Accueil > La direction du PCF veut renforcer le parti...
La direction du PCF veut renforcer le parti...
Publie le dimanche 14 septembre 2003 par Open-PublishingLa direction du PCF veut renforcer le parti
avant d’annoncer sa stratégie électorale
Marie-George Buffet souhaite "faire bouger la donne" au sein de la gauche avant de négocier avec le PS. La secrétaire nationale s’adressera aux militants, dimanche, à l’issue de la Fête de "L’Humanité".
Ni ps ni extrême gauche. Depuis des mois, le Parti communiste essaie de s’extraire de cette tenaille. Mais, à l’approche des échéances électorales du printemps 2004 - régionales, cantonales et européennes -, l’étreinte ne cesse de se resserrer. OAS_AD(’Middle’) ; "On est bloqué à gauche", reconnaît Marie-George Buffet. Toujours à la recherche d’un projet "rassembleur", la secrétaire nationale du PCF veut d’abord convaincre, dimanche 14, lors du discours qu’elle prononcera sur la grande scène à l’issue du week-end de la fête de L’Humanité, au parc départemental de La Courneuve, qu’"il faut changer dans nos têtes".
Vaste programme. Participant à un débat lors de l’université d’été de la LCR, le 28 août à Gourette, un autre membre de la direction du PCF, Jean-François Gau, avouait : "On a beaucoup réfléchi : on est communiste..." Reste simplement à formuler en quoi cela consiste et à en démontrer l’utilité. Car, malgré les incantations, le bulletin de santé du parti - militants, résultats électoraux, finances, presse - ne cesse de se dégrader. Lors de la réunion des secrétaires départementaux du 11 septembre, Michel Laurent, un autre membre de la direction, dans son rapport introductif, a bien tenté de remobiliser les cadres intermédiaires : "Le parti va mieux, les militants retrouvent leur fierté d’être communistes, a-t-il assuré. Nous obtenons des débuts de résultats. Pendant l’été, le nombre d’adhésions a augmenté de 30 %..." "Selon les organisateurs, ironise-t-on sous cape Place du Colonel-Fabien, ce n’est pas l’adhésion de Roger Hanin qui a fait remonter l’Audimat !"
En réalité, le traumatisme du 21 avril 2002 et des 3,37 % obtenus par Robert Hue au premier tour de l’élection présidentielle n’est toujours pas effacé. "Je suis lucide", répète Mme Buffet. Pour elle, la démarche d’"autonomie" prônée par les courants contestataires qui, au congrès d’avril, ont rassemblé sur leurs textes près de 45 % des suffrages, est sans avenir. "La réalité est que le PS occupe une place prépondérante à gauche", concède-t-elle, reconnaissant en cela que ce dernier possède les cartes maîtresses pour les prochaines échéances électorales. Or les derniers résultats du PCF ne lui offrent guère le choix : sans en passer par des alliances, il risque de voir fondre le nombre de ses élus.
Mais la direction sait aussi qu’en se rangeant d’emblée sous l’aile protectrice du PS, elle est condamnée à être satellisée. Il lui faut donc, avant d’aborder la question du rassemblement, tenter de renforcer son propre poids pour "essayer de faire bouger la donne". D’où l’appel qu’elle a lancé à la tenue de "forums citoyens" pour "faire progresser nos idées dans les trois mois qui viennent". L’objectif est clair :"sortir du dilemme actuel", que le rapport de M. Laurent résume ainsi : "Une bipolarisation droite-PS et, à gauche, d’un côté ceux qui peuvent gouverner mais ne veulent pas changer et, de l’autre, ceux qui disent vouloir tout changer sans jamais gouverner."
Autrement dit, pour la direction du PCF, il est urgent d’attendre avant d’énoncer dans quelle configuration elle se présentera aux prochaines élections : conférences régionales en octobre, assises nationales fin novembre sur les élections régionales et, en décembre, sur les européennes.
Ce calendrier est aussi à usage interne. En entretenant le flou sur ses intentions, la direction regroupée autour de Mme Buffet veut éviter d’essuyer les tirs croisés de ses diverses "oppositions". Les "refondateurs", regroupés autour du maire de Saint-Denis, Patrick Braouezec, et de l’historien Roger Martelli, qui s’étaient ralliés à la plate-forme majoritaire lors du dernier congrès, lui laissent pour l’instant le champ libre. Mais cela ne les empêche pas de continuer à entretenir leurs propres contacts avec une partie de la gauche et de la gauche dite "radicale".
Quant à l’ancien candidat à l’élection présidentielle, Robert Hue, si ses échecs électoraux - il a également perdu son siège de député - l’ont amené à quitter la présidence du PCF, il a saisi l’occasion de cette fête de "L’Humanité" pour faire entendre sa voix. Il souligne au passage que le nouveau mode de scrutin pour les régionales le rapproche de celui des municipales, où l’union à gauche dès le premier tour prévaut généralement, permettant aux élus du PCF de participer aux exécutifs locaux. Et l’ex-président du PCF précise qu’il n’entend pas rester inerte pour "aider -son- parti" à faire le bon choix.
"Robert Hue, c’est la social-démocratisation rampante", s’insurge le député du Rhône et maire de Vénissieux, André Gerin. "Il faut que le PCF soit porteur d’une radicalité politique", ajoute-t-il. M. Gerin ne cache pas être partisan de candidatures du PCF partout, au premier tour, aux cantonales comme aux régionales et aux européennes. Mais il veut, pour cela, que soit organisé un débat national au sein du PCF, redoutant que la question ne soit réglée au final région par région. Ce week-end, avec le courant "Action, novation, révolution", représenté notamment par Nicolas Marchand, ancien proche de Georges Marchais, et Yves Dimicoli, l’économiste du PCF, les partisans de l’"autonomie" donneront le coup d’envoi d’une consultation militante sur les échéances de 2004.
Patrick Roger
Echange de courriers avec la LCR
D’accord pour débattre, mais pas à la Fête de L’Humanité. C’est en substance la réponse qu’a faite Marie-George Buffet, dans une lettre datée du 11 août, à la demande que lui avait adressée Alain Krivine par courrier, le 23 juin, d’organiser un débat public entre le PCF et la LCR à La Courneuve.
"Notre conception n’est pas celle d’un face-à-face entre partis", ajoute la secrétaire nationale du PCF, qui se dit toutefois favorable à une rencontre, dont la date reste à fixer, entre les deux formations.