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La visite d’Ehud Olmert à Paris ne fait pas oublier le sort des Palestiniens...

Publie le vendredi 16 juin 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Ehud Olmert, le Premier ministre israélien du moment s’est rendu en France pour rencontrer - et trouver un appui qui serait soit dérisoire par rapport aux exigences de bilatéralité, soit la preuve d’une diplomatie vendue aux frais du sol palestinien avec les risques d’une recrudescence des situations d’envenimement que l’on connaît - auprès du Président Jacques Chirac à la fois l’encouragement qu’il attendait et la réserve d’un homme d’Etat français qui préfère réaffirmer l’obligation de trouver une solution à travers l’obtention d’accords israélo-palestiniens plutôt que la voie d’une résolution unilatérale qui elle exclurait malheureusement la moindre idée de partage des territoires stipulés dans une feuille de route devenue bien lointaine qui désormais cherche a exclure toute règle de partage possible. La diplomatie conclura-t-elle en s’en séparant le plus rapidement possible et imposer une supériorité de l’embargo des aides habituelles pour faire ployer le sol palestinien sous les volontés de l’expansionnisme territorial israélien ? La situation semble de plus en plus étrange dès lors que le terme unilatéral revient aux esprits, celui d’unilatéralement(1) qui signifierait que deux camps et deux parties négocieraient chacune de son côté sans jamais trouver d’accords réels est quant à lui assez descriptif mais dénonce en même temps l’impasse diplomatique qu’il sous-tend... Le bilatéralisme doit l’emporter souhaite Jacques Chirac, celui d’une entente entre les deux parties qui s’affrontent depuis 1947 et non pas celui d’une force extérieure qui - aussi puissante puisse-t-elle être - choisirait d’appuyer un pays plutôt qu’un autre en participant ainsi de pleins pieds au rêve « colon » d’Israël. Cette seconde attitude engendrerait d’incontrôlables situations et pourrait rapidement déraper vers l’abandon des solutions diplomatiques pour enclencher encore plus vite l’escalade armée.

D’un autre côté ou plutôt simultanément, le Président Bush exhorte « l’Europe, l’Asie et le Proche Orient à aider l’Irak » mais ne précise pas si c’est là un appel destiné à la résistance irakienne (!) (2) ou pour des démocrates qui ne trouvent pas d’accords entre eux et bloquent ainsi la sortie de la crise en Irak ( !!). De plus, faut-il rajouter encore une partie « secrète » de l’entretien dont rien n’a filtré qui laisse supposer une évolution inattendue de la situation et aux vues des silences mondiaux à chaque massacre, on peut se prévoir au pire...

Finalement les rencontres diplomatiques se poursuivent et se retrouvent devant l’impossibilité de trancher dans une justice des territoires toute acquise progressivement aux faveurs d’Israël imposant la légitimité d’une territorialité économique plutôt qu’aux vues d’une territorialité qui devrait être tout simplement historique et dont pas mêmes les principales grandes puissances de ce monde ne daignent prendre en considérations au risque de plonger des populations civiles désemparées ou aux aboies, aux bords de la guerre civile ou en proie à des attentats auxquels répondent des tirs de missiles... Les cadavres s’amoncellent sur ce satané capitalisme qui passe à tout rompre, jusqu’à une population, qualifiée de « mineure » sur l’échiquier mondial, mais population quand même.

(notes)
(1) Un journaliste du Monde tentait de noyer le poisson en utilisant ce terme « unilatéralement » pour que ne soient pas abandonnés les espoirs de reprise des négociations maintenant que la situation est plus ou moins propice pour donner plutôt raison à l’un (Israël) qu’à l’autre (Palestine, décryptée en Cisjordanie).

(2) Cela paraît idiot de prime abord mais ne l’est pas tant que ça dès lors qu’on part du principe des droites réunies en une seule par sa même extrême et de l’axiome qui les répand de la même manière aux quatre coins de la planète sous des contours intégristes à peu près identiques. Dans ces conditions et dans ces conditions uniquement l’ambiguïté de l’interprétation devient tout à fait possible, voire même réalisable et il n’est dès lors pas impossible que des mercenaires ramenés à la maison reprennent du service : ô secours, le monde a peur.

Messages

  • Israël est tellement sur de son impunité qu’il ne prend même plus la peine de dissimuler son cynisme.
    Ce qu’a dit Olmert à l’issu de ses rencontres avec Chirac et Blair se résume à ceci : On veut bien négocier avec les Palestiniens mais s’il n’y a pas d’accord nous appliquerons notre plan de manière unilatérale. Autrement dit, que les Palestiniens soit d’accord ou non, les conditions définies par Israël s’appliqueront.
    Olmert a enfoncé le clou en affirmant que si Chirac n’avait pas formellement repoussé toute solution unilatérale dans sa déclaration d’après entretien, cela signifie qu’il y a donné son accord tacite. On se demande s’il faut rire ou pleurer quand on entend des "commentateurs avisés" et autres "experts" en tout parler encore de processus de paix, de feuille de route et autres balivernes dont Israël ne s’est jamais plus soucié que d’une vulgaire résolution de l’ONU.

    Les Palestiniens n’ont pas fini de crever dans l’indifférence générale, sous les coups d’une armée de criminels racistes ou sous l’effet des sanctions des "nations civilisés" (lesquelles me paraissent irrésistiblement évoquer "Les singes de mon quartier" que chantait Brel).

    Valère

  • " « La vision de la fillette de la plage de Gaza dont la vie a été mise en lambeaux sous nos yeux doit nous tirer de la torpeur dans laquelle nous sommes plongés depuis des années. [...] L’armée israélienne [...] fonctionne [...] comme un piston stupide, assénant ses coups aux Palestiniens les uns après les autres avec pour seul résultat d’exacerber leur humiliation, leur colère et leur désir de vengeance. »

    David Grossman, cité dans l’article de Pierre Marcelle :

    http://www.liberation.fr/page.php?A...

    "Trop de temps, trop d’occasions ont été perdues. Le retrait de Gaza, s’il avait laissé un rôle à l’Autorité palestinienne, n’aurait sans doute pas conduit le Hamas au gouvernement de la Palestine. Nous avons soumis le président de l’Autorité palestinienne à des conditions dont nous savions qu’il n’était pas en mesure de les exécuter, faute des moyens nécessaires. Et aussi, parce que, nous le savons bien, on peut se protéger du terrorisme par des moyens militaires, mais on ne peut le combattre et l’éradiquer que par les moyens de la politique."

    Théo Klein, encore dans un article Rebonds

    http://www.liberation.fr/page.php?A...