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Les syndicats peinent à remobiliser

Publie le jeudi 11 septembre 2003 par Open-Publishing

L’appel à la mobilisation lancé par les syndicats d’enseignants a rencontré peu d’écho mercredi. Un peu partout en France, les personnels de l’Education descendus dans les rues se comptaient plus souvent en centaines qu’en milliers derrière les banderoles, après un printemps ponctué de grèves et de cortèges très fournis.

Mercredi, le défilé le plus imposant a eu lieu à Paris, mais n’a rassemblé que 2.200 personnes selon la police -5.000 selon les organisateurs.

Les cinq fédérations de l’Education (FSU, UNSA-Education, SGEN-CFDT, FAEN et FERC-CGT) à l’origine de l’appel à cette journée d’action destinée à contester la politique éducative du gouvernement et à dénoncer, notamment, le manque de moyens et la baisse des effectifs d’encadrement en cette rentrée 2003, estiment toutefois que cette mobilisation "n’est pas un échec" et constitue avant tout "un premier rendez-vous".

Réunies mercredi en début de soirée à Paris, elles ont décidé d’envoyer une lettre commune au Premier ministre pour faire part de leurs mécontentements, concernant notamment le transfert des personnels techniques, ouvriers et de service (TOS) prévu dans le cadre de la décentralisation.

Elles annoncent par ailleurs le lancement d’une enquête dans les établissements scolaires concernant les "besoins non satisfaits" et se reverront le 26 septembre prochain pour "travailler ensemble à de nouvelles initiatives.

"La colère, elle est toujours là. Beaucoup de collègues disent ’on est décidé à ne rien laisser passer. Mais comment cela va se traduire ? Je ne sais pas", a ainsi expliqué le secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU, premier syndicat de l’Education) Gérard Aschieri, qui participait au défilé parisien.

"Les ponctions sur les salaires (pour les jours de grève d’avril, mai et juin) pèsent sur la mobilisation, mais intervient également le fait que le rapport à la classe, c’est important pour les enseignants et que les premiers jours, les premières semaines, ça ne se rate pas" a-t-il ajouté.

Les imposantes manifestations visant à dénoncer les transferts de personnels dans le cadre de la décentralisation, la suppression des emplois-jeunes, la remise en cause du statut des surveillants, les restrictions budgétaires ou encore la réforme des retraites, semblaient en tout cas bien loin mercredi même si les syndicats estiment que "rien n’est réglé" et que "les contentieux demeurent".

A Marseille, ville phare de la contestation de la politique du gouvernement au printemps, où les cortèges étaient les plus imposants de France et dépassaient l’ampleur de ceux de Paris, un millier d’enseignants selon les organisateurs, 600 selon la police, ont ainsi défilé entre l’Inspection académique et la préfecture des Bouches-du-Rhône.

"Il faut repartir, les collègues sont entièrement mobilisés sur les mêmes bases qu’en mai et en juin", a affirmé malgré tout Josiane Dragoni, secrétaire du SNES (Syndicat national des enseignements de second degré, membre de la FSU) pour l’Académie de Marseille. "Les enseignants ne sont pas prêts pour être une nouvelle fois les fers de lance" du mouvement social, a toutefois tempéré Jean-Paul Beauquier, de la FSU des Bouches-du-Rhone.

Le nombre de participants était le même à Toulouse (600 selon la police, un millier selon les organisateurs). "C’est honnête pour un tour de chauffe", constatait une manifestante, optimiste.

"La mobilisation viendra, pour l’instant, on est sous les contraintes de la rentrée", a de son côté expliqué Marcel Ager, secrétaire départemental du SNES, dénonçant le "matraquage financier" que subissent les enseignants qui ont fait grève avant les vacances. "De toute façon, ils savent qu’avec ce gouvernement, il n’y a pas d’autre choix que la lutte."

Ils étaient 1.500 selon les syndicats, 800 selon la police, à défiler dans les rues de Lille, ville où un porte-parole de la FSU, Jean-François Larosière, a estimé que "la mobilisation commence seulement à monter. On peut encore progresser" a-t-il dit.

A Grenoble, les personnels de l’Education n’étaient que 600 à être présents dans les rues selon la police, tandis qu’à Lyon, le rassemblement organisé devant le rectorat a réuni environ 400 personnes, selon la police et les organisateurs.

A Rennes, les manifestants étaient entre 250 et 300 selon la police, tout comme à Quimper.

On pouvait également compter entre 200 et 300 personnes à Clermont-Ferrand, 120 à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) et à Cahors (Lot), entre 100 et 200 personnes à Bordeaux, une centaine à Valence (Drôme), Montauban, Nancy, Périgueux ou encore 70 à Vannes.

A Paris, les protestataires se sont rassemblés en milieu d’après-midi Carrefour de l’Odéon avant de défiler dans le calme jusqu’au ministère de l’Education nationale.
"Education, décentralisation, retraites, services publics : la lutte continue !", pouvait-on lire sur la banderole en tête du cortège, tandis que les premiers rangs des manifestants scandaient "Décentralisation, précarité, retraites. Rien n’est réglé, la lutte continue !", le gros des troupes marchant en silence sous une pluie fine qui était, elle, bien au rendez-vous. PARIS (AP)