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Les cheminots CFDT changent de train

Publie le jeudi 2 octobre 2003 par Open-Publishing

Plusieurs dirigeants de la Fédération des transports CFDT vont
annoncer leur départ aujourd’hui. La FGTE ne peut plus éviter
l’éclatement. D’accord sur le constat. Pas sur la solution. Quelque
350 délégués à l’assemblée de la Fédération générale des transports
et de l’équipement (FGTE) discutent depuis hier de l’opportunité de
rester ou non à la CFDT. " Nous étions à l’aise dans la CFDT lors de
la grande journée de mobilisation du 13 mai dernier. Nous avons
sombré dans le chaos le 15 mai lorsque François Chérèque a signé. "

Ce témoignage d’Emmanuel, cheminot de Montparnasse, colle à la peau
d’une très grande majorité de militants de cette fédération, fer de
lance de l’opposition aux orientations confédérales.
Partout le même constat : la ratification du " compromis acceptable "
pour la réforme des retraites, brandit par leur secrétaire général,
les étrangle. L’autoritarisme en vigueur dans la centrale les
étouffe. Le conflit sur les retraites a été leur point de rupture.

Mais faut-il préserver un outil syndical capable de ne pas céder aux
" sirènes libérales " de la confédération, ou faut-il partir ? Et
pour aller où ? C’est là que tout se complique. La FGTE discute
depuis de long mois avec ses 60 000 adhérents dans l’espoir de
parvenir à une issue collective. Claude Debons, secrétaire général, a
alerté hier sur la " responsabilité des syndicalistes de préserver
leurs capacités d’action collective dans un contexte économiquement
dégradé et socialement chargé ". Tel ne semble pourtant pas être se
qui se profile.

L’éclatement de la troisième fédération de la CFDT est devenu quasi
inévitable. Les trois quarts des mandats nécessaires pour prononcer
une désaffiliation collective ne sont pas réunis. Dès lors, chacun
est face à sa conscience, secoué, déboussolé, orphelin. " C’est un
déchirement, après tant d’année de combat commun, de quitter la
famille, le clan. D’un seul coup, n’être plus rien ", a susurré, la
voie ténue, Françoise, du syndicat de l’équipement de la région Midi-
Pyrénées. Mais " il faut partir, notre CFDT n’existe plus ", a-t-elle
ajouté, faisant part d’une décision majoritaire de son organisation.

" Il faut continuer la CFDT, quitte à continuer contre la CFDT ",
s’est opposé Michel, du syndicat général des transports de l’Ouest
parisien. Si les cheminots de Tours veulent rester, ceux de
Montparnasse quittent le bateau, refusent d’alimenter l’émiettement
syndical et ont déjà choisi la CGT.

Les cheminots vont partir, en majorité, et avec eux Bruno Dalberto,
membre du secrétariat national de la fédération et ancien secrétaire
général du syndicat. " Nous sommes plusieurs responsables de
différents secteurs à jeter l’éponge et allons publiquement expliquer
pourquoi, au-delà des rangs de la FGTE ", explique-t-il, ajoutant
que, pour lui, " l’avenir est ailleurs même s’il n’est pas possible
de faire des copier-coller pour savoir où atterrir. Les adhérents de
l’équipement se tournent plutôt vers la FSU, alors que les routiers
où les cheminots choisissent davantage la CGT ". Jean-Christophe,
technicien à la SNCF venu d’Angoulême, est assez loin de tout ça.

Avec les cheminots du Poitou-Charentes, il a opté pour le départ.
Mais il avoue son désarroi : " Nous ne savons pas où aller. Chérèque
nous méprise. C’est lui qui nous fout dehors. Je ne sais plus où j’en
suis. "

Paule Masson