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Les troupes italiennes rentrent d’Irak. Maintenant, entamer de partout des processus de paix

Publie le dimanche 23 juillet 2006 par Open-Publishing

La déclaration de vote

de Franco Giordano (secrétaire national de Refondation Communiste Italie) traduit de l’italien par karl&rosa

Monsieur le Président, après des années de mobilisation démocratique et pacifiste, l’Italie retire ses troupes de l’Irak. C’est ce que nous avions promis au pays, c’est ce que nous avions écrit dans notre programme et c’est ce que concrètement dispose le Gouvernement de l’Union. Aucun de nos militaires ne restera sur cette terre martyrisée par la guerre et le terrorisme. Croyez moi, président Casini [président de la Chambre des Députés pendant la dernière législature, NdT], nous en sommes heureux. Je dis sincèrement, d’un point de vue démocratique, que, enfin, vous faites preuve d’une autocritique sur la politique étrangère du Gouvernement précédent.

Savez-vous quelle est la différence entre vous et nous ? Vous, chaque mois, annonciez le retrait des troupes de l’Irak. Ce Gouvernement, aujourd’hui, le fait concrètement par un projet de loi.

On met fin - ça, c’est une véritable discontinuité - à la subalternité de notre pays à une guerre douloureuse et cruelle. Notre jugement sur cette guerre nous différencie aussi. Comme toutes les guerres, elle est cruelle, mais c’est aussi une guerre qui a manqué tous les objectifs pour lesquels elle avait été proclamée. On a nourri les réservoirs de la haine d’une façon perverse, le fondamentalisme et le terrorisme ont grandi. La chute dans le gouffre du conflit de civilisations est devenue de plus en plus proche. La politique a été réduite à néant par le bruit des armes, par la mort et par la destruction qui ont désertifié la participation des peuples et la construction de la démocratie.

Toute la région du Moyen Orient a été déstabilisée. Cela, c’est l’échec de la politique américaine et de la stratégie de la guerre permanente de Bush. Le ministre D’Alema a eu raison, en affirmant exactement tout cela.

Il y a une crise comme cela n’arrivait plus depuis 1990 entre Israël et Palestine. Le Liban est au bord d’une guerre civile et il a été envahi par Israël. La Syrie et l’Iran sont au maximum de la tension dans les relations de la région avec le monde. La Palestine est à bout.

Nous sommes en train de payer un prix très élevé pour les choix du Gouvernement Bush. Maintenant il faut arrêter le conflit, faire cesser le feu, rouvrir la voie des négociations, stopper l’offensive israélienne, relaxer par ce moyen les prisonniers et les otages. L’interposition de l’ONU doit avoir pour but la seule protection des civils et des frontières, le maintien de la paix aux frontières entre le Liban et Israël, à Gaza et en Cisjordanie. Tous doivent être concernés dans la construction de la négociation. Assez de gestes et d’actions unilatérales.

Le mouvement pour la paix s’est opposé, à l’intérieur de la longue vague du mouvement contre la globalisation néo-libérale, à cette dramatique surenchère de destruction et de recul politique et culturel et nous a proposé une véritable alternative au gouffre de la guerre de civilisations. Le fait que nous soyons à l’intérieur de ce mouvement et que nous reconnaissions en même temps son autonomie et la force de sa culture politique nous font dire que rien ne peut justifier une guerre, peu importe si elle est faite unilatéralement ou sous une forme multilatérale.

Voila la valeur extraordinaire, pour nous, de l’article 11 de notre Constitution. Ce Gouvernement a hérité d’un pays déjà entraîné dans différents scénarios de guerre. Nous ne sommes pas en train de nous battre pour entamer des processus de paix. Nous n’avons pas partagé et nous ne partageons pas la guerre en Afghanistan : le ministre des Affaires étrangères D’Alema l’a clairement répété ici et nous voulons le remercier. Notre option politique reste celle du retrait des troupes. Aujourd’hui, nous savons que cette option est majoritaire dans la société italienne et pas seulement dans le mouvement pacifiste.

Mais dans l’Union il y a des opinions différentes, contrastantes. C’est la raison pour laquelle nous avons œuvré avec limpidité pour atteindre une médiation refusant une logique majoritaire à l’intérieur de l’alliance gouvernementale ou que la logique bipartisane même en matière de politique étrangère soit proposée à nouveau.

Justement sur la politique étrangère nous voulons marquer le renouveau et la discontinuité, un renouveau que nous demande la société italienne. C’est une médiation à partir de laquelle faire redémarrer l’initiative du mouvement de la paix. Notre médiation a empêché un échange qui a été proposé à l’Italie par les Usa et l’Otan après la sortie de l’Irak : déplacer plus de moyens et d’hommes en Afghanistan. Au fond c’est aussi ce qu’avait fait Zapatero, dont le retrait avait unanimement été apprécié par le mouvement pacifiste.

Nos militaires ne déplaceront pas leur zone d’intervention au sud, où le conflit devient de plus en plus âpre et dangereux, ils ne changeront pas les règles d’embauche et le code militaire de paix sera appliqué à la place de celui de guerre. Pour la première fois une somme est affectée pour le Darfour, un pays où une tragédie humanitaire est en cours et qui n’arrive pas à avoir une centralité dans la communauté internationale pour la seule raison que ne s’y concentrent pas les intérêts géopolitiques états-uniens. Par la motion, qui est une partie intégrante de cet accord dans la majorité, nous avons essayé de tracer les lignes programmatiques de nos missions, en particulier de celles en Afghanistan, en constituant un comité parlementaire de contrôle auquel associer des organisations non gouvernementales et pacifistes en mesure d’estimer l’évolution concrète de la situation afghane, en évaluant l’hypothèse d’un dépassement d’Enduring freedom et la possibilité de rediscuter dans les instances internationales notre présence sur ce territoire. On dessine ainsi l’acheminement d’une autre politique étrangère du pays, différente et alternative par rapport à celle du Gouvernement précédent. Il faut continuer sur ce chemin et aller au-delà.

Ces jours-ci nous avons dialogué en respectant pleinement les autonomies avec l’archipel multicolore des pacifistes. Mais c’est aussi le Gouvernement, dans toutes ses articulations, qui doit sentir ce dialogue comme la boussole se son initiative, comme la référence constante d’une nouvelle grammaire de relation entre les peuples et les Etats.

D’ailleurs, comment notre pays pourrait-il ne pas se servir de ce vocabulaire de paix, immergé comme il l’est dans la mer Méditerranéenne, carrefour de riches relations avec des pays qui donnent sur l’autre rive ? Ce sont la position géographique elle-même, notre histoire, notre identité culturelle, que les Gouvernements de la droite ont essayé de faire chavirer et de dénaturer, qui nous ont fait contraster toute irraisonnable prétention de primauté de la civilisation occidentale, prélude culturel du choc des civilisations.

Messieurs les députés de la droite, ces dernières années vous avez systématiquement - et nous venons juste d’en recevoir des échos ici - bâti la peur de l’ennemi extérieur, l’Islam, les migrants et tout ce qui vous semblait différent - pour construire une identité régressive et conservatrice sur le plan culturel et sur le plan politique et une subalternité totale aux intérêts américains.

Nous investissons sur la paix pour construire une société solidaire et alternative sur le plan culturel et pour revendiquer l’autonomie et la dignité de notre pays. Nous espérons et nous oeuvrons afin que l’agenda politique de ce pays soit radicalement changé et pour qu’il soit changé par les initiatives de paix. Nous demandons à cette agenda politique q’il y ait écrit d’abord justement ce mot : le mot paix.

http://www.liberazione.it/giornale/060720/archdef.asp