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Introduction au débat “ projet-propositions”

Publie le samedi 2 septembre 2006 par Open-Publishing
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Introduction au débat “ projet-propositions”
pour la réunion nationale des collectifs du 10 septembre 2006

CE QUE NOUS VOULONS

Introduction

version 03 - 31 août 2006

(Les points de débat ou nécessitant précision sont entre crochets)

Introduction

Un autre monde est possible, il est nécessaire, il est le seul réaliste. Une société où le chômage est tenu pour inévitable, où les inégalités s’accroissent, où les discriminations sont le lot commun, où les individus sont les jouets de décisions qui leur échappent : une telle société est injuste, explosive, elle n’est pas réaliste. La concentration des pouvoirs et de la richesse entre les mains de quelques uns, au détriment du bien-être et de la citoyenneté du plus grand nombre, ne fournit pas des bases acceptables pour vivre ensemble.

Depuis plus de vingt ans, tout est fait pour nous convaincre que nous sommes contraints d’accepter les normes de la marchandise et de la spéculation, les diktats des multinationales et de la finance. Certains veulent pousser le plus loin possible le recul des conquêtes sociales, des libertés individuelles, des services publics : c’est le projet du patronat et de la droite.

D’autres entendent concilier la toute-puissance du capital financier et un socle restreint de droits et de garanties sociales : c’est le programme de la gauche sociale-libérale. Dans les deux cas, la main reste aux marchés financiers ; les profits flambent et le peuple trinque ; les inégalités galopent et la démocratie s’essouffle.

Tout cela, nous l’avons expérimenté, dans l’alternance au pouvoir de la droite et d’une partie de la gauche qui a renoncé à changer véritablement les choses. Nous voilà donc devant un choix : ou bien on poursuit dans la même veine, ou bien on change de cap. Nous proposons de rompre avec cette logique d’alternance, de passer à une franche alternative. C’est cela que nous proposons de construire ensemble et de réaliser ensemble, à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas au pire, qui ne s’accoutument pas au spectacle d’une gauche de renoncement.

Pour rompre avec des logiques qui ont fait la preuve de leur nocivité ou de leur inutilité, il faut à la fois une visée ambitieuse, des mesures concrètes, la capacité et la volonté politique de les mettre en oeuvre. Nous nous présentons pour être majoritaires à gauche et dans le pays.

Il y a de la cohérence - dangereuse - dans les choix qui sont au cœur du capitalisme contemporain. Le néo-libéralisme a des objectifs (la conversion de toute chose en marchandise et l’accumulation des profits financiers) et des méthodes (le recul de la démocratie et de l’État, la mise en concurrence des peuples et des individus, la casse des droits du travail) qui forment un tout.

Nous leur opposons une autre cohérence, plus juste et plus efficace. Nos objectifs sont le pouvoir des peuples de décider de leur destin et la possibilité pour chacun-e de vivre dignement et décemment grâce à un développement des activités humaines n’opposant plus les réalités sociales, économiques, écologiques. Nos principes sont ceux de l’égalité, de la solidarité et de la liberté, qui font du libre développement de chacun-e la condition du libre développement de tous. Nos méthodes sont le respect des biens communs, la garantie des droits individuels et collectifs, économiques, sociaux, politiques ou culturels et l’appropriation sociale de leurs instruments nécessaires. Ce sont la souveraineté populaire et la citoyenneté élargie, que ce soit dans la cité ou dans l’entreprise ; la mobilisation et la lutte aussi car nous savons que les privilégiés du système actuel ne voudront pas perdre leurs privilèges. C’est l’égalité entre les femmes et les hommes et le refus de toute discrimination. En bref, notre méthode est une démocratie réelle, sociale et participative, où chacun-e participe à part égale au pouvoir, quelle que soit son origine ou son statut.

Que peut-on, que doit-on vouloir dès aujourd’hui ?

Changer l’ordre des priorités : ne pas subordonner la vie de tous et l’avenir de la planète à l’accumulation des profits par quelques uns. Cela suppose en premier lieu un emploi et sa stabilité, des revenus suffisants, un socle de droits individuels et collectifs dont l’effectivité est garantie par la puissance publique.

Redonner ses moyens à la volonté collective et impulser un nouveau type de développement, en mettant fin à la spirale des privatisations, en étendant les services publics et en les modernisant c’est-à-dire en le démocratisant, en confortant l’économie sociale et solidaire, en donnant de nouveaux droits au salariés dans les entreprises. L’objectif de la vie économique ne doit pas être la croissance pour elle-même, mais l’utilité sociale des activités et des productions.

Changer la donne économique et sociale, en répartissant autrement les richesses disponibles (en premier lieu, redonner au travail la part que le capital lui a ravie depuis vingt ans) et en orientant les ressources autrement, vers les dépenses utiles et non vers les marchés financiers.

Changer la donne politique, en ouvrant la voie à une VIème République sociale, démocratique et participative, en cassant la logique de confiscation des pouvoirs, en étendant la logique démocratique au monde de l’entreprise.

Changer la donne en Europe où notre politique aura un écho immédiat. Nous ne laisserons pas les règles libérales européennes étouffer notre entreprise de transformation. Nous mènerons bataille, en prenant appui sur les autres peuples, pour une transformation profonde de la construction européenne.

Changer la donne internationale aussi. Nous voulons que la France joue un tout autre rôle en Europe et dans le monde, en refusant la logique de guerre économique et de guerre tout court du monde actuel, en agissant non comme une puissance impériale mais comme un ferment de paix, de justice, de solidarité et de démocratie.

Contrairement aux libéraux, nous ne croyons pas que la satisfaction des besoins et la création d’emplois stables soient des coûts ou des contraintes qui s’opposent à l’efficacité économique. Tout au contraire, la justice est la condition de l’efficacité dans un nouveau mode de développement, attentif avant tout aux hommes et à leur environnement. L’effectivité des droits pour toutes et tous, l’extension des services publics, les dépenses de santé, éducatives ou culturelles sont des investissements majeurs qu’il ne saurait être question de restreindre.

Dans la bataille contre les projets de Constitution européenne, des collectifs unitaires et populaires se sont constitués dans toute la France. Dans la foulée de leur victoire du 29 mai 2005, ils ont élaboré une Charte pour une alternative au libéralisme. Cette Charte n’est pas un projet bouclé, mais elle énonce des axes de transformation forts et réalistes. À partir des options de la Charte, nous mettons en débat public des propositions, dont nous pensons qu’elles constituent la trame d’une politique authentiquement de gauche, fidèle à ses idéaux et aux grands acquis sociaux et démocratiques du passé.

Ces propositions, nous les soumettons au débat public, pour les enrichir et pour qu’elles prennent force collective. Car nous le savons bien : aucun programme si parfait soit-il sur le papier, aucune politique ne peut s’imposer et changer l’ordre des choses s’ils ne sont pas les fruits d’un vaste mouvement populaire et citoyen, où chacun-e discute, décide et contrôle. Sans peuple acteur, et en permanence, sans lutte collective, sans mobilisation sociale et politique vigilante, aucune transformation sérieuse n’est envisageable. Nous ne disons pas : “ Faites-nous confiance ”, mais “ Luttons, contestons et bâtissons ensemble, à tout moment et partout ”.

Si nous portons ensemble l’exigence de ce que nous voulons, une nouvelle donne est possible pour la France, le mouvement populaire est au premier rang et la gauche retrouve le sens de son combat.

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