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Manifestation nationale pour les "sans-papiers" à Paris

Publie le dimanche 27 août 2006 par Open-Publishing

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Paris à l’appel de partis de gauche et d’associations pour demander une régularisation générale des étrangers sans papiers et protester contre la politique du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy.

Dix ans après l’évacuation par la force de l’église Saint-Bernard, alors occupée par des sans-papiers, les manifestants - 2.200 selon la préfecture, le double selon les organisateurs - se sont retrouvés au même endroit avant de gagner sans incidents la place de la République.

Des élus communistes, les trotskistes Olivier Besancenot (LCR) et Arlette Laguiller (Lutte ouvrière), des représentants des syndicats Sud et CGT, des organisations antiracistes et d’aide aux immigrés se mêlaient aux étrangers dans le cortège.

Le PS, qui tenait son université d’été à La Rochelle n’était représenté que par des élus locaux de la banlieue parisienne.

Après l’évacuation de Saint-Bernard, sous le gouvernement de gauche entre 1997 et 2002, environ 80.000 sans-papiers avaient été régularisés.

Le dossier est revenu dans l’actualité après la décision controversée du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy de limiter à 6.000 personnes les régularisations des sans papiers parents d’enfants scolarisés, sur un total de 20.000 à 30.000 personnes.

Le dossier suscite des incidents. Plusieurs organisations, dont le syndicat lycéen Fidl, ont annoncé qu’elles tenteraient de s’opposer lundi prochain à l’aéroport de Roissy à l’expulsion vers son pays du Nigérian Jeff Babatunde, 19 ans, décidée par Sarkozy en dépit du soutien de plusieurs personnalités.

LES SQUATTEURS DE CACHAN EN FORCE

L’évacuation le 17 août par la force du plus grand squat de France, habité par des Africains à Cachan (Val-de-Marne), a soulevé aussi l’indignation de la gauche.

Une grande partie des 200 personnes ayant refusé les solutions d’hébergement en hôtels proposées par les autorités, et qui campent sont toujours dans un gymnase de Cachan, étaient présents à la manifestation.

Plusieurs sont en grève de la faim. L’affaire ne concerne cependant que peu le dossier des sans-papiers, car la grande majorité des ex-squatteurs est en situation régulière.

De nombreux étrangers ayant des papiers et des emplois déclarés vivent en région parisienne dans des squats ou des logements insalubres et dangereux, en raison de l’insuffisance des logements sociaux et de la flambée des prix de l’immobilier.

Une marche silencieuse réunissant 280 personnes, selon la police, s’est aussi déroulée samedi à Paris pour commémorer l’incendie d’un immeuble du XIIIe qui avait fait 17 morts, dont 14 enfants dans la nuit du 25 au 26 août 2005.

Les associations estiment que le risque est grand que se reproduisent de nouveaux drames.

Entre 200.000 et 500.000 étrangers vivraient en France sans titre de séjour, suivant les estimations.

La majorité d’entre eux travaille. Outre les problèmes humains qu’elle pose, la procédure d’expulsion est tortueuse et les pays d’origine peuvent refuser la réadmission. L’Intérieur n’est parvenu qu’au chiffre de 20.000 expulsions en 2005.

Dans la perspective de la présidentielle de 2007, le PC et l’extrême-gauche plaident pour une régularisation massive, l’extrême-droite l’expulsion de tous les étrangers illégaux.

L’UMP défend la notion d’immigration "choisie", c’est-à-dire l’admission d’un nombre limité d’étrangers et l’expulsion des clandestins. Le PS a officiellement pour doctrine "l’immigration partagée" qui signifie que le problème doit être négocié avec les pays d’origine.

http://www.boursier.com/vals/all/ma...