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Mensonges et Trahisons (le nouveau feuilleton)

Publie le mardi 8 août 2006 par Open-Publishing

Mensonges et Trahisons (le nouveau feuilleton)

(toute ressemblance avec des faits d’actualité n’est que purement fortuite !)

— Rappel des épisodes précédents —

A chaque fois qu’un "journal d’information", comme il s’appelle lui-même, proclame que la fin du conflit est pour bientôt et que la paix est en bonne voie, le seul but n’était jamais que de distiller dans les cerveaux un nouveau calmant.

Peu importe que cela soit fondé, ce qui compte est la docilité des peuples, et pour se faire de villes méthodes sont appliquées.

Pendant cette joie de vivre de façade, le sol tremble et les démons refont surface.
Les brillants orateurs envoyés dans les rues pour répandre l’information flattent l’égo du chancelier pour son courage et sa détermination, et les villageois écoutent leur si grande instruction avec bienveillance et envient secrètement leurs si beaux costumes.

— épisode du jour : "Le vilain menteur" —

L’orateur raconte combien les pays frères ont admiré de la stratégie adoptée à l’encontre des infidèles qui n’ont jamais été fiables et dont le bannissement se rapporte plus à la guérison d’une plaie.

Les peuples sont ébahis par ces démonstration d’intelligence et prennent pour argent comptant les récits héroïques de leur grand maître à tous, qui conquiert de nouvelles terres et promet un avenir radieux.

Les enfants et les petits commerçants s’imprègnent de ce splendide, et essaient à leur niveau de répliquer en miniature les procédures tant vantées par les orateurs emportés par la gloire de leurs récits.
L’épandage se fait comme avec une poudre magique qu’on projetterait sur leurs yeux ébahis, instantanément il voient comme sur un écran de télévision le courageux F16 fondre sur son ennemi qui rampe comme une larve.

Mais tout n’est pas si simple dans les sphères politiques, de nombreux détracteurs essaient d’enrayer l’action pourtant clairement bénéfique du roi, sans doute mus par une médiocre jalousie.

En effet le conseil des nations unies pour la gloire du roi se divise entre l’élimination de l’ennemi par le feu ou l’élimination par contrition, dans un combat opposant les intellectuels disjonctés et les chauvinistes caractériels.
Sans doute cette opposition est-elle fementée afin de faire naître l’idée, à laquelle le roi pense depuis fort longtemps, que ce conseil ne lui sert à rien ?

Mais cela leurs acteurs ne le savent pas car ils sont embrigadés dans une façon de fonctionner purement politicienne, par laquelle le simple sens des mots est sujet à des compromissions grotesques, en devant obligatoirement se référer à ce qui est légalement défini dans les textes officiels, qui ont été récemment retranscrit sur du papier avec une fidélité qui n’a jamais vraiment convaincu les vieux détenteurs de cet ancestral savoir oral.

Ils sont comme des aliénés qui doivent construire une maison avec des allumettes et ne s’interrogent pas même sur la réelle fonction des allumettes.

La tension nerveuse dans laquelle ils s’enferment ne laisse plus même de temps à une quelconque réflexion. Et bientôt le dénouement aura lieu alors ils s’inquiètent de leurs rôles dans ce dénouement.

Pour eux les murs se resserrent et l’horizon ne devient plus qu’un point, la seule issue possible est celle qui se présente sous les yeux, on a plus le temps de rigoler, il faut agir.

Ainsi fut votée la loi qui donne tout pouvoir au roi de décider de tout, et cela pour le bien de tous.

Pendant ce temps le peuple trépigne d’impatience et son sang chaud n’a plus envie que d’abonder dans le sens du roi, le seul qui leur promet la catharsis vitale, le défoulement soulageant, l’assouvissement de la victoire écrasante du plus fort ;
et ce ne sera que justice car la justice c’est que c’est le plus fort qui gagne.

Dans une escalade où rien n’est jamais satisfaisant, l’action est de plus en plus brutale et le stress engendré, lui aussi, de plus en plus grand. L’impatience gronde et on se demande ce que le roi et sa horde de politiciens fiévreux attendent pour en finir une bonne foi pour toutes, et que la paix l’emporte !

Mais l’orateur explique aux gens qu’on ne peut se comporter comme le vil criminel sans risquer de provoquer d’affreux doutes, que c’est pour ça que la politique existe, trouver d’autres méthodes !

Quand celui qui domine ne veut pas perdre la face aux yeux de ses spectateurs asservis, il donne le meilleur de lui-même pour redoubler de perversion et de sagacité criminelle.

Le mensonge est une arme, qui permet d’installer à sa place le condamné sans avoir à fournir le moindre effort, et à l’exécuter avec une froideur symbolique de la puissance et de la supériorité qui veut être déclarée à la foule en délire.

Les chevaliers du roi qui l’ont fait venir avec diligence lui ont spécifié combien il était inutile de se munir de son épée, ni d’un quelconque bâton.

Malgré cela l’indigène le voit bien venir mais n’ose dire vraiment que la place dans laquelle on l’invite à se positionner se nomme en vérité un pilori d’exécution, car ce serait une insulte qui stimulerait un énervement déchaîné, car il serait plus malin de fuir immédiatement, mais dans ce cas quelles seraient les conséquences pour son peuple ?

Alors face au mensonge il ne peut rien faire d’autre que mentir à son tour en déclarant y trouver un inconvénient invisible, que briser serait comme un sacrilège impudique à ses yeux.
Mais devant l’insistance de son ennemi il s’interroge ouvertement, pour le public qui regarde, il demande :
 mais pourquoi cette insistance ? Les raisons que j’invoque ne sont-elles pas légitimes ?

Le tortionnaire-maître du jeu répond sarcastiquement, de toute sa désinvolture décontractée, de tout son désintérêt extraverti, qu’à l’inverse, quelle raison y a-t-il de refuser cette invitation ? Est-ce que cela fait le poids ? Qu’est-ce que c’est que cette tendance maladive à toujours créer la méfiance, et douter de la parole des autres ? Est-ce digne d’un Homme ?
Il s’adresse à la foule qui s’interroge à moitié, et lui demande :
 N’est-ce pas fidèlement de la mauvaise foi ?.
Et le peuple répond, le plus logiquement du monde :
 Oui notre maître, clairement, cette proie est d’une visqueuse malhonnêteté.

Puis la foule trouve alors le prétexte que le maître ne semblait pas du tout attendre, mais auquel il se plie pour faire plaisir à ses fidèles téléspectateurs, qui réclament par courriers, par mails, par votes, par cris : "A mort ! A mort ! A mort !".

Alors bon finalement ce sont les gardes qui poussent la proie au pilori, là où elle refusait d’aller, au départ pour une toute autre raison, mais cette fois-ci, pour s’y faire caillasser, car voyez-vous les raison ont changé maintenant, et c’est bien de sa faute !

Et dans la foule excitée l’humble farceur voit même d’anciens amis parmi eux sauter sur place tout en essayant de ne pas être vus, scander le nouveau slogan à la mode : "A mort ! A mort ! A mort".

Les pierres sont armées, les flèches sur leurs arcs, même les enfants ont préparé leur lance-pierre, avant même d’arriver sur la scène du show, alors que c’était juste par curiosité qu’ils avaient allumé la télé, quand même, ils avaient des lances-pierre sur eux.

Et le grand maître lève les bras pour prendre modestement la parole une seconde, ce grand-maître qui a tout gagné grâce à son intelligence, fait la morale à la foule afin d’enfoncer le clou :

 Vous voyez ce qu’il advient de ceux qui refusent mon hégémonie ? Vous voyez comme ces infidèles ne voulaient pas écouter quand on leur disait de se désarmer ? vous voyez quelles viles intentions ils avaient en vérité ? Oui je sais que vous le voyez, car vous êtes intelligents ! Vous le voyez bien à présent !
Et là le grand-mâitre prend une petite caillasse qu’il se prépare à balancer de son bras engourdi par la graisse, et rajoute enfin :
 Et maintenant, voyons ce que l’infidèle répondra à ça ! A mort ! A mort ! A mort !

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