Accueil > Liban : "Une guerre d’un mois a ruiné la récolte d’une année"

Liban : "Une guerre d’un mois a ruiné la récolte d’une année"

Publie le lundi 21 août 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

de aloufok

1 - Ehud Olmert demande à l’Italie de diriger la Finul

Ehud Olmert, a demandé à l’Italie de diriger la force de maintien de la paix des Nations unies au Liban, annonce un communiqué de son cabinet.

La requête a été formulée lors d’une conversation téléphonique entre Olmert et le président du Conseil italien Romano Prodi.

La France, pressentie pour diriger la force élargie de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, a déçu Washington et les Nations unies en n’envoyant pour l’instant que 200 hommes supplémentaires au Liban.

"Il est important que l’Italie dirige la force internationale et envoie des troupes pour surveiller aussi les points de passage à la frontière libano-syrienne", dit le communiqué.

2 - Siniora : "Crime contre l’humanité"

En tournée dimanche dans la banlieue sud de Beyrouth, le Premier ministre libanais Fouad Siniora a qualifié de "crime contre l’humanité" les bombardements israéliens.

Au lendemain d’un raid israélien sur la plaine de la Bekaa, on ne faisait état d’aucun incident dimanche sur le terrain, au septième jour de trêve. Mais dans les montagnes à l’est de Beyrouth, les habitants signalaient cependant des survols incessants de l’aviation israélienne, l’armée libanaise accusant Israel de ne pas respecter la trêve avec ces violations de l’espace aérien.

Après le raid, que l’autorité d’occupation dit avoir été destiné à empêcher les livraisons d’armes à la résistance par la Syrie, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan s’était entretenu avec Israéliens et Libanais, avant de juger lui aussi que l’incursion était une violation de la cessation des hostilités et de mettre en garde Israël : "toute violation de ce genre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité met en danger le calme fragile qui a été atteint après de longues négociations".

Quant à l’avertissement d’Elias Murr, qui affirme que l’armée "réglerait de façon décisive" toute violation de la trêve par des groupes armés, il pourrait être aussi adressé, outre la résistance, aux résistants palestiniens, tentés peut-être de relancer le conflit en attaquant Israël. Le ministre libanais de la Défense a noté que "dans la mesure où la résistance s’est engagée à ne pas tirer de roquettes, tout tir depuis le territoire libanais serait considéré comme de la collaboration avec Israël destinée à lui fournir un prétexte pour riposter".

Dimanche, Fouad Siniora, escorté par une armada de journalistes, de micros et de caméras, est allé inspecter les dégâts dans la banlieue sud de Beyrouth, particulièrement bombardée par les forces d’occupation. Un spectacle de dévastation qui pour lui prouve "la haine d’Israël à détruire le Liban et son unité". "J’espère que les médias internationaux transmettront ces images à toutes les personnes dans le monde entier, pour montrer cet acte criminel, ce crime contre l’humanité", a lancé le Premier ministre sunnite. Il était accompagné de Nabih Berri, président du Parlement.

A Jérusalem, Ehoud Olmert a annoncé la prochaine constitution d’une commission d’enquête sur la conduite de la guerre par les responsables politiques et militaires. Elle ne devrait pas disposer de pouvoirs étendus, à la différence de celle qui en 1982 s’était penchée sur la première guerre du Liban, l’opération "Paix en Galilée", et avait contraint Ariel Sharon, ministre de la Défense, à la démission.

Au plan international, alors que la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) renforcée peine toujours à se constituer, le chef de la diplomatie française Philippe Douste-Blazy a demandé la tenue d’une réunion à Bruxelles la semaine prochaine pour "savoir ce que les différents partenaires européens comptent faire le plus rapidement possible".

Et, venant encore un peu plus compliquer la tâche de l’ONU, le cabinet de sécurité de l’autorité d’occupation a refusé dimanche que des pays n’entretenant pas de relations diplomatiques avec Israel participent à la FINUL renforcée.

Et ce alors que l’Indonésie, la Malaisie et le Bangladesh, pays musulmans entrant dans cette catégorie, sont parmi les seuls à s’être déjà fermement engagés à fournir un nombre important de soldats.

Dans le même temps, au Caire, les chefs de la diplomatie des pays de la Ligue arabe étaient réunis en urgence, pour discuter de la création d’un fonds d’aide à la reconstruction du Liban.

3 - La guerre contre le Liban prive les paysans de récoltes

Leurs villages ont été bombardés et leurs proches tués. Les paysans du Sud-Liban relèvent aussi que la guerre a dévasté les récoltes, leur seul moyen de survie.

"Une guerre d’un mois a ruiné la récolte d’une année", constate Sameh Chalhoub, cultivateur de tabac dans les environs du village de Cana, où 27 civils ont péri dans les bombardements des forces d’occupation.

Environ 14.000 familles, soit quelque 100.000 personnes, vivent de la culture du tabac dans le Sud-Liban, selon les estimations d’un spécialiste auprès des autorités.

La plantation du tabac se déroule de février à mars, et la récolte s’étale de juin à août. Près de la moitié du temps consacré à la cueillette a donc été amputé cette année.

"La feuille doit posséder certaines propriétés physiques et chimiques quand vous la cueillez, sinon elle est gâchée", précise le spécialiste.

Dans le village de Srifa, des feuilles de tabac récoltées sont empilées à terre, recouvertes de décombres et de la poussière provoqués par l’explosion des bombes.

Un bâtiment dont la façade a été soufflée laisse voir l’intérieur d’un grenier, où quantité de feuilles, qui avaient été accrochées pour sécher, sont désormais perdues. Pendant plusieurs semaines, des villageois, forcés de quitter le secteur, n’ont pas pu s’occuper de leurs champs.

Bien que l’agression ait pris fin depuis le 14 août, les paysans se gardent toujours de s’aventurer sur les parois des collines avoisinantes, en raison du danger représenté par les bombes qui n’auraient pas encore explosé.

"Nous avons peur de sortir dans les champs. Voilà la guerre que nous menons désormais, la guerre contre ces corps étranges", raconte Mahmoud Chalhoub, paysan de Cana, faisant référence aux bombes qui n’ont pas explosé.

Environ 10% des munitions n’ont pas explosé, selon l’Onu, ce qui laisserait penser qu’entre 8.000 et 9.000 bombes menacent les habitants du Sud-Liban.

Si les feuilles de tabac constituent leur principale ressource, les paysans de la région cultivent également figuiers et oliviers. Les collines autour de Cana sont recouvertes d’oliviers, des arbres d’autant plus précieux qu’ils mettent une dizaine d’années à donner leurs premiers fruits.

"Chaque bombe a détruit trente arbres", assure Chalhoub, en montrant des parois de colline roussies par la guerre.

4 - "Ce conflit a établi une nouvelle réalité... "

L’Arabie saoudite, l’Egypte et la Jordanie, craignant de voir la région s’enfoncer dans le chaos, devaient dès dimanche, lors de la réunion des chefs de la diplomatie de la Ligue arabe au Caire, donner l’impulsion à une nouvelle initiative de paix, en prélude au sommet arabe prévu d’ici la fin août, tout en organisant l’aide à la reconstruction du Liban.

Déjà, Israël fait part de son scepticisme. Vendredi, son ambassadeur auprès de l’ONU Dan Gillerman doutait qu’une initiative de paix arabe soit "juste" et prenne en compte ses exigences sécuritaires. Selon lui, la "feuille de route" lancée en 2003 reste la "seule option viable". Mais pour les Arabes, ce plan du Quartet (Etats-Unis, Russie, Nations unies, Union européenne), qui prévoyait pour 2005 l’établissement de deux Etats côte-à-côte, est mort.

Avant même l’entrée en vigueur du cessez-le-feu libanais, les trois pays dont les régimes sont les plus proches de Washington, ainsi qu’Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, notaient que l’aggravation de la situation à Gaza et la guerre contre le Liban étaient nées de l’absence de perspectives de paix globales. Le moment est venu selon eux, à l’heure où l’invulnérablité d’Israël en a pris un coup, de relancer les négociations, sur les fronts palestinien, syrien et libanais.

Cette nouvelle initiative devrait être présentée au Conseil de sécurité le mois prochain, les Arabes poussant pour une réunion spéciale à la mi-septembre.

"Les grandes crises créent parfois une fenêtre d’opportunité pour trouver une solution globale à un problème compliqué", note Hesham Yousseef, bras droit d’Amr Moussa. Il rappelle comment la première guerre du Golfe en 1991 ouvrit la voie à la conférence de Madrid, ou comment celle du Kippour, en 1973, déboucha en 1979 à Camp David, sur le premier accord de paix entre Israël et un pays arabe, l’Egypte.

Les Arabes sont en phase avec l’Europe sur la nécessité de relancer le processus de paix. Le responsable de la politique étrangère de l’UE, Javier Solana, l’a expliqué à ses interlocuteurs israéliens et libanais : selon un responsable européen, il juge que "nous avons besoin d’un important effort, sous peine de voir d’autres incendies se déclencher à l’avenir".

Les détails de la nouvelle initiative arabe ne sont pas encore connus, mais elle devrait s’inspirer à la fois de la "feuille de route", et du plan Abdallah de 2001, qui prônait la paix entre Israël et ses voisins arabes contre le retrait des terres occupées, dont le Golan et la Cisjordanie.

Ce conflit a "établi une nouvelle réalité (...) C’est une réplique, mais sans doute plus puissante et douloureuse que le séisme lui-même", notait dans les colonnes du quotidien "Asharq Al Awsat" Abdul-Rahman al-Rashid, proche de la famille royale saoudienne.

5 - Gaza : plus d’un millier de manifestants pour réclamer emplois et salaires

Plus d’un millier de Palestiniens ont manifesté dimanche devant le parlement à Gaza pour réclamer des emplois, le versement des arriérés de salaire et des indemnités de chômage.

Les manifestants réclamaient également la gratuité de l’électricité, de l’eau et des assurances santé, et l’annulation des frais de scolarité, alors que la rentrée scolaire est prévue le 2 septembre.

Venus à l’appel du Syndicat indépendant des travailleurs palestiniens, ils ont enflammé des pneus devant le parlement et certains ont jeté des pierres aux policiers qui s’étaient déployés pour leur barrer l’entrée du bâtiment.

La police a riposté en tirant des coups de feu en l’air.

"Nous voulons la justice, nous voulons l’égalité, nous voulons du pain. Nous partageons le prix du sang, nous voulons partager la nourriture", proclamaient les banderoles.

La plupart sont au chômage depuis le début de l’Intifada, en septembre 2000. Israël a fermé ses frontières aux travailleurs palestiniens pour raisons de sécurité.

Les manifestants ont interpellé le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh : "Où es-tu Haniyeh ? Nous allons rester ici !", lui ont-ils lancé. "Le gouvernement nous a promis des changements et des réformes (...) Seules les personnes ont changé, mais il n’y a pas eu de changement ni de réforme", a affirmé le syndicat dans un communiqué.

L’Autorité palestinienne traverse une crise financière aiguë en raison de la suspension des aides financières internationales au gouvernement palestinien.

Les quelque 160.000 fonctionnaires de l’Autorité n’ont reçu que partiellement leurs salaires depuis mars et les indemnités d’aide aux chômeurs n’ont pas été versées. Le chômage frappe plus de la moitié des habitants de Gaza.

6 - L’armée libanaise déterminée à faire respecter le cessez-le-feu

Les forces libanaises ne tolèreront aucune entorse au cessez-le-feu exigé par l’Onu, qui a mis fin lundi à 33 jours d’agression contre le Liban a averti le ministre libanais de la Défense, Elias Murr.

"L’armée sera très dure en la matière", a-t-il déclaré dimanche lors d’une conférence de presse. "Toute roquette tirée du Liban bénéficiera à Israël", a poursuivi le ministre, suggérant que l’armée d’occupation pourrait saisir une telle occasion pour mener de nouvelles incursions au Liban.

Il s’est par ailleurs dit convaincu que la résistance respecterait le cessez-le-feu. L’armée gouvernementale contrôle désormais l’ensemble de la frontière libano-syrienne et s’opposera à toute livraison d’armes, a-t-il ajouté.

Un commando aéroporté de l’armée d’occupation s’est attaqué samedi à la ville de Baalbeck dans l’est du Liban. L’armée d’occupation a justifié ce raid en expliquant qu’elle visait à empêcher la livraison d’armes à la résistance.

7 - L’armée d’occupation tue un Palestinien en Cisjordanie

L’armée d’occupation a tué un Palestinien et en a blessé trois autres dimanche en Cisjordanie, selon des responsables palestiniens et militaires.

Des responsables de la sécurité ont déclaré que les soldats avaient ouvert le feu sur un véhicule transportant les quatre hommes qui tentait de contourner le barrage de Haouara, près de Naplouse. Deux des Palestiniens ont été blessés légèrement et les deux autres grièvement ; l’un a succombé a ses blessures, selon l’armée.

8 - La Ligue arabe réclame la levée du blocus israélien

Les ministres des Affaires étrangères de pays arabes réunis au Caire ont exhorté les Nations unies à faire pression sur Israël pour qu’il lève le blocus qu’il impose au Liban et ils ont réclamé une trêve "ferme et durable".

Les ministres, réunis au siège de la Ligue arabe, ont aussi salué la décision du Liban de déployer son armée le long de sa frontière avec Israël.

Les ministres "invitent le Conseil de sécurité à faire pression sur Israël pour qu’il lève immédiatement le siège aérien, terrestre et maritime qu’il a imposé au Liban", dit une résolution des ministres.

Néanmoins, aucun accord ne s’est encore dégagé sur la tenue d’un sommet arabe extraordinaire que l’Arabie saoudite avait proposé de réunir à La Mecque, mais les consultations se poursuivent, ont dit des responsables.

Une précédente tentative de réunion d’un sommet s’est heurtée à des dissensions arabes sur la question de savoir si la résistance porte une responsabilité dans le déclenchement de la guerre, qui a éclaté lorsqu’elle a capturé deux soldats des forces d’occupation, le 12 juillet.

Dix-sept des 22 membres de la Ligue arabe avaient envoyé dans la capitale égyptienne leur ministre des Affaires étrangères, le premier à se tenir depuis l’entrée en vigueur, le 14 août, d’un cessez-le-feu après un mois d’agression.

Le chef de la diplomatie syrienne, Farouk el Chara, était absent. Le président syrien, Bachar el Assad, a irrité nombre de ses homologues arabes par un discours qu’ils ont interprété comme critique envers leur attitude durant l’agression israélienne.

Le gouvernement libanais a estimé à 3,6 milliards de dollars la réparation des dégâts infligés par la guerre aux infrastructures civiles.

Le ministre des Affaires étrangères du Koweït, le cheikh Mohammad al-Salem al-Sabah, a déclaré que son gouvernement consacrerait 800 millions de dollars à la reconstruction au Liban.

A Téhéran, un responsable du ministère des Affaires étrangères a dit que l’Iran travaillait aussi à un plan d’aide.

Les ministres arabes ont aussi discuté de leur plan de saisine du Conseil de sécurité des Nations unies à propos du conflit israélo-arabe.

Ils ont l’intention d’envoyer en septembre une mission à New York pour proposer un règlement global de paix au Proche-Orient, basé sur leur initiative de paix de 2002, rejetée par Israël, offrant la paix en échange d’un retour d’Israël à ses frontières de 1967.

Le chef de la délégation palestinienne, Farouk Kaddoumi, a aussi relancé une idée portant sur le déploiement d’une force d’interposition de l’Onu entre Israël et un Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

"Cette force resterait pendant un an pour participer à la fin de cette période à la tenue d’élections générales démocratiques et à la formation d’un gouvernement national", a expliqué Kaddoumi

(Dimanche 20 août 2006 - Avec les agences de presse)

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3328

Messages