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Italie : intervention Afghanistan, la raison de la dissension

Publie le lundi 24 juillet 2006 par Open-Publishing
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Un vote utile "Aux critiques de Pietro Ingrao je réponds qu’à la Chambre des députés nous avons donné la voix au peuple de la paix. Sans mettre en danger l’avenir du gouvernement"

de Alberto Burgio Député du Parti de la Refondation Communiste traduit de l’italien par karl&rosa

"J’ai toujours défendu, aujourd’hui aussi, le droit à la dissension et je ne crois pas que les dissidents soient des ‘traîtres’ à chasser". Je voudrais adresser à Pietro Ingrao un remerciement public pour ces simples paroles, prononcées dans une interview parue jeudi sur la Stampa.

En marge de l’évènement du vote parlementaire sur l’Afghanistan s’est manifesté un syndrome très préoccupant, menaçant pour tous, où l’intolérance nourrit la suspicion et même le mépris pour ceux qui ne sont pas d’accord.

Les paroles d’Ingrao marquent une frontière sacrée que personne, pour aucune raison, ne devrait franchir. Si sur ce point je suis d’accord avec Ingrao, j’ai, au contraire, quelques objections en ce qui concerne son jugement sur notre vote contraire aux missions, qu’Ingrao considère comme "une lourde erreur politique".

Pourquoi nous serions-nous trompés en votant contre le refinancement des missions en Afghanistan ? Pour deux raisons : nous aurions isolé l’Afghanistan du contexte international (« de l’Irak à Israël au Liban, à la Palestine ») en toile de fond de cette guerre. Et nous aurions risqué de « enterrer ou même sérieusement blesser le gouvernement de centre-gauche ».

Je voudrais expliquer pourquoi je ne crois pas qu’il en aille ainsi. A la Chambre les chiffres sont de nature à préserver le gouvernement de tout effet négatif en présence d’une dissension circonscrite à un petit nombre de députés. J’ai l’impression (en vérité quelque chose de plus qu’une simple impression) que ces dernières semaines on a voulu créer artificiellement (dans le pays aussi) un psychodrame visant à délégitimer une fois pour toutes toute position discordante des décisions de la majorité et de l’exécutif.

Je demande : la gauche critique devrait-elle s’en tenir à un tel modèle de relations ? Ou la fonction des forces d’alternative - qui consiste à mon avis dans le contraste des orientations modérées présentes dans le centre-gauche pour réaliser les parties les plus avancées du programme de l’Union - n’implique-t-elle pas la sauvegarde jalouse de marges adéquates de dissension ?

Quant au Sénat, il est évident que l’exiguïté de l’écart entre la majorité et la minorité (qui n’est certainement pas imputable à « l’irresponsabilité » de quiconque) recommande de la prudence à tous ceux qui ont à cœur le sort du gouvernement. Mais justement : à tous (y compris le gouvernement) et pas seulement à ceux qui s’opposent aux choix de l’exécutif, en considérant qu’ils donnent la voix, par leur dissension, à des instances répandues et à des valeurs enracinées dans le « peuple de la gauche ».

Quant à la nécessité de tenir compte du scénario international, comment n’être pas d’accord avec Ingrao ? La question est que c’est justement cette perspective d’analyse qui nous a poussé à voter contre le refinancement des missions. La guerre en Afghanistan est, de même que celle en Irak, un nœud clé dans la stratégie américaine de domination sur les zones stratégiques de la « ceinture du pétrole ».

Pour cela, pas à cause d’abstraites options idéologiques, une césure s’impose par rapport à la politique étrangère du centre-droit. Mais sur l’Afghanistan le choix du gouvernement confirme la ligne de la droite, qui, et ce n’est pas pour rien, a voté en bloc avec la majorité. La preuve : le gouvernement a refusé d’insérer dans le décret toute référence, même indéterminée, à une exit strategy. C’est ce qu’on demandait et il a refusé, au moins jusqu’ici.

Je demande : après les expériences des gouvernements de l’Olivier aux années 90 (Serbie, Kosovo, adhésion au nouveau « concept stratégique » basé sur la transformation de l’Otan en une force d’agression), devrions-nous ouvrir un crédit au gouvernement (dans l’attente d’éventuels changements d’avis à venir) ou n’avons-nous pas, au contraire, l’obligation de le juger sur la base des faits et des décisions concrètes ?

Voila les questions qui me semblent à l’ordre du jour. Pas d’autres. Pas, par exemple, les désirs présumés de visibilité que d’autres commentateurs - je ne sais pas sur quelle base - pensent pouvoir attribuer aux « dissidents ». Aussi pour cela j’en sais personnellement gré à Pietro Ingrao : parce qu’il a posé des questions politiques, en évitant de s’ajouter au chœur pléthorique des sycophantes.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

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