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Lettre à des libanais

Publie le mercredi 9 août 2006 par Open-Publishing
1 commentaire

de Al Faraby

Ne vous faites aucune illusion et ne comptez que sur vous mêmes. Votre expérience historique devrait vous le recommander. Jalonnée de grandes et de petites batailles, elle doit vous aider à ouvrir grand les yeux et mettre à jour le fil rouge de votre histoire moderne et ensanglantée, qui vous aidera à toujours mieux comprendre ce qui vous arrive.

Depuis ce 12 juillet 2006, très nombreux sont les chroniqueurs aventureux, les spécialistes du sérail, les historiens serviles, les politiciens de pacotille, les philosophes de carpette, les chefs d’États dits "démocratiques" dont les cinq du Conseil dit de "sécurité", les rois et les princes du pétrole, ceux qui se prosternent devant Allah et la monnaie verte, tous ceux-là et bien d’autres encore vous promettent une résolution en réponse à la nouvelle guerre qui vous accable.

D’abord, dites leur que cette guerre n’est pas nouvelle, que c’est toujours la même, l’originelle, qui continue depuis tout le début du commencement, depuis que votre pays existe. Ne craignez pas de contester la caractère dit "nouveau" de cette guerre.

Ce qui se passe depuis le 12 juillet 2006 est en réalité une bataille nouvelle d’une guerre qui dure et qui continue depuis qu’ils ont décidé le partage de la région.

"Ils", ce sont les commanditaires de ce partage historique.

Ceux-là, vous ne les verrez pas, vous ne les connaîtrez jamais... Vous aurez seulement affaire à leurs représentants politiques, diplomatiques, culturels, associatifs... du sommet de l’ONU jusqu’aux sièges des plus modestes assemblées en tout genre.

Ceux-là, vous ne les verrez même plus dans les Conseils d’administration des multinationales qui partagent le monde. Ceux-là, ils sont tellement à l’ombre, qu’ils sont devenus l’ombre d’eux mêmes.

Mais ne nous égarons pas dans ces cimes infectes à côté desquels, même les égouts les plus nauséabonds dégagent un parfum des plus agréables.

Ceux-là, "ils" ont décidé de repartager le monde et donc la région.

L’ancien partage n’est plus au goût du jour. Les accords de Sykes-Picot* sont révolus. Le rapport des forces a évolué et le partage doit être revu. C’est ce qui se passe en Irak. C’est ce qui se passe en Palestine. C’est ce qui se passe chez vous.

C’est ce qui se passera à côté de chez vous et plus loin.

C’est cette guerre-là qui continue et qui dure. Ce que vous vivez depuis le 12 juillet 2006 n’en est qu’une toute petite bataille.

Tout le reste n’est que leurre... sauf votre résistance. Elle est si vivante, si surprenante, si héroïque, qu’"ils" vous promettent une résolution.

Depuis le tout début de cette guerre, malgré toutes les injustices, malgré toutes les répressions, malgré toutes les souffrances, malgré toutes les batailles, de toutes vos forces vives, celles qui par son travail créent toutes les richesses, avec le soutien des peuples de la région et du monde, votre résistance a été et reste exemplaire ... alors de grâce, continuez !

Note :

( * ) La première division du monde arabe était intervenue avec les accords de Sykes-Picot (1916) qui avaient consacré un premier découpage frontalier d’une grande partie du Moyen-Orient par des puissances française et britannique soucieuses de diviser pour mieux régner.

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3303

Messages

  • Bonjour,
    J’aime votre façon de dire les choses...revoir le charcutage de l’orient, la énième révision de la copie depuis la première guerre mondiale...et c’est toute la région qui est touchée...
    Hélas, la majeure partie des citoyens occidentaux ignore cette histoire contemporaine des peuples d’orient. Ca n’est peut-être pas leur faute, mais cette ignorance laisse la porte ouverte dans leur esprit à toute forme de propagande journalistique, et "explications et justifications foireuses".
    Dans l’ignorance, beaucoup écoutent celui qui crie le plus fort et avec le plus de moyens...
    Mais on dit aussi dans l’hymne national libanais quelque-chose comme "se battre avec des armes et des crayons".
    Bien à vous
    Valérie P