Accueil > Montecchio, résistance ultras et championnat du monde antiraciste

Montecchio, résistance ultras et championnat du monde antiraciste

Publie le vendredi 21 juillet 2006 par Open-Publishing

de Gianandrea Bungaro traduit de l’italien par karl&rosa

La chose qui saute le plus aux yeux sont les tentes. Beaucoup de tentes. Un vrai camping multiethnique avec des dizaines de couleurs et d’images, qui sont les drapeaux des tifosi et les banderoles, rouge vert de la Ternana, bleu cerclé de la Sampdoria ou blanc vert du Panathinaikos.

Allemagne, Italie, Ukraine, Burkina Faso, Grande Bretagne, France, Danemark, Autriche. Une participation du monde entier. Nous sommes à Montecchio, province de Reggio Emilia, à l’intérieur du parc Enza où le week-end dernier s’est déroulé le 10ème Championnat du monde antiraciste du tifo organisé.

Un évènement voulu fortement par Progetto Ultrà et Istoreco.

Si nombre d’entre nous savent ce que c’est Progetto Ultrà sponsorisé par l’UISP [Union Italienne des Sports Populaires, NdT], il y en a peu qui savent qu’Istoreco est une association créée par un jeune Allemand, Stephan, qui veut garder vivant le souvenir des parcours partisans dans la province de Reggio Emilia.

Institut pour l’Histoire de la Résistance, voila ce qu’ est Istereco. Alors tu te rends compte du pourquoi du Championnat du Monde antiraciste, du pourquoi on veut sortir et mettre ensemble des personnages que tous les journaux décrivent chaque dimanche comme des violents. Ce sont de petits partisans eux aussi, excusez la comparaison risquée. Ils parcourent des sentiers différents, les sentiers en béton des marches des stades, mais ils combattent eux aussi les tyrans et les « dictateurs » du système.

« Le calcio c’est nous » hurlent-ils à tue-tête. Mais ces dernières années ils ont dû céder sur tout. Les ultras antiracistes, ceux qui n’offenseront jamais l’adversaire pour la seule couleur da sa peau, ceux pour lesquels il n’y a pas que le foot mais aussi la solidarité, sont en train de disparaître.

Submergés par l’argent, par la télé payante, par le racisme vrai des autres, par les sociétés. Il n’y a plus de place pour ces vieux romantiques du ballon. L’analyse la plus juste est celle d’Andrea, tifoso du Milan et de la Fosse des Lions, « Ici à Montecchio c’est en train de devenir une fête. Très belle et colorée. Mais on n’y voit pas les grands groupes ultras. Ceux des équipes qui comptent ». C’est vrai. Il suffit de penser à la Fosse des Lions, qui n’est rien d’autre que le premier groupe ultras d’Italie. Disparu, détruit, broyé par le système dont nous parlions auparavant.

Même chose à Venise, même chose à Bergame. C’est en train de devenir un cri d’alarme et peut-être cela aurait dû sortir de Montecchio. Sur l’antiracisme nous sommes tous d’accord mais ici, si on ne se dépêche pas, les uniques ultras qui resteront seront de deux types : les amis de la société ou les très à droite. Mais Montecchio, on le sait, est un meeting international où les Allemands sont chez eux. Les grands groupes ultras venaient de l’étranger, de Marseille et d’Athènes.

Les grandes villes italiennes, celles qui comptent, on ne les a pas vues. Après l’orgie tricolore pour la victoire au Championnat du monde, les croix gammées dans le quartier juif de Rome et pas que ça, ce serait beau de redémarrer de Montecchio. Une onzième édition avec plus de participation de tous les virages italiens qui ne veulent pas se rendre au calcio moderne.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...