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Dialogue de femmes engagées : Marie-George Buffet soutient Bellaciao... Merci Marie-George

Publie le vendredi 29 septembre 2006 par Open-Publishing
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Gisèle Halimi - Marie-George Buffet : dialogue de femmes engagées

Quand une avocate de renom et une femme politique importante se livrent à micro ouvert.

Stand de la fédération de Paris du PCF. Propos recueillis par Jacqueline Sellem

Rencontre entre Gisèle Halimi, avocate, militante féministe, présidente de Choisir la cause des femmes, et Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF.

Offrir des moments forts de vérité et d’échange, voilà l’un des miracles de la Fête de l’Humanité. Ce vendredi soir, au stand de la fédération de Paris, on n’entendait plus les bruits de la fête, on ne percevait plus l’agitation des allées. Gisèle Halimi et Marie-George Buffet conversaient à micro ouvert. La responsable du PCF confiait combien, dans un univers politique construit au masculin, les pressions pour faire entrer dans le moule sont fortes, et combien lui est précieux le regard attentif et critique de la militante féministe. Et la militante féministe se réjouissait d’avoir toujours trouvé la responsable communiste à ses côtés. Extraits.

L’Europe des femmes

Tirer vers le haut les droits des femmes dans toute l’Europe, c’est l’objectif visé par « la clause de l’Européenne la plus favorisée » imaginée et élaborée par Gisèle Halimi et son association, Choisir la cause des femmes. Marie-George Buffet défend cette proposition, « qui permet de porter partout dans l’Union européenne les exigences des femmes et qui sera un point d’appui pour développer les luttes ». « Car, dit-elle, j’ai toujours en mémoire ce qui est arrivé à cette jeune Polonaise devenue aveugle parce qu’on lui avait refusé une IVG. Et j’ai aussi en tête la situation des femmes victimes, en France, de violences domestiques, de discriminations, de sexisme. »

Une femme à l’Élysée

Certaines se disent aujourd’hui que si une femme était élue présidente de la République, cela changerait enfin les choses de façon significative. « C’est lorsque la voix des femmes en général sera portée en politique que nous avancerons », met en garde Marie-George Buffet, en appelant à faire en sorte que « le féminisme et les droits des femmes soient présents dans les campagnes présidentielle et législatives à venir ». Et Gisèle Halimi renchérit : « Le féminisme n’a jamais consisté à substituer une femme à un homme uniquement à cause de sa biologie. Bien sûr, s’il y avait une femme à l’Élysée, ce serait une avancée considérable mais pas n’importe quelle femme, pas avec n’importe quel programme, et encore moins sans programme. Choisir la cause des femmes ne soutiendra pas une candidature uniquement parce qu’elle est féminine, ce serait une énorme régression. »

La lutte et la loi

Gisèle Halimi : « Quand j’étais députée, j’avais déposé une loi qui est passée aux oubliettes sur le congé parental alterné et rémunéré. La mesure existe dans certains pays comme la Suède. Et j’avais proposé un financement, qui n’est d’ailleurs pas énorme. Aujourd’hui, en France, le congé parental n’est pas obligatoirement alterné et rémunéré. Alors qui s’arrête de travailler ? Celle dont le salaire manque le moins, parce qu’il est le plus faible. Choisir la cause des femmes ira donc voir tous les candidats et les candidates à la présidentielle pour exiger la réalisation de cette mesure. Parce qu’elle est juste, qu’elle permet aux femmes d’avoir des enfants, de les élever, de ne pas être coupées de la réalité politique et économique du pays. Parce qu’elle permet un changement des mentalités. Marie-George, si tu es candidate, diras-tu oui à cette proposition ? »

Marie-George Buffet : « Oui, parce que je me sens complètement concernée en tant que femme, et à travers toutes les femmes que je rencontre. Cela nous ramène à la question de la loi. La maîtrise de notre corps par la contraception et l’IVG, la parité, même si elle est incomplète, tout ce que nous avons gagné l’a été par la mobilisation des femmes et des hommes. Mais nous avons aussi obtenu que ces luttes soient actées par la loi. Il me semble extrêmement important de lier l’appel aux luttes et l’engagement politique, et de ne pas se contenter de dire sans arrêt aux gens de lutter. Les politiques ont leur propre responsabilité. Les propositions de loi que tu as faites en tant que députée témoignent que tu partages cette idée. Aujourd’hui, les féministes construisent une grande loi d’orientation sur les violences faites aux femmes. C’est une question sur laquelle la France est en retard par rapport à d’autres pays et sur laquelle l’ensemble des candidats devraient s’engager. »

Féminisme et politique

Marie-George Buffet : « Il y a eu, dans l’histoire du PCF, cette période formidable pendant laquelle il présentait des candidates alors que les femmes n’étaient ni éligibles ni électrices. Mais des choix stratégiques privilégiant le changement d’en haut et la volonté de faire le bonheur du peuple sans lui nous ont petit à petit écartés du combat pour les droits des femmes. » Aujourd’hui, le PCF a retrouvé le chemin du féminisme et place ce combat au coeur de la lutte d’émancipation humaine, souligne la secrétaire nationale du PCF, tout en poussant encore la réflexion : le combat féministe n’appelle-t-il pas à changer la politique elle-même ? Selon elle, il faut « inventer une conception de la politique construite à partir de la prise de parole des citoyens et des citoyennes et permettant aux hommes et aux femmes d’être partie prenante de l’élaboration des choix, mais aussi de la prise de décision ».

Gisèle Halimi : « Le mouvement féministe n’a pas toujours eu, quant à la politique, une position claire. Je me souviens qu’après le procès de Bobigny - je fais une parenthèse : il y a trente ans, personne n’a eu l’idée que ce procès était un acte fort, éblouissant, de désobéissance civique. Il rejoint ceux que l’on connaît aujourd’hui et qu’il faut appuyer, en particulier pour les enfants d’immigrés qui n’ont pas de papiers -, nous avions décidé avec "Choisir" d’aller voir les partis politiques. Mais Simone de Beauvoir a refusé de nous accompagner. Beaucoup de féministes pensaient alors que le pouvoir politique s’exerce sur une classe, sur un sexe et qu’elles n’avaient rien à gagner à ramasser les miettes de ce festin patriarcal. Mais c’était un très mauvais calcul et nous avons ainsi retardé l’entrée en politique active des femmes. Le mouvement féministe doit absolument continuer à avoir son indépendance par rapport aux partis, mais en même temps les appeler au relais. Et dire, selon des critères féministes, quel est le bon choix. »

http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-09-23/2006-09-23-837247

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