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Foot et médias, tricolores, croix gammées et sursauts nationalistes

Publie le vendredi 14 juillet 2006 par Open-Publishing
9 commentaires

di Angela Azzaro Traduit de l’italien par karl&rosa

Je ne comprends pas - peut-être parce que je ne suis pas fière d’être italienne - ce que veut dire "être italienne", mais devant le spectacle des célébrations pour la victoire aux championnats du monde, je ne me suis pas réjouie.

J’ai éprouvé quelque chose, mais d’un genre différent : un sentiment qui s’appelle ennui, inquiétude, peur pour le jaillissement - certes pas inédit - d’un national nationalisme qui comporte le risque de la dégénération dans la haine pour l’autre, c’est-à-dire du racisme, de l’antisémitisme, de la misogynie, d’une attitude homophobe.

C’est pourquoi je ne fus pas surprise mais, certes, scandalisée, en découvrant que, la nuit-même de la parade triomphale de l’équipe nationale, le ghetto de Rome a été souillé de croix gammées et d’inscriptions antisémites.

Un fait gravissime, qui n’est sûrement pas imputable au million d’hommes et de femmes qui sont allés accueillir Lippi et ses joueurs, mais qui doit être lu en relation avec le contexte que nous sommes en train de vivre : les inscriptions "Zidane juif", les accusations d’être "des pédés" adressées aux joueurs français, les mères et les femmes qualifiées de "putes", les écriteaux "les Français sont tous à pendre".

Le nationalisme n’est pas un phénomène nouveau, mais c’est justement pour cela qu’il doit être analysé aussi bien dans ses invariantes historico anthropologiques, que dans les changements qui en font un facteur déterminant du présent. La donnée immuable est le fil subtil qui lie le soutien d’une équipe nationale au sentiment d’appartenance à une communauté fondé sur le sang, la race, en somme sur l’exclusion de tous ceux qui n’ont pas les mêmes caractéristiques.

Je n’ai jamais compris l’équation : "je suis né en Italie et c’est pourquoi je soutiens l’Italie" que sur la base de cette dynamique qui fera en sorte qu’on se réjouisse si on gagne le championnat du monde, mais qui fait peu rire si elle signifie un pays fermé, xénophobe, où la citoyenneté est basée sur le « sang » - tu n’es italien que si tu est conçu par du sang italien - plutôt que libre et ouverte. On peut avancer plusieurs objections. Comme celle qui revendique dans les célébrations de ces jours-ci l’élément ludique, de participation, de fête, d’une communauté qui trouve une lymphe nouvelle. Mais la coïncidence que la fête, la joie, l’unité soient si évidentes quand le ciment est la rhétorique de la fierté d’être italien est-elle innocente ?

L’équipe nationale de foot a déjà gagné des championnats du monde. Pas mal d’entre nous, à cause de leur âge, se souviennent de ceux de 1982. A l’époque aussi on fit la fête, on descendit dans les rues, mais moins emphatiquement, surtout avec une sensibilité différente de la part du système médiatique, le véritable protagoniste de la scène et du discours public de ces championnats du monde. Qu’est-ce qui a changé ? Entre temps il y a eu le berlusconisme, la crise de la participation, l’impact, outre que politique, symbolique de Forza Italia, il y a eu la guerre dans l’ex-Yougoslavie, les guerres du Golfe, Gênes, il y a eu Nassiriya et les héros de « ainsi meurt un Italien ». Le sens commun s’est déplacé vers la rhétorique du tricolore à tel point qu’un quotidien de gauche, l’Unità, pouvait faire un titre calambour « L’Italie est revenue », en identifiant la victoire contre l’autre dans l’affirmation de soi en tant qu’entité nationale.

Le système médiatique a tout fait pour nourrir ce nouveau mythe collectif, pour s’en servir pour définir une identité certaine à une époque où rien n’est sûr. Les hommes et les femmes, les très jeunes qui ont participé si nombreux aux manifestations pour la victoire aux championnats du monde ne sont évidemment pas les auteurs de ce dessein. Mais, dans la société du spectacle, le langage des médias et le sens commun sont deux éléments qui se nourrissent réciproquement, qui créent un court-circuit dangereux entre la représentation des faits et leur réalité.

Ce sont des années que nous avons appelées de guerre permanente, où les journaux et la télé ont construit la rhétorique de l’Italien, de celui qui n’est un héros que parce qu’il représente la nation dans un pays « étranger » en faisant abstraction de ce qu’il fait ou de ce qu’il pense. Le glissement sémantique est constant, efficace, il a changé la perception des évènements et a renforcé des formes de nationalisme, anciennes justement, mais qui trouvent aujourd’hui une nouvelle raison d’être dans le contexte global. Une partie de la politique a été complice. Je ne pense pas aux autres Calderoli, mais à des personnages modérés qui, dans le discours public, ou bien ont trouvé un réconfort à leur incapacité de construire une alternative ou bien ont exprimé une adhésion réelle.

Virginia Woolfe, dans « Trois guinées » (1938), en critiquant la guerre critique l’idée de patrie. Il n’y a pas de paix sans déconstruction de cette entité », de cette appartenance. Beaucoup de temps a passé depuis. L’idée de nation a connu des moments de déclin, toute une littérature l’a mise en discussion au nom d’un droit de citoyenneté qui ne connaît pas de frontières mais des formes organisées de démocratie. Voulons-nous recommencer à y réfléchir avant qu’il ne soit trop tard ?

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=14239

Messages

  • "Qu’est-ce qui a changé ? Entre temps il y a eu le berlusconisme, la crise de la participation, l’impact, outre que politique, symbolique de Forza Italia, il y a eu la guerre dans l’ex-Yougoslavie, les guerres du Golfe, Gênes, il y a eu Nassiriya et les héros de « ainsi meurt un Italien ». "
    Qu’est-ce qui a changé ? L’Europe. L’Italie est devenue une région de l’Europe. Alors il est normal d’assister à un certain repli sur soi. Ce qui l’est moins se sont les manifestations extrêmes (antisémitisme...) et les déséquilibres dans le monde (beaucoup de richesses réparties entre une minorité de gens, et la conséquence... une misère grandissant au fil du temps et ce dans toutes les sociétés de la planète).

  • Notre travail d’éducateur est sans cesse remis en cause par les fachos et leur croix gammées d’un côté et par les faiseurs d’éloges des donneurs de coups de coups de boules de l’autre. Et quand cela vient des sommets des Etats, c’est catastrophique.

    Mais nous ne devons pas lacher et montrer -démontrer- à nos jeunes l’ignominie des uns et l’immoralité des autres.

    Zi Zi

    • wai seulement les ados on en a marre des adultes de toutes obediences ,nous faire la moral sur le passé,si vous vous avez raison,l’autre n’a pas tord non plus de vouloir nous faire sa moral,alors laquelle ? quecequ’y vous dit que nos instins,sont si maléables que ca,les questions mareriels sont une chose et celle de l’espris une aure,que les adultes voudrait a tout prix que on adopte,selon leur désirs,et pourtant le passé démontre que les générations précedente,n’ont pas grand chose a nous communiquer, a part les stupidités sans interet pour la moral ,genre votre foot,a devenir l’évenement du siecle,quand a votre communautarisme,vecteur de bien des problemes,rien a foutre,pour nous les arabes,les israeliens,les gays,les féministes,les gens de couleurs et autres,sont des humains,etant moi meme un améridien du nord,si quelqu’un me le fait remarquer de facon raciste,je l,envoie se faire voir,et ca reste la. bien sur je critique les Israeliens pour les massacres qu’ils font en palestine,mais je n’est pas a plus défendre les juifs,pour cause d’olocoste, la preuve vous meme les doneurs de lecon,vous oublier le plus grand génocide de tout les temps,celui des amerindiens, fait par les portugais et espagonles,tuant 40,millions de nos ancetres et plusieurs millions d’esclaves importé d’afrique, bien sur nous manquons de moyen financier pour faire ,ce qui est tres mode chez les occidentaux de toutes tendances,instaurer un systeme de repantence,pour faire taire les idées populaire.la gauche vend sa salade comme la droite,la réussite ne depend que de la caisse électoral de chaque parti,le reste c’est peter de la broue.

    • genocides...
      il faut garder en memoires tous les genocides.Et le plus meurtrier de tous est bien sur le masacre et le genocide des ameriendiens, les natifs d’une terre qui leurs a ete vole et violee.
      Et cette terre est aujourd’hui controlee, par un systeme blanc, chretien, et occidentale.
      Et la nouvelle sainte inquisiton n’est plus espagnoles, elle est aujourd’hui anglo saxonne.
      Mais rien n’a change, depuis mille ans, le monde judeo chretien nous degeule son saint empire, de genocides en genocides."Paix sur la terre" disait prophete...ya k’a voir ou on en est.
      Le sage montre la lune et l’imbecile regarde son doigt..."

      On achete plus la paix sociale a coup de "du vin et des jeux".
      Aujourd’hui c’est plutot "d’la biere du vin, ou tout ce qui peut vous saouler la gueule (soit dit en passant on ne dit pas dans ce cas que le bon peuple "se drogue" et on habille l’alcool de valeurs culturelles...les grands chefs du monde occidental se bourrent regulierement la gueule au cours de petites fetes entre ami-e-s ou enfamille...jamais ils ne diront qu’ils se sont defonces la gueule ou k’ils se sont "drogues" tout le week-end...)

      Donc..."d’la bierre ou des trucs qui soulent, et du foot, ou du cyclisme, ou toutes sortes de sports de haut niveau"
      Et puis on glorifie le heros.On en fait un mythe...comme des icones religieuses.
      Saint occident prions pour toi. Saint kapital que ta volonte soit faite en occident et partout sur la terre...

      Grandeur et decadence du saint empire judeo-chretien kapitaliste...Meme si ca a tout l’air d’une decadence depuis le debut. Faudra bien que ca s’arrete un jour...Dans la douleur, comme le messie sur la croix...

      Pauvre planete.Les replis identitaire quels qu’ils soient ne sont que des insultes a l’intelligence.
      A l’intelligence du coeur.Quand la difference ne represente pas une concurence mais une complementarite.
      Quand l’adversaire dans une rencontre sportive n’est pas un enemi mais un partenaire de jeu.
      Au depart c’est juste un jeu.Mais ce jeu est devenu le double reflet d’une societe de plus en plus fermee et ou l’identite est de plus en plus etriquee...

      y’a du boulot...

      (et il l’a pas vole son coup d’boule...)

  • ...Si j’ai bien compris, la photo de Buffon avec la banderole à croix celtique, c’était sur l’autobus qui traversait Rome pour fêter le triomphe de la Squadra. C’est du joli !!