir la LCR sur sa décision. Une prochaine réunion des signataires doit avoir lieu demain.

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